꩜
Je marche le long de la digue, le sac à la main, et je me sens incroyablement léger.
L'échange avec le petit papi m'a fait un bien fou. C'était un moment simple, sans prétention, comme j'aime en avoir de temps en temps, et qui se font rare depuis des années. Je repense à la façon dont il m'a parlé avec chaleur et sans jugement. Ça me réchauffe encore le cœur. Je jette un coup d'œil à Yuki, qui trottine à mes côtés, la langue pendante, tout excité d'être dehors avec moi.Il fait bon, le soleil tape déjà fort malgré l'heure matinale. Je lève les yeux et vois quelques touristes déjà installés sur la plage. Certains se prélassent sous leurs parasols colorés, d'autres se baignent dans l'eau claire. Ça sent bon l'été, la liberté, la simplicité. Mon regard est attiré par un petit garçon qui vient de chausser des palmes bien trop grandes pour lui. Il trottine maladroitement vers l'eau, masqué et armé d'un tuba, prêt à découvrir des trésors sous-marins. Je souris en le voyant partir à l'aventure. C'est innocent, c'est joyeux, c'est contagieux. Ça fait plaisir à voir.
Je continue de marcher, encore porté par cette légèreté, et là, je l'aperçois : une boulangerie.
Parfait. Il me manquait justement un gâteau pour le repas d'anniversaire.
Je traverse la route avec Yuki et pousse la porte. Une douce odeur de viennoiseries et de pain chaud m'accueille. Ça me fait immédiatement saliver.- Bonjour. Dis-je en entrant, saluant la boulangère avec un sourire.
- Bonjour ! Me répond-elle avec un air enjoué, tout en servant un client devant moi.
Je laisse mon regard vagabonder sur la vitrine. Il y a tellement de choix. Des gâteaux au chocolat, aux fruits, aux myrtilles, aux framboises... mais mon attention se fixe sur un gâteau simple, beau, garni de fraises fraîches et de chocolat blanc. Il a l'air délicieux. C'est celui-là. Simple mais efficace, exactement ce qu'il me faut.
Le client devant moi termine, et c'est à mon tour.- Bonjour, je peux vous prendre ce gâteau, là, aux fraises et chocolat blanc ? Je demande en désignant le gâteau du doigt.
- Bien sûr ! Répond-elle avec un sourire chaleureux.
Elle s'approche de la vitrine, se penche et sort délicatement le gâteau. Je la regarde l'emballer soigneusement, impatient. Des clients entrent dans la boutique, et je leur adresse un léger sourire en guise de salut. Mais quelque chose dans leur regard me perturbe. Ils me fixent un peu trop longuement, et leur expression semble... étrange. Mon cœur rate un battement.
Pourquoi me regardent-ils comme ça ?Soudain, l'anxiété m'envahit. Ma bulle de tranquillité se brise en mille morceaux. Mon esprit s'emballe.
Est-ce qu'ils m'ont reconnu ? Pourquoi me fixent-ils comme ça ?
Je tente de garder mon calme, mais je sens la panique monter en moi, me tirant de ce petit nuage sur lequel je flottais il y a encore quelques minutes.- Ça fera 13 euros, s'il vous plaît. Dit soudainement la boulangère, me ramenant brutalement à la réalité.
Je sursaute légèrement, puis acquiesce rapidement.
- Ah, oui, par carte s'il vous plaît. Je réponds, les mains un peu tremblantes.
Elle tape le montant sur la machine et me tend le terminal de paiement. Je tends ma carte pour payer en sans contact, espérant que tout ça va vite se terminer.
Alors que je termine le paiement, elle me regarde avec une certaine curiosité.- On ne s'est pas déjà vu quelque part ? Demande-t-elle en fronçant les sourcils, visiblement incertaine.
Mon cœur rate un autre battement. C'est la panique totale.
Elle m'a reconnu. C'est sûr.
Dans mon euphorie après la boutique d'antiquités, j'ai complètement oublié de remettre mon masque. Comment ai-je pu être aussi imprudent ?
Je baisse la tête, la casquette bien enfoncée pour dissimuler mon visage.- Non, je ne pense pas. Je réponds rapidement, ma voix presque tremblante.
Elle semble hésiter un instant avant de s'excuser.
- Oh... désolée alors.
Je hoche la tête, enfilant mon masque d'une main tremblante. Je sens les regards des autres clients peser sur moi, et mon anxiété explose. Je me sens observé, jugé. Mon cœur bat à tout rompre, et mes pensées se bousculent dans ma tête.
Est-ce qu'ils savent ? Est-ce qu'ils parlent de moi maintenant ? Est-ce qu'ils ont déjà sorti leur téléphone ?- Bonne journée. Je dis précipitamment en attrapant la boîte du gâteau.
- Bonne journée.
Répond la boulangère avec un sourire aimable, mais je suis déjà à moitié sorti, poussant presque la porte dans ma précipitation.
Je marche vite, presque en courant vers le pick-up. Yuki trottine à mes côtés, aboyant légèrement, sentant probablement ma nervosité. Chaque personne que je croise semble me fixer, du moins c'est ce que je ressens. Leur regard brûle sur ma peau. Mon cœur bat à tout rompre, mes mains tremblent de plus en plus. Je baisse machinalement la tête essayant de me faire le plus petit possible.
Pourquoi est-ce que je me sens toujours comme ça ? Pourquoi est-ce que tout le monde me regarde ?J'arrive enfin au pick-up. Mes mains sont tellement tremblantes que j'ai du mal à sortir les clés.
Calme-toi, Jimin. Calme-toi.
Je me répète en boucle, mais ça ne fonctionne pas.
Finalement, je réussis à ouvrir la porte. Je fais monter Yuki rapidement, puis je m'installe derrière le volant. Je dépose le gâteau et le sac à côté de moi. J'essaie de reprendre mon souffle, mais je n'y arrive pas. Mes mains tremblent encore, ma poitrine est serrée.Je démarre, sans réfléchir, quittant la ville le plus vite possible. Je conduis, le cœur battant, mon esprit complètement embrouillé. J'ai du mal à respirer avec le masque, mais aussi en raison de la panique. La route défile sous mes yeux, mais je ne vois rien. Je ne peux pas rester ici. Il faut que je parte.
Au bout de quelques minutes, je m'arrête enfin sur le côté de la route, à l'écart de tout. Je coupe le moteur, pose mes mains sur le volant et laisse ma tête tomber en avant. J'ai besoin de reprendre mon souffle. C'est dangereux de conduire dans cet état. Il faut que je me calme.
J'arrache mon masque, cherchant désespérément l'air. Yuki grimpe sur l'espace du milieu, se collant contre moi, son corps chaud et rassurant. Il ne me quitte pas des yeux.Mes yeux s'emplissent de larmes de détresse et mes poumons manquent d'air. J'ai l'impression que je vais mourir.
Je plonge ma main dans ma poche pour sortir les cachets, mais je m'arrête. Micha m'a dit de ne pas me précipiter. Je m'accroche à cette pensée, tentant de calmer ma respiration. Les vagues roulent doucement contre le rivage, le bruit apaisant contraste avec le chaos dans ma tête.Yuki pousse son museau contre ma main, et je finis par la caresser, doucement. Le temps passe. Lentement, l'angoisse recule.
Ça va. Réfléchis et rationnellement. Ils devaient juste te regarder parce que tu portais un sweat à capuche par ce temps. Rien de plus.Je repose les cachets dans ma poche, prenant une longue inspiration.
Tout va bien. Micha aura son cadeau, et je vais m'en sortir.
Je plonge à nouveau ma main dans le pelage de Yuki et respire.
Je l'ai fait. C'est le plus important.
VOUS LISEZ
Serendipity . P.JM.
Fanfiction꩜ Victime d'une agression dans son appartement à Séoul, le monde de la star internationale Park Jimin s'arrête brutalement. Traumatisé et bouleversé, il est incapable de participer à la tournée prévue avec son groupe. Pour se protéger et se re...