Livre 2 - L'ILE DES ESPRITS (2)

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Héli mit un moment à reconnaître l'homme qui lui faisait face dans son trône.

- Quand à toi, Hélikran Truskim, puisque de l'Anguille tu as la perfidie, tu rejoindras ton ami en geôle, nous aviserons de votre sort plus tard lors de l'arrivée de nos invités.

Lorsqu'enfin il le reconnut, Héli fut pris d'un vertige.

- Toi ?! Non, ce n'est pas possible... Il avait le souffle court et avait du mal à contenir sa colère. Que lui avez-vous fait ?! demanda-t-il, menaçant, aux Jumeaux.

Voilà comment ils avaient tout su, qu'ils avaient découvert le retour d'Oleïa, qu'ils avaient pu les traquer et les retrouver, et même exterminer les espions de Sankh...

Rien n'avait changé dans son apparence : grand, fort, les traits sévères et le port altier, même sa voix était absolument identique à celle que Héli gardait en mémoire. Pourtant, une étrange lueur brillait dans ses yeux, comme s'il n'était plus lui-même.

Trois gardes portaient tant bien que mal Héli hors de la pièce. Celui-ci n'avait ni la force ni l'envie de se débattre.

- Shanwir... Que t'ont-ils fait ?...

Le guerrier prit un énième coup sur le crâne et perdit à nouveau connaissance.

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Héli et Fahnish étaient assis à même le sol dans une cellule minuscule. Dans un coin une bassine en aluminium servait de toilettes, et leurs bols vides trainaient à côté de la porte. Ils avaient eu droit pour tout repas à un bol de pâte de blé chacun. Assez pour les maintenir en vie, trop peu pour pouvoir regagner convenablement des forces.

D'après la lune, qu'ils pouvaient apercevoir entre les barreaux de la meurtrière de la cellule, ils avaient quitté Sankh et Oleïa depuis environ dix jours. Ils avaient donc mis à peine plus d'une semaine pour traverser le Désert.

« Seul un Skerbul peut voyager à cette vitesse » pensa Héli, assis dans un coin de la cellule. « J'espère qu'Oleïa va bien... »

- Il y a vraiment pas de moyen de contacter Sankh et de le prévenir ?

Fahnish était assis en tailleur, les bras autour de ses genoux, recroquevillé comme un enfant.

- Fahnish, ça fait dix fois que je te le répète. Non, on ne peut pas le contacter.

- Mais on va pas rester là à rien faire quand même... Il va se faire prendre aussi...

- Mais nous n'avons pas le choix ! Héli avait haussé le ton. Crois-moi, s'il y avait un moyen je serais déjà dehors !

Fahnish se renfrogna un peu plus.

- Pardon Fahnish, je ne voulais pas crier. Mais pour l'instant nous ne pouvons rien faire. Je suis tout aussi frustré que toi par la situation. Mais nous devons attendre le bon moment, et alors nous sortirons.

- Oui je comprends... répondit Fahnish, intimidé. Si seulement il n'y avait pas cette satanée paroi !

- Oui... connais-tu ce matériau, Fahnish ? Je sais que tu connais ce qui touche à la construction et la fabrication de différentes choses. Personnellement, je n'ai jamais rien vu de semblable.

Héli désigna la cloison de la cellule donnant sur le couloir. Un cadre était fixé au mur, et la cloison elle-même était vide. Seuls des éclairs bleus minuscules fusaient dans tous les sens et formaient une paroi translucide.

Fahnish regarda pour la énième fois depuis qu'il était entré dans la cellule.

- Non, je sais pas du tout ce que ça peut être. Il fronça les sourcils. Mais de toute façon j'en ai marre d'être ici, en plus ça sent pas bon. Puis ça doit pas être indestructible ce truc.

L'Héritage des Gardiens T1 - Les Planètes JumellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant