•Chapitre XXXIV•

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Arrivé au terrain de Quidditch, Drago se sentit aussitôt envahi par une nervosité contenue, typique des moments où il était sur le point de confronter Harry Potter. L'étendue verte et parfaitement entretenue du terrain s'étendait devant lui, semblable à une mer tranquille. À l'autre bout de cette vaste étendue, deux silhouettes se découpaient dans la lumière du soleil déclinant. D'abord indistinctes, ces formes humaines se précisaient à mesure que Drago avançait d'un pas rapide, son cœur battant plus fort à chaque foulée.

Il plissa les yeux, tentant de discerner plus clairement les traits de ces figures lointaines. Bientôt, la démarche familière et la silhouette élancée de Harry Potter se révélèrent à lui, indubitablement reconnaissables. Les lunettes rondes caractéristiques de Potter glissaient encore et toujours sur son nez, un détail qui, en cet instant, agaça profondément Drago. Une irritation soudaine et violente monta en lui. Chaque fibre de son être le poussait à se diriger droit vers Potter, à saisir ces lunettes d'une main ferme et à les enfoncer brutalement dans sa figure, pour qu'elles cessent enfin de glisser de manière aussi désinvolte. Tout en s'approchant, Drago tenta de maîtriser ses pensées tumultueuses, de ne pas laisser paraître son état d'esprit.

En face du brun se tenait Argus Rusard, le concierge de Poudlard, voûté sous le poids de son éternelle amertume. Il portait dans chaque main deux seaux débordant d'outils de ménage, leur contenu cliquetant sinistrement à chaque mouvement. Sa silhouette courbée et son air renfrogné formaient un contraste frappant avec l'étendue verdoyante du terrain de Quidditch, ajoutant une note de malaise à la scène.

Quand Drago arriva à leur hauteur, Rusard ne prononça pas un mot. Son visage ridé, marqué par des années de mécontentement et de surveillance incessante des couloirs de l'école, était une véritable carte de ses ressentiments. Sans la moindre courtoisie, il jeta presque les seaux aux pieds des deux élèves, le métal résonnant durement contre le sol. Puis, tendant une main osseuse et tremblante devant eux, il les fixa de ses yeux perçants.

— Baguettes, grommela-t-il d'une voix rauque, ses dents jaunies et parfois absentes ajoutant une touche de répugnance supplémentaire à son apparence.

Drago sentit une vague de dégoût le traverser en voyant le rictus du vieil homme, ses dents mal entretenues lui donnaient des envies de vomir.

Sans protester, Harry sortit sa baguette et la déposa dans la paume fripée du concierge. Drago, malgré son dégoût manifeste, fit de même, les deux garçons obéissant à contrecœur. Une fois les baguettes en sa possession, Rusard les regarda avec une lueur de satisfaction dans les yeux, puis se retourna brusquement et s'éloigna, ses pas lourds résonnant sur le sol.

Harry et Drago restèrent là, perplexes et silencieux, regardant la silhouette voûtée du concierge s'évanouir au loin. Le terrain de Quidditch semblait soudain plus vaste et plus silencieux, l'absence de leurs baguettes créant une sensation de vulnérabilité inattendue.

— Il est pas censé nous surveiller ? fit remarquer Harry, les sourcils froncés.

Drago haussa les épaules, jetant un regard méfiant autour de lui.

— On dirait bien que non, répondit-il d'un ton acerbe. Ou peut-être qu'il nous fait simplement confiance pour ne pas nous entretuer sans nos baguettes.

Il y avait une ironie amère dans la voix de Drago, une tension palpable qui flottait entre eux. Harry, se passant une main dans les cheveux, ne pouvait s'empêcher de se demander ce que Rusard avait en tête. Le vieux concierge était connu pour sa vigilance obsessionnelle. L'idée qu'il les laisse seuls, même un instant, semblait totalement hors de caractère.

— Peut-être qu'il nous observe de loin, suggéra Harry, tentant de percer le mystère.

— Peu importe, répondit Drago en croisant les bras. On a du travail à faire. Autant s'y mettre tout de suite.

Un Retour InattenduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant