Livre 2 - L'ILE DES ESPRITS (12)

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Oleïa ouvrit les yeux sans se souvenir de les avoir fermés.

« Repose toi, jeune Eriom, tu auras besoin de toute tes forces demain. Nous nous reverrons à ton réveil. » Cette phrase trottait dans son esprit sans qu'elle ne sache d'où elle venait.

Elle regarda autour d'elle et se rendit compte qu'elle flottait en l'air. Ses plaies avaient disparu et elle se sentait en pleine forme. L'attaque de la veille n'était plus qu'un vague souvenir, et elle ne sentait plus aucune douleur. A son grand étonnement, elle pouvait bouger librement, malgré le fait qu'elle semblait être en apesanteur. Être à l'endroit, à l'envers, debout ou allongée ne faisait aucune différence, mais elle pouvait se déplacer et bouger sans soucis, comme si les lois de la physique n'existaient plus.

Autour d'elle, rien n'était clairement visible. Il ne faisait ni nuit ni jour, ni froid ni chaud, et elle n'aurait pas été capable de donner une couleur ou une odeur pour décrire ce qui l'entourait.

« Je suis où ? » pensa-t-elle.

La phrase résonna autour d'elle comme si elle l'avait criée dans une église. « C'est quoi ce... » Encore une fois, les mots éclatèrent dans l'air immobile.

« Jeune Dalkane, bienvenue. » La voix résonnait dans l'atmosphère sans qu'Oleïa puisse en distinguer la source. « Ici tu es partout et tu es nulle part. Tu es le maitre et tu es l'élève, tu es le tout et tu es le rien, tu contrôles tout et pourtant tout te contrôle. »

- Qu'est-ce que c'est que ce délire ? demanda-t-elle, mais aucun son ne sortit de sa bouche.

« Hein ? Mais... » Pensa-t-elle, et les mots résonnèrent autour d'elle.

« Ici tes sens ne te sont d'aucune utilité. Là-bas, ils n'existent que pour faire le lien avec le monde qui t'entoure, mais ce monde n'existe pas là où tu te trouves à présent. »

« Alors je m'entends que quand je pense ? » demanda la Dalkane dans sa tête.

« Bien, tu commences à comprendre. La seule frontière de ce monde est ta propre imagination et ton Habakh, ta force psychique. Sauras-tu combiner les deux pour survivre ? » Le monde autour d'elle prit soudain une forme, une consistance, une odeur, et sembla devenir réel.

« Oh, » ajouta la voix « Bien entendu, un corps sans esprit ne peut pas vivre, donc ta mort dans ce monde imaginaire entrainerait ta mort dans le monde physique que tu connais. Bonne chance. »

« Hein ?! Vous vous payez ma tête là ?! »

Elle se retrouva dans une jungle immense, vêtue d'un simple pagne sous une pluie diluvienne. Un rugissement formidable retentit à sa droite, et un triceratops de quatre mètres de haut passa sa tête entre deux arbres, qu'il fit tomber en s'ébrouant avant de voir Oleïa, debout à quelques mètres de lui. Avec un grognement il se rua sur la jeune Eriom qui s'enfuit en courant, sauta dans un fleuve immense et se laissa emporter par le courant.

« Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?! » Sa voix résonna dans toute la jungle.

Elle atteignit à grand peine la berge et sortit de l'eau. Grâce à son reflet dans l'eau trouble du fleuve, elle vit qu'elle était redevenue humaine.

Elle ne comprenait rien.

Elle s'assit à l'abri d'un rocher et se concentra pour allumer un feu.

Le ciel devint rouge sang, et la jungle entière s'enflamma, avant que les flammes ne disparaissent et ne convergent vers le tipi de bois qu'elle avait préparé. Le feu s'alluma après une explosion, comme d'habitude.

Oleïa voulut enlever son pagne trempé avant de se rendre compte qu'elle portait à présent un pantalon à franges, une chemise noire et une ceinture à laquelle étaient attachés deux colts 45. A quelques mètres d'elle un cheval appaloosa broutait de l'herbe dans une prairie immense.

L'Héritage des Gardiens T1 - Les Planètes JumellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant