Chapitre 55 : Le sortilège

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Vendredi 25 octobre 1996 - 21:30 PM

Manoir des Malefoy, Drago

Le soir venu, je vais enfin quitter cette souffrance qui pèse sur moi. Avoir vu Camie, une dernière fois me conforte dans l'idée de l'oublier. Je ne supporte plus de la sentir loin de moi et je sais que je la fais souffrir autant que je souffre. Je m'apprête à descendre en direction du bureau où ma tante patiente, quand un bruit retient mon attention. Je me retourne vers la fenêtre par laquelle je distingue deux formes assises sur un balai.

- Que faites-vous ici, tous les deux ? dis-je après les avoir fait entrer.

Le garçon à la peau mate s'avance vers moi.

- Tu ne peux pas faire ça Drago ! Tu ne peux pas l'oublier !

- Bien sûr que si ! Nous nous porterons bien mieux, elle et moi, dès que tout ça sera finit...

La jeune fille qui restait en repli jusque-là s'avança au milieu de la pièce. En l'observant, j'y aperçois sa sœur au même âge et je ne peux m'empêcher de détourner le regard avant qu'elle ne commence à me parler.

- Je sais que tu aimes ma sœur... il faut que tu nous aides... Elle ne va vraiment pas bien !

Je regarde la sorcière, perturbée par les mots qui venaient de sortir de sa bouche.

- Je suis désolé, mais c'est trop tard... C'est fait...

Les yeux de Clémence se remplissairent de chagrins. Des larmes de tristesse et de désespoir s'écoulent du long de ses joues. Elle tire sur la manche de son accompagnant pour le ramener vers l'extérieur.

- Ce n'est pas vrai Drago, tu n'as pas fait ça ! dit-il, le visage crispé par la déception. Je te savais stupide à certains moments, mais à ce point ! Elle l'a quitté pour toi, t'en rends-tu compte au moins !

- Elle n'aurait pas dû... Tu devrais cesser de te préoccuper de cette fille, elle n'en vaut pas la peine. Je dois y aller, ma famille m'attend.

Je fais demi-tour et pars en direction de la porte de ma chambre. La main sur la poignée, mon corp s'arrête un instant.

- Je ne l'abandonnerai pas ! Que tu sois là ou pas ! Elle reste mon amie !

Sans plus attendre, la poignée sous ma main s'abaisse et je m'enfonce dans les longs couloirs du manoir.

Blaise prit Clémence dans les bras pendant un court moment.

- Ce n'est pas possible, dit moi que se sortilège n'est pas irréversible.

- Je ne sais pas... Il faut énormément de pouvoir pour annuler un tel maléfice...

Il se détacha d'elle et l'aida à monter sur le rebord de la fenêtre. Le voyage de retour fut silencieux, chacun d'eux ne sachant pas comment rassurer l'autre, le vent sifflant dans leurs oreilles et des gouttes d'eaux ruisselant sur leurs visages.

Arrivé devant la fenêtre de la chambre de la Gryffondor, Blaise l'aida à descendre et de sa main libre, il essuya une larme s'apprêtant à couler sur la joue de la jeune fille. La pluie fait rage à l'extérieur et il n'est pas prudent de rester sur un balai plus longtemps.

- Je te laisse avant de me prendre la foudre, dit-il avec un sourire réconfortant. On trouvera une solution, ne t'inquiète pas...

- Oui... répondit-elle.

Après avoir refermé la fenêtre derrière lui, Blaise s'envola en direction de son dortoir. Il s'éloigna du château afin de ne pas être repéré par Rusard qui effectue ses rondes aux deuxièmes étages. Tandis qu'il s'approchait lentement du sol, prêt à se poser, son regard fut attiré par une silhouette mystérieuse se dirigeant vers la salle de défense contre les forces du mal. La figure avançait d'un pas furtif, une lanterne vacillante à la main, et une capuche dissimulant ses traits. L'élève ouvrit discrètement la porte et se glissa à l'intérieur, sans se soucier davantage de cette présence énigmatique.

Blaise finit par atteindre la fenêtre de son dortoir, qu'il avait laissée entrouverte pour éviter les tunnels sinueux et labyrinthiques de l'école. La chambre était plongée dans un silence pesant. Le lit de Camie restait figé, immobile, et ses affaires avaient disparu, comme si elle n'avait jamais existé. Une angoisse sourde monta en lui tandis qu'il pénétrait précipitamment dans la pièce.

Il se dirigea immédiatement vers les deux armoires qu'occupait la jeune fille. En ouvrant les portes, il découvrit qu'elles étaient désespérément vides. Son cœur se serra. Sur le lit, un parchemin, délicatement écrit à la plume, reposait comme un ultime adieu.

«Blaise,

J'ai besoin d'être seule.

Un jour peut-être tu comprendras ...

Camie»

Pris de panique, le jeune homme fut assailli par les pires pensées. Il dévala les escaliers, son cœur battant la chamade, pour vérifier si elle se trouvait dans la grande salle. Son regard scruta chaque recoin, mais en vain. L'angoisse monta en lui tandis qu'il se précipitait vers la chambre de ses deux amis. Sans prendre le temps de frapper, il entra brusquement, faisant sursauter les deux garçons assis au milieu de la pièce.

Surpris, ils cachèrent aussitôt ce qui ressemblait étrangement à un jeu moldu, leurs gestes maladroits trahissant leur embarras, comme deux enfants pris en flagrant délit. Leur réaction furtive le fit sourire un instant, dissipant temporairement son inquiétude. Mais la gravité de la situation reprit rapidement le dessus, effaçant son amusement passager.

- Avez-vous vu Camie, ce soir ?

- Euh non... Tout va bien, tu sembles pâle ? dit Goyles.

- Oui, oui..., dit-il en secouant la tête. Vous savez, vous n'avez pas besoin de vous cacher avec moi... Vous faites ce que vous voulez...

- On ne voit vraiment pas de quoi tu parles, Blaise... répondis Crabes sèchement.

Après avoir refermé la porte, je peux entendre leurs chuchotements.

- Tu crois qu'on aurait dû lui dire qu'elle profit de son renvoi pour dormir dans sa chambre ... ?

- Non, on a bien fait. On lui a promis...

En écoutant discrètement à travers la porte, je fus soulagée d'apprendre que la jeune fille était toujours à Serpentard. À cette heure-ci, elle devait même dormir à poings fermés. En regagnant ma chambre, je ne pouvais m'empêcher de me demander ce qui nous avait conduits jusqu'à ce point de non-retour. L'année dernière, nous étions si proches.

Chaque pas résonnait dans le couloir désert, amplifiant le poids de mes pensées. Les souvenirs de notre complicité passées à tous envahissaient mon esprit, rendant l'éloignement actuel d'autant plus douloureux. Une mélancolie douce-amère m'enveloppa alors que je me demandais comment nous avions pu en arriver là, de ce lien si fort à cette distance glaciale. Qu'est-ce qui avait bien pu tout changer ?

Pour toujours et à jamais ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant