Serendipity . P.JM.

XI

꩜

     Nous sommes de retour dans l'atelier en milieu d'après-midi, deux jours après l'appel avec les gars. Il m'a fallu ce temps pour bien mettre à plat mes idées et clarifier ce que je veux pour mon album. Mais maintenant, tout est enfin clair dans ma tête. J'ai hâte de partager mes idées avec Evan et de les concrétiser. Et sortir ce putain d'album.
Bien sûr, je suis pressé, car je suis fier de ce que j'ai accompli. Mais je sais aussi qu'il faut être patient. Créer un album n'est pas une mince affaire et cela prend du temps. Et pour une fois, j'en ai, du temps. Ce qui me permet de me donner à fond, et j'espère vraiment créer quelque chose de parfait. Je ne dois pas me précipiter.

    Près de moi, Micha est concentrée sur sa peinture. Elle a décidé de rapprocher son chevalet et son tabouret de mon bureau, ce qui m'a surpris au début, mais ne me déplaît pas du tout. En fait, je l'ai même encouragée, car moi aussi je ressens ce besoin de proximité. Et c'est étrange, car être dans la même pièce ne semble parfois pas suffire.

  Son tabouret n'est qu'à quelques centimètres de ma chaise. Nous continuons de créer en nous soutenant mutuellement par de petits gestes affectifs. Nos regards se croisent souvent, et chaque fois, un sourire complice s'échange entre nous. Micha me demande régulièrement mon avis sur sa peinture, et parfois, elle passe la tête par-dessus mon épaule pour voir ce que j'écris. Quand je suis perdu dans mes pensées ou bloqué sur une idée, elle pose une main réconfortante sur mon épaule et m'encourage. Et je fais de même pour elle, lui offrant des mots de soutien ou une simple présence silencieuse mais réconfortante.
Je repense à ces moments avec tendresse. C'est comme si nous avions créé notre propre bulle de créativité et de soutien mutuel. Chaque geste, chaque regard, chaque mot échangé renforce ce lien spécial que nous avons.

Après la discussion avec les gars, je ne lui en ai pas vraiment parlé. Pas que je ne veuille pas, mais j'en suis gêné.
Je veux dire, pas de lui demander si je peux parler d'elle à Taehyung, qui est complètement fan et qui risque de peter un câble. Si ce n'est débarqué ici dans la seconde. Ou dire, encore une fois, que je suis un enfant pourri gâté par l'univers qui obtient toujours le meilleur.
Quand j'y pense, il s'est vraiment trompé sur ça.

   Mais d'un autre côté, c'est sûrement vrai.
L'incident à mon appartement est... tragique. J'en ressens un goût amer dans ma gorge rien que d'y penser. Mais si ça n'était pas arrivé, qui sait? Je n'aurais peut-être jamais trouvé une idée pour mon album. Du moins pas si vite. Je serais resté à Séoul et parti en tournée. Je n'aurais jamais fait ce travail sur moi même. Je n'aurais jamais rencontré Micha et elle ne m'aurait jamais permit d'ouvrir les yeux et de me rendre compte qu'il faut accepter la douleur, les malheurs et les tourner à notre avantage.
En tout cas, ce qui est sûr, c'est que mon idée d'album aurait été totalement différente.
Et la simple pensée que je n'aurais certainement jamais rencontré Micha m'angoisse. Et ce n'est pas simplement car elle m'a aidé. Nous savons tous que c'est bien plus précieux que ça.
Merde, Taehyung avait peut-être raison finalement. Un mal pour un bien. Un malheur pour un bonheur.
Le con.

  Je pose mon regard sur Micha, absorbée par son travail. Elle est si belle quand elle peint, perdue dans son monde de couleurs et de formes.
Concentre toi Jimi.
J'attrape mon téléphone et compose le numéro d'Evan, mon producteur, compositeur et ami de longue date. Je mets le haut-parleur et, après quelques secondes, Evan décroche.

- Salut Jimin. Fait sa voix heureuse.

- Salut Evan. Je souris. Comment ça va? Je te dérange pas?

- Boh, tu sais, on fait aller. Et toi alors? Namjoon m'a dit que tu te sentais mieux. Et tu sais bien que tu ne me déranges jamais. Il rit.

- Il n'a pas menti, je vais vraiment mieux. Et c'est pour ça que je t'appelle. Je me redresse dans ma chaise. Tu a vu l'e-mail que je t'ai envoyé hier?