Toujours le même cauchemar. Oleïa se réveilla en sursaut. Encore une fois elle avait été sauvée in extremis par un énorme grizzly, qui ne lui était d'ailleurs plus inconnu à présent.
Héli.
Il ne pouvait pas y avoir deux monstres de cette taille, et les récents évènements lui confirmaient qu'il serait capable de s'attaquer sans hésiter à quelqu'un pour la protéger.
Peut-être était-ce un souvenir plutôt qu'un rêve ?...
L'aube commençait à éclaircir le ciel à l'Est. Fahnish dormait toujours, Héli était adossé au rocher, déjà debout, terminant son tour de garde, et Sankh n'était pas visible. « Probablement en train de faire sa balade matinale et la cueillette » pensa-t-elle.
- Bonjour, Héli ! Dit-elle en se levant.
- Bonjour. Comment allez-vous ?
- Ça va. Je préférais dormir dans le grand lit à Aldaria que par terre ici par contre, et le fait que les gens ne connaissent pas le café me fait haïr cette planète...
- Le quoi ? Demanda Héli, surpris.
- Oui voilà exactement... Sankh est parti se promener ?
- Oui. Et Fahnish est descendu de sa branche sans autorisation.
- Oui je sais, je l'ai aidé. Je lui ai aussi promis que je l'aiderais à se venger.
Héli la regarda, amusé.
- Vous essayerez, Oleïa, mais sachez que Fahn essaye de se venger depuis des années, sans succès.
- Tu ne m'as jamais eue moi comme adversaire ! s'exclama Oleïa avec un sourire.
- Certes, que le meilleur gagne dans ce cas ! Répondit le géant en lui rendant son sourire. En attendant, c'est à mon tour.
Héli s'approcha de Fahnish qui dormait allongé en boule sur le sol. Arrivé à moins d'un mètre de lui, il saisit sa hache qui avait repris sa forme originale pour l'occasion, et l'abattit violemment sur le sol en hurlant de toute sa voix.
- FAHNISH !!! Tu es en retard !
La terre trembla sous la violence du choc, et Fahnish fit un bond de terreur en entendant le tapage à quelques centimètres de ses oreilles. Il poussa un cri en voyant Héli, qui arborait son plus beau rictus de colère.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il, affolé. On nous attaque ?
- Non.
Héli se détendit brutalement, et un large sourire fendit son visage.
- Mais je voulais me venger pour hier soir, puisque tu n'as pas passé la nuit sur ta branche.
Fahnish grommela quelque chose entre ses dents en se redressant, et Héli commença à allumer un feu, un sourire toujours plaqué aux lèvres.
- Il reste du lièvre, nous le réchaufferons et nous mangerons cela ce matin.
Quelques minutes plus tard, Sankh fit son apparition au campement de fortune, son éternel balluchon sur l'épaule. Le groupe mangea rapidement et repartit en direction du nord-ouest.
- Une pieuvre ?
- Hein ? Mais tu sais il faut pas inventer des mots au hasard, il faut trouver à quel animal je pense ! s'indigna Fahn.
- Bah oui, une pieuvre ! Ou alors un poulpe ; Marron, qui vit dans l'eau, avec des tentacules et un bec.
- Mais non n'importe quoi, c'était un grash... Même qu'ils crachent de l'encre. C'était pas dur à trouver pourtant...
- Bah oui exactement c'est... Pff laisse tomber, à moi.
Le groupe marchait depuis plusieurs jours dans la plaine, et le paysage n'avait pas changé. L'air était de plus en plus chaud, mais le vent n'était pas retombé depuis leur départ d'Aldaria.
Oleïa et Fahnish marchaient quelques mètres devant leurs ainés, qui rattrapaient les années perdues en parlant de tout et de rien.
- On est encore loin maitre ? Demanda Fahnish en se retournant vers Sankh. J'ai mal aux pieds et Oleïa est nulle à mon jeu je gagne tout le temps. Aïe !
Il jeta un regard mécontent à Oleïa qui venait de lui donner une claque amicale sur l'arrière du crâne.
- Un peu de respect ou je demande à Héli de te suspendre sur le bout de son bâton pour le reste du voyage !
Fahnish se renfrogna alors que Héli lui adressait un immense sourire en faisant danser l'extrémité de son long bâton de marche.
- Oui, nous sommes encore loin Fahnish. Quoi que, nous avançons plus vite que prévu. Nous devrions arriver d'ici trois jours si nous gardons la cadence.
- On peut faire une pause ? J'ai faim.
- Dès que nous trouverons un endroit pour s'abriter du soleil, consentit Sankh.
Le groupe continua pendant environ une heure (qui parut comme une semaine à Fahnish qui avait l'estomac dans les talons) avant de s'arrêter à l'ombre d'un arbuste pour se restaurer et se reposer un moment.
Un grondement sourd se faisait entendre. L'Ulfan, le fleuve qui délimitait la limite entre le Territoire de Berkan et le Désert Septentrional, se rapprochait d'heure en heure.
Ils suivaient le groupe depuis quelques jours maintenant. Après leur première nuit à la belle étoile, les compagnons ne s'étaient autorisé que peu de pauses, de jour comme de nuit. Jusqu'à présent il n'y avait eu aucun problème. Le barbu et le géant avaient discuté la majorité du temps, et ne semblaient pas se douter de quoi que ce soit.
- Ils ne nous ont peut-être pas vus finalement.
- Oui, mais restons discret. Nous continuerons à les suivre à une heure de marche, puis arrivés à Askun nous pourrons nous rapprocher sans nous faire remarquer.
Les deux silhouettes encapuchonnées se turent et reprirent leur filature, cachées dans les hautes herbes.
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L'Héritage des Gardiens T1 - Les Planètes Jumelles
Fantastik[Trilogie, fantasy, publication les mardi et vendredi à 17h] Chloé, 17 ans, se réveille en sursaut dans une cave inconnue pour découvrir qu'elle n'est subitement plus ni sur terre, ni humaine. Rapidement embarquée dans une quête dont elle ne compre...