Livre 1 - SAKH-ALBUR (6)

16 3 0
                                    

Oleïa sentit qu'elle rêvait. Ou étaient-ce des souvenirs ?...

Dans un état de demi-conscience, elle sentit qu'elle avait la tête posée sur son bureau. Ce cours était ennuyeux à mourir, comme tous les cours d'Histoire Universelle de Derka Ahougby. La salle était presque vide, et la voix de crécelle du professeur résonnait sur les murs roses. Elle releva la tête. Comme toujours, « la Ahougby » portait un ensemble vert émeraude et son éternel chapeau orange qui jurait avec le blanc verdâtre de sa peau. Ses dents pointues démesurées faisaient siffler ses S, et rendaient son discours d'autant plus insupportable à écouter.

« Donc, pour l'examen de la sssemaine prochaine, penssssez bien à réviser vos cours sssssur la Grande Guerre, ainssssi que la chute de la civilisation des Anges et... »

Une flammèche apparut sur le chapeau du professeur, qui ne se rendit compte de rien. Une hilarité générale éclata dans la salle.

« Qu'est cccce qui vous fait rire ?! Le genou de ma grand-mère peut être ?? » C'était blague fétiche, le trait d'esprit qu'elle croyait être drôle depuis des années.

Les murs de la salle disparurent dans un tourbillon, emportant la vielle Ahougby, son chapeau enflammé, le genou de sa grand-mère et les autres élèves pour laisser place à un champ doré. Une dizaine de moutons broutaient sous le soleil de plomb et une vague odeur de pollen flottait dans l'air.

« Je t'avais dit qu'il viendrait pas, tu devrais arrêter de penser à lui, tu vas le regretter. »

Une jeune Eriomik maquillée de violet se tenait devant Oleïa, ses cheveux dorés flottant dans le vent.

« - Hey ! Tu m'écoutes ?

- Euh... Oui, oui...

- Franchement, avec tous ceux qui te courent après, il a fallu que tu choisisses le seul que tu n'intéresses pas !»

A nouveau, un tourbillon entraina la blonde et le champ, et Oleïa se retrouva dans une salle aux murs de pierres décorés de teintures rouge et or représentant des dragons de toutes sortes. Elle était assise à un petit bureau face à une immense cheminée.

« J'espère que tu comprends maintenant pourquoi tu dois partir, il en va de notre vie à tous, de l'existence de l'Empire lui-même. Tes pouvoirs d'Erioms te protégeront sur Terra ».

La voix venait de sa gauche. Dans un grand fauteuil de velours rouge était assise une Eriomik d'une grande beauté. Sa peau nacrée était striée de lignes rouges très similaires à celles qui zébraient la peau de Oleïa et ses grands yeux dorés étaient pleins de larmes.

« Oui mère, je comprends ».

Une nouvelle fois tout disparut dans une spirale de couleurs, et elle se retrouva dans la rue d'une ville qu'elle ne reconnaissait pas.

« Pourquoi êtes-vous après moi ?? » cria-t-elle, désespérée.

Le sourire de l'Eriomik aux cheveux blancs s'élargit. Il sortit une large lame d'entre ses épaules, attrapa la jeune Eriom par le col et approcha son visage à quelques millimètres du sien.

« Tu ne le sais donc pas ? Dit-il d'une voix rocailleuse. C'est pourtant très simple. Tu es la dernière, la seule qui pourrait un jour faire échouer mes plans. Tu dois mourir. Tout comme ta maudite mère. L'Empire doit disparaître. »

Il leva la main dans laquelle il tenait son arme, et ajouta dans un souffle « Adieu, Dalkane ».

Un grizzly énorme se rua sur l'étranger, lui donna un puissant coup de griffe qui fit exploser la peau de son visage de bas en haut, avant de se tourner vers Oleïa. « Fuyez, Dalkane, je couvre votre retraite. » Le grizzly n'avait prononcé aucun mot, mais le message était limpide. La bête se retourna à nouveau vers l'étranger aux cheveux blancs, qui venait de se transformer en un énorme loup blanc dont la joue gauche était barrée d'une trainée de sang. Les deux animaux se jetèrent l'un sur l'autre, et la jeune femme prit ses jambes à son cou.

L'Héritage des Gardiens T1 - Les Planètes JumellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant