Chapitre 30 : Jeu de carte

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Dimanche 25 septembre 1996

Camie

Ça va faire maintenant plusieurs semaines que Cédric et moi sortons ensemble. Après avoir passé l'après-midi en compagnie du Poufsouffle, je me suis empressé d'aller nourrir les Abraxansavant que la nuit soit tombée, demandant expressément au garçon de m'attendre devant la grande salle.

En prenant soin d'eux, je me suis réfugié dans un rituel qui m'allait au demeurant. Leur pelage luisant dans la faible lumière diffusait par les derniers rayons de soleil, me rappelle une couverture de velours noir qui se trouve sur le lit de ma grand-mère. Chacun de leur pas n'est que silence absolu, comme si l'ensemble de leur sabot se trouvait enveloppé d'un épais morceau de tissus. Je me suis habitué également à toucher la viande froide dégoulinante de sang qui leur sert de repas quotidien. Cette pause dans ma routine m'apporte bien plus que je ne le pensais. Avant de repartir en direction du château, chaque soir, j'attends avec impatience qu'il déploie leurs ailes, noires et lisses, pour s'élever au-dessus des arbres, tels, des oiseaux géants et mystérieux.

En remontant le petit chemin de terre, je m'évade un instant dans mon imagination, rêvant de m'enfuir sur leur dos pour vivre une vie d'aventure. Après avoir rejoint Cédric, il me raccompagne comme à son habitude dans ma salle commune sur les coups de sept heures. Honnêtement, plus je m'attache à lui et plus le fossé avec Drago se creuse inévitablement. Il faut dire que cela fait déjà un moment que nous ne nous adressons plus aucun mot avec le Serpentard.

Je n'arrive toujours pas à comprendre comment nous en sommes arrivés jusque-là. Mais, à vrai dire, plus le temps passe et plus je commence à m'y faire. Bien sûr, ma douleur quant à elle reste toujours la même, même si parfois je réussis à la contrôler en sa présence. Quand j'y repense, notre dispute était en vérité inévitable...

Nous passons la porte dissimulée dans le mur de pierre, avant de nous retrouver dans ma salle commune. Cédric m'a rarement raccompagné jusqu'à l'intérieur. Le blond est assis à son endroit habituel, au fond de la longue pièce, accompagné de sa petite amie. Tous deux, tenant compagnie à Blaise, qui se retrouve sur le fauteuil d'en face, le journal du jour entre les mains.

Pour un dimanche soir, la salle n'est pas particulièrement pleine. Quelques Serpentards sont assis à discuter aux quatre coins de la pièce. Certain, près du feu, d'autre contre la bibliothèque, ou encore sur les coussins près de l'entrée. Fidèle à lui-même, mon ami nous regarde avancer en souriant, et c'est bien le seul. Même si Cédric n'est plus regardé avec dégout à présent, il n'en est pas moins mieux accueilli. Je dirais qu'il est devenu invisible. Transparent aux yeux des autres élèves, qui se contentent de l'ignorer.

- Salut ! dit-il en s'avançant vers nous.

Mes yeux remercièrent mon ami à ma place.

- Je voulais te parler justement, Cédric ! Nous nous excusons pour la dernière fois, nous n'aurions jamais dû venir de cette façon...

Parle pour toi, marmonna le blond au fond du canapé la tête ancrée dans le cou de sa petite amie.

Je pris une grande inspiration pour ne pas tenir compte de sa présence. Sans relevé, Blaise tendit la main en signe d'apaisement vers mon petit ami, qu'il saisit sans hésitation.

- Aucun problème, n'en parlons plus ! C'est déjà oublié...

Le rire suraigu de Chang me transperça l'oreille de part et d'autre. Blaise esquissa une mine exaspérée, et ne lui accorda aucun regard. Mon air faussement décontracté apparait évidemment aux yeux de mon ami qui s'empressa sans vraiment y réfléchir, de nous inviter à nous asseoir avec lui.

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