Chapitre 7

37 4 0
                                    

Enzo

Nous avons enchaîné trois rendez-vous, tous à des endroits différents. Zoé a été exemplaire. Elle a passé sa journée à prendre des notes, à me poser tout un tas de questions, professionnelle cette fois, pour comprendre l'intégralité de chacun des dossiers. Elle s'acclimate très vite à son poste et je dois avouer qu'elle est douée dans ce qu'elle entreprend. Je ne pensais pas qu'après seulement une semaine à ce poste, mon assistante juridique serait aussi opérationnelle.

Beaucoup de femmes et d'hommes sont passés à ce poste avant elle et aucun ne m'a impressionnée de la sorte jusqu'à maintenant, en si peu de temps.

Zoé est brillante, il n'y a rien à redire là-dessus. Elle possède une parfaite éloquence, l'écouter est un véritable plaisir. Elle vulgarise le droit des entreprises auprès de mes clients comme si elle était née avec des termes juridiques dans les oreilles. C'est une source inépuisable de savoir. Elle a dû travailler dur pour en arriver ici alors quand je la vois longuement bailler et marcher lentement dans ses talons qui ont dû lui torturer les pieds toute la journée, je culpabilise.

Elle semble épuisée. Il faut dire que la journée a été rythmée.

Sur un coup de tête, je saisis le poignet de mon assistante alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir la portière de mon véhicule. Elle se tourne vers moi, le corps bloqué entre le mien et la carrosserie. La nuit est tombée depuis un moment mais la lune donne à ses cheveux flamboyants une tonalité auburn peu commune.

Je m'autorise une seconde à la détailler, à la voir elle, Zoé Slander et non mon assistante. Alors, comme elle l'a fait avec moi dans l'ascenseur, je marque son visage de mes yeux. Seulement, je ne m'attendais pas à ce que cette proximité me déstabilise au point où cette foutue cravate me coupe le souffle.

Son regard me transmet son épuisement mais son visage est détendu. Sa peau est pâle et ses pommettes rehaussées s'empourprent légèrement sans qu'elle semble en avoir conscience. L'incarnation de ses lèvres retroussées et rosées attire mon attention quelques secondes avant que je me racle la gorge.

Ce n'est pas Zoé Slander, c'est mon assistante juridique.

— Je suis désolé si je vous ai vexée ce matin. Je n'aurais pas dû dire que votre diplôme n'avait aucune valeur.

Et elle a fait en sorte de me le prouver toute la journée.

Zoé trouve encore la force de me sourire sincèrement après la journée que je lui ai faite passer. Cela me prouve qu'elle n'est pas juste une juriste en herbe, elle a une prestance et une joie qui semble faire rayonner tout ceux qu'elle approche.

Tous, sauf moi car même si j'aimerais, je n'ai pas le temps de me laisser aller à un sourire ou une blague.

— Si vous vous rendez compte de vos erreurs avant qu'il ne soit trop tard, je ne vous en voudrais jamais de votre indélicatesse.

Je hoche la tête en approuvant. Elle a raison, il faut savoir se remettre en question dans la vie. Un frisson parcourt le corps de Zoé, j'effectue un pas en arrière avant de lui ouvrir la portière.

— Merci.

Je regagne ma place derrière le volant et allume le chauffage. Zoé se frotte les mains entre elles et papillonne des yeux à plusieurs reprises sur le trajet.

— Il se fait tard, entrez votre adresse dans le GPS, je vais vous raccompagner chez vous.

— Ne vous embêtez pas, vous pouvez me raccompagner jusqu'au cabinet.

— Entrez l'adresse, Zoé.

Mon regard franc la dissuade de me contredire. Il est hors de question qu'elle rentre seule à cette heure de la soirée. Rapidement, ses doigts écrivent l'adresse de son domicile, laissant place à notre heure d'arrivée.

L'avocat de SeattleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant