Chapitre 15

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Enzo

J'ai pensé à Zoé toute la fin de semaine, toutes les nuits et encore ce matin en me réveillant.

C'est un véritable enfer qui me tient. Un doux enfer qui me fait me lever du bon pied malgré que nous soyons vendredi. C'est le sourire aux lèvres que je rejoins mon bureau sans m'agacer des bouchons et de la lenteur de l'ascenseur.

Je dépose mes affaires à mon bureau et en ressort pour me faire couler un café. Personne n'est encore arrivé à mon étage mais je me hâte de revoir un certain visage. En attendant, je profite de ce silence reposant. Ça m'a tout l'air d'être une bonne journée qui s'annonce.

Je dépose mon gobelet sur mon bureau et sort mon ordinateur portable de sa pochette. Je consulte quelques mails mais n'est pas le temps de répondre à l'un d'eux que mon téléphone sonne.

Je le récupère et consulte le nom qui s'affiche sur l'écran. Immédiatement, je perds mon sourire et ma bonne humeur chute.

Chris Henderson. Plus connu sous le nom de « Papa ». Mon cœur rate un battement et ma gorge s'assèche. Mon pouce tremble légèrement au-dessus du bouton vert. Mon père ne m'appelle jamais. Les trois quart du temps il passe par Owen. J'ignore à quelle sauce je vais être mangé mais je n'ai aucunement envie de le savoir.

Son nom disparaît de mon écran et mon téléphone cesse de vibrer. J'expire l'air que j'avais bloqué dans mes poumons.

Ouf, je suis sauvé. Il a sûrement dû se tromper de fils.

Pourtant, je sursaute lorsque son nom apparaît une seconde fois. Je pourrais feindre l'ignorance, jeter mon téléphone depuis le haut de mon building et attendre que la mort vienne me cueillir. Je pourrais l'ignorer pour ne pas entendre les reproches qu'il va me faire sur mon travail mais il appellera tous les membres de ma famille jusqu'à être parvenu à m'avoir.

Je colle le téléphone contre mon oreille en fermant les yeux.

— Bonjour, papa.

— Je peux savoir pourquoi tu ne réponds pas à ton téléphone ?

Même pas un bonjour de sa part. La couleur est annoncée.

— J'étais occupé. Tu te rappelles, nous avons un décalage horaire ? Tu termines ta journée, je suis en train de la commencer, donc j'ai du boulot qui m'attend.

Mon père soupire à l'autre bout du fil.

— Tu as avancé sur ton bilan ? Je n'ai pas de nouvelle de toi depuis que ton frère t'a appelé.

— Parce que je n'ai pas eu le temps.

— Tu devrais mieux t'organiser Lorenzo. Tu es toujours débordé, ce n'est pas digne d'un directeur.

Et voilà, c'est reparti. Il ne se gêne pas pour me rappeler à chacun de ses appels que je n'ai pas les épaules pour assurer à ce poste. Il me rappelle chaque jour l'erreur qu'il a faite en me mettant à la tête du cabinet de Seattle. Parfois, je crois qu'il aurait préféré y mettre Owen.

— Viens-en fait, m'agace-je.

— Nous devons prendre une nouvelle direction avec ton cabinet. J'ai finalement besoin d'une analyse rétroactive depuis l'ouverture de tes locaux.

— Tu as déjà eu un bilan de ses six derniers mois. Pourquoi te faut-il aussi les trois dernières années ?

— J'ai besoin de vérifier comment se porte le cabinet sur le long terme. Je dois savoir si tu n'es pas en train de le faire couler.

Je me lève et fais les cents pas dans la pièce. Je dois me pincer les lèvres pour ne pas rétorquer, au risque d'empirer la situation. Je fais craquer ma nuque et prends une grande respiration. Je dois me calmer.

L'avocat de SeattleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant