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Je me réveille doucement, les paupières lourdes, aveuglé par la lumière venant de l'extérieur. Je tourne la tête et attrape mon téléphone. Il est 16 heures, déjà.
La douleur dans ma tête a disparu, étonnamment mais c'est tant mieux. Et mes cachets doivent y être pour quelque chose, car je me sens plus léger. Je me redresse lentement sur le canapé, prenant quelques instants pour retrouver mes esprits. L'idée de confronter mes peurs et de découvrir la vérité sur Micha refait surface. Je sais que je ne peux pas passer cinq mois enfermé dans cette maison. Que j'y reste cinq mois ou non, d'ailleurs. Si je rentre, le monde de Séoul sera là. Surtout que mon métier m'oblige à rencontrer des gens, y compris des inconnus. Et des filles, notamment. Je ne vais pas pouvoir rester dans cette angoisse et cette peur constante toute ma vie. Que je le veuille ou non. Si je ne les affrontent pas, je ne pourrais pas retrouver ma vie d'avant, et cette vie me manque. Cette équilibre que j'avais trouver. Aidez les autres par la musique. Et les gars. Je ne peux pas les lâcher comme ça. Et si je ne commence pas maintenant, je ne commencerai jamais.

Je me lève du canapé et m'étire, mes muscles encore endoloris par la tension de la journée. Il faut que je vérifie si ce qu'elle dit est vrai. Peut-être que sortir me fera du bien. D'un geste décidé, je monte à l'étage pour me changer. J'échange mon jogging contre un short et en profite pour prendre mes comprimés. J'enfile ensuite mon casque avant de redescendre et d'enfiler mes chaussures de sport. Mais je reste planté là, devant la porte, hésitant toujours.

Mon cœur bat plus vite. Je sens une boule d'angoisse se former dans ma poitrine. Mes mains tremblent légèrement. Je lutte contre cette peur irrationnelle qui m'agrippe. Il faut que je me fasse violence, que je sorte de cette maison. Après quelques instants de lutte intérieure, je prends une grande inspiration et ouvre la porte.
L'air chaud de Jeju me frappe immédiatement.
Je lance ma playlist sport et "Saint" de DPR Ian commence à résonner dans mes oreilles. La musique m'encourage, me donne la force dont j'ai besoin. Et je l'aime beaucoup, cette musique.
Je commence à courir, mes pieds frappant le sol avec régularité. Je me dirige vers les montagnes, là où Micha a dit qu'elle habitait.

Ça fait un moment que je n'avais pas fait de footing. C'est assez compliqué à Séoul avec le monde et le risque fort d'être reconnu. Pourtant, dès que je commence à courir, mon corps retrouve son rythme et son aisance pour l'exercice. J'aime bien courir, même si je crache toujours mes poumons à la fin. Ça me permet de me vider la tête et de me maintenir en forme. Et, étonnamment, ça fait effet. L'angoisse est toujours là, mais je suis content d'être sorti courir.

Je ne peux pas entendre le monde extérieur à cause de la musique, mais mes yeux capturent chaque détail. Les paysages de Jeju défilent devant moi : les montagnes majestueuses se dressant fièrement à l'horizon, les forêts denses et verdoyantes qui semblent s'étendre à l'infini. La chaleur du soleil enveloppe ma peau, et je sens les odeurs de la nature, le mélange subtil de terre, de fleurs et de mer. Le calme de l'île contraste avec le tumulte de mes pensées. Je me perds dans la beauté de Jeju, tentant de calmer mes angoisses. Les arbres qui bordent le chemin offrent une ombre bienvenue.  Les fleurs sauvages parsèment le bord de la route, ajoutant des touches de couleur à la verdure environnante.

Alors que je cours, mes pensées dérivent encore vers cette Micha. Et c'est toujours pour me poser les mêmes questions. Pourquoi n'a-t-elle pas réagi quand je lui ai parlé ? Je m'attendais à un sursaut, un regard de confusion, une réponse orale, quelque chose.
Ces questions continuent de me hanter. Peut-être que je trouverai des réponses en allant la voir. Peut-être que cela dissipera mes doutes.

Je continue de courir, ma respiration se calant sur le rythme de la musique. La montée vers les montagnes devient plus raide, mais je persévère, déterminé à arriver jusqu'à chez elle. Je dois voir.
La nature autour de moi est à la fois apaisante et stimulante, chaque détail m'encourageant à continuer. Les rayons du soleil filtrent à travers les arbres, créant des motifs de lumière et d'ombre sur le chemin. Je sens la sueur couler sur mon front, mais je continue, motivé par l'idée de surmonter cette peur. Je me rappelle que ce genre de situation fait partie de ma vie, de mon métier. Je ne peux pas laisser une rencontre effrayante définir ma façon de vivre.

Serendipity . P.JM.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant