Les gardes finirent par abandonner la course et le groupe, libéré de ses poursuivants, s'arrêta à quelques kilomètres au nord-ouest d'Aldaria.
- Que s'est-il passé ?
Héli avait retrouvé sa forme normale et portait à nouveau son armure rouge sang.
- Les érudits ont perdu le contrôle des flux magiques pendant le test d'Oleïa, répondit Sankh qui s'était assis sur un rocher pour reprendre son souffle. Je n'ai jamais rencontré personne qui puisse canaliser autant d'énergie. Même l'Impératrice Dakalia n'avait pas un Habakh si colossal.
Héli rejoignit Sankh sur son rocher, et la discussion continua.
Oleïa était assise par terre, extenuée par cette course et par les évènements de la matinée. A côté d'elle, Fahn, redevenu Eriomik, essuyait le sang de sa victime qui était resté sur ses bras et son torse.
- J'aime pas blesser des gens, déclara-t-il, visiblement bouleversé. J'espère qu'il s'en sortira.
- Merci Fahn, de nous avoir aidés. Je sais pas si on aurait pu se débarrasser de ces gardes sans Héli et toi... haleta Oleïa.
Ses poumons la brulaient, et ses jambes la lançaient terriblement, mais encore une fois elle put constater l'étendue de ses surprenantes capacités physiques ; elle commençait déjà à récupérer.
Elle était complètement perdue. A peine quelques jours plus tôt elle se serait moquée de quiconque parlant de magie, et voilà qu'elle était – littéralement d'après un extra-terrestre de 232 ans – une des magiciennes les plus douées d'un monde qu'elle ne connaissait pas.
Elle fut prise d'un vertige.
- Ah si, tu aurais pu t'en débarrasser ça c'est sûr !
Fahnish la dévisageait avec des étoiles dans les yeux.
- Tu es encore plus forte que Sankh !
« Hmfff ». Oleïa se redressa et se mit face à son ami.
- Non, Fahn, je ne maitrise rien, c'est les trois vieux qui m'ont manipulée.
- Oui, mais ça s'apprend. Moi c'est Sankh qui m'a appris à m'en servir, et maintenant je sais faire !
Fahnish était immobile, un grand sourire barrant son visage difforme.
- Oh, au fait, j'ai un cadeau pour toi ! Pour te remercier de m'avoir sauvé la vie.
- Sauvé la vie ? De quoi tu parles ?
- Bah oui, tu as tué le phrei, et donc il m'a pas tué.
- Ah, vu comme ça...
Fahnish fouilla dans sa besace.
- Nom d'un p'tit golem du Nord, où est-ce que j'ai bien pu mettre ce machin moi ? Ah ! J'ai trouvé !
Il se tourna face à Oleïa, la main droite dans son dos.
- J'ai pas eu le temps de l'emballer, alors il faut que tu fermes les yeux pour avoir la surprise, dit-il avec un sourire.
Amusée et curieuse, Oleïa se prêta au jeu. Elle ferma les yeux et tendit la main devant elle.
- Si c'est une blague et que tu me mets un insecte dans la main je te transforme en ver de terre bleu fluo avec ma magie surpuissante ! dit Oleïa en retrouvant une ombre de sourire.
- Ah...
Intriguée par la réaction de son ami, Oleïa entrouvrit les yeux, pour trouver Fahn, une sauterelle de quinze centimètres de long dans la main.
- Aaah !!! Saloperie ! Fahn je vais te tuer ! J'ai horreur des insectes !
- Pardon pardon !!
Des éclats de rires lui parvinrent du rocher où Héli et Sankh étaient assis et les observaient.
- Refais ça encore une seule fois et je demande à Héli de te suspendre encore une nuit, dit Oleïa avec un sourire faussement sadique. Tu as bien compris !?
- Oui... fit Fahn en faisant la moue.
- Allez, je rigole sale gosse ! dit Oleïa en frottant ses cheveux avec affection.
- Tu es sûre ? Je veux pas être suspendu...
- Mais oui t'inquiète pas, s'il t'embête tu m'appelles et je te libèrerai ! ajouta-t-elle avec un clin d'œil.
Fahnish retrouva instantanément son sourire, et retourna fouiller dans sa besace. Il en sortit un objet enveloppé dans un bout de tissus sale qu'il tendit à Oleïa.
- C'est moi qui l'ai fait, déclara-t-il avec fierté. Tu en trouveras jamais un pareil ailleurs ! En plus je l'ai fait avec les os de phrei que Sankh a récupéré, il y a presque rien de plus solide sur Varkia comme matériau !
Oleïa leva les yeux vers Sankh qui s'était rapproché d'eux et qui hocha la tête, approbateur.
- Et il a fait de l'excellent travail, ajouta-t-il en posant une main paternelle sur l'épaule de son protégé.
Oleïa déplia le linge avec délicatesse, craignant le pire, venant de Fahnish. Cependant le cadeau ne lui sauta pas au visage, ne puait pas et ne grattait pas non plus.
En le voyant, le visage d'Oleïa s'illumina.
Dans le linge trônait un magnifique lance-pierre blanc d'une grosse vingtaine de centimètres de haut. L'élastique était tressé, et un dragon était gravé sur la poignée, au-dessus de deux lettres Eriomiks : « SA ».
- Le dragon, c'est l'effigie des Drasskanes depuis le début des temps, dit Fahnish. Et « SA » comme Sakh-Albur, pour montrer que c'est le tien.
Oleïa avait du mal à croire que Fahn ait pu fabriquer un tel objet. La sculpture était précise et fine, et la teinte singulière de l'os donnait une touche précieuse à l'objet déjà magnifique.
- Je... Merci énormément, Fahn, mais c'est toi qui l'as fait, il devrait être pour toi...Tu as dû mettre des jours à le fabriquer.
- Non. Il est pour toi.
Fahnish avait perdu son sourire et son ton était presque cassant.
- Tu as pas le droit de le refuser, c'est un cadeau. Tu m'as sauvé la vie, donc je te remercie c'est normal.
Oleïa fut surprise par le soudain changement d'humeur de Fahnish.
- D'accord, pas la peine de t'énerver Fahn. Il est magnifique en tout cas ! Je n'ai jamais vu de lance-pierre aussi beau !
- Ah je suis content qu'il te plaise, dit-il, de nouveau enjoué et en s'éloignant en sifflotant.
- Ouh... Quel caractère... souffla-t-elle, en contemplant sa nouvelle arme.
- Je ne te le fais pas dire, dit Sankh en souriant.
- Ben alors, tu viens ? cria Fahn. On va l'essayer !
- J'arrive !
- Au fait ça veut dire quoi « Sal'hopri » ?
- Euh... C'est une expression terrienne.
- Ah d'accord, j'aime bien !
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L'Héritage des Gardiens T1 - Les Planètes Jumelles
Fantasy[Trilogie, fantasy, publication les mardi et vendredi à 17h] Chloé, 17 ans, se réveille en sursaut dans une cave inconnue pour découvrir qu'elle n'est subitement plus ni sur terre, ni humaine. Rapidement embarquée dans une quête dont elle ne compre...