Chapitre 5

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Enzo

Pour la cinquième fois depuis ce matin, je consulte les notifications de mon téléphone. Depuis deux jours, Megan ne me donne pas de nouvelle et je commence à m'inquiéter de son silence. Bien que ce soit récurrent, j'ai parfois le droit à un simple « on se parle plus tard ». Cependant, elle est absente ces derniers temps alors que je me démène à faire des journées de 15h pour me libérer le week-end.

J'apprécie cette femme mais cette relation est en train de me perdre. Je ne sais plus réellement quoi faire.

Je ne me laisse pas abattre car j'ai une réunion importante avec tout le service juridique pour parler de nos résultats et pouvoir alimenter le rapport que me demande mon père.

Il faut dire que je n'ai pas vraiment eu le temps de m'y mettre et que mon père commence déjà à s'impatienter.

De ce que j'ai compris, Mme Slander sera là, la nouvelle assistante juridique. Je n'ai aucune hâte de la rencontrer. Elle semble totalement désintéressée, elle me pose très peu de questions. Je n'ai pas eu le temps de passer la voir, ni de lire son rapport mais je me demande si elle ne passe pas ses journées à se tourner les pouces. Le peu de fois où je l'ai eu au téléphone, elle m'a donné l'impression de se moquer de moi. Et je déteste lorsqu'on me prend pour un idiot.

Encore une de ses assistantes juridiques de la cinquantaine qui cherche un travail de quelques mois avant de prendre une retraite anticipée.

Je ne sais pas ce que ma sœur lui a trouvé. J'aurais peut-être dû prendre le temps de faire ce recrutement moi-même.

J'allume le projecteur et fait rouler les muscles de mon dos pour les détendre en tournant les épaules. Je connecte l'ordinateur en clignant plusieurs fois des yeux. Je n'ai dormi que 2h cette nuit à cause d'un dossier qui me hantait. Alors, à 5h du matin, j'ai débarqué au bureau pour le terminer. J'installe le reste du matériel en amont. La réunion commence dans 7 minutes et plus vite nous commencerons, plus vite je pourrais retourner travailler.

Je hais les réunions. Encore plus quand elles sont en pleine journée.

À cet instant, je regrette de ne pas avoir été voir Mme Slander pour échanger quelques mots avec elle et pouvoir lui refiler sa première réunion. Cela aurait été un bon test pour elle et j'aurais peut-être pu terminer ma nuit.

Bordel, je suis épuisé ! Et ce mal de crâne qui ne veut encore une fois pas disparaître.

Je ne rêve que d'une vraie nuit complète depuis des mois mais ça m'est inaccessible. Plus les jours passent, plus j'ai du travail et plus je me sens agacé.

Je stresse à chaque nouveau rendez-vous de peur que ça me rajoute du travail. Je sursaute à chaque fois que le nom de mon frère ou de mon père apparaît sur mon téléphone.

Je n'ai plus envie d'aller travailler mais je ne dois pas faire l'enfant capricieux. J'ai tout ce dont j'ai rêvé. Un cabinet d'avocat rien qu'à moi, que je peux gérer à ma manière.

Non. Je n'ai pas à me plaindre.

Les premières personnes entrent dans la salle et une fois au complet, je les observe un à un. Je ne croise pas un regard féminin d'une cinquantaine d'années. Non, à la place, mes yeux tombent dans ceux de la jeune femme qui a faillit me rentrer dedans en début de semaine. Elle me fixe.

Le trouble me saisit immédiatement et me paralyse.

Je ne peux m'empêcher d'être subjugué par sa beauté et celle de son regard.

Qu'est-ce qu'une employée fait ici ?

Elle ne me lâche pas du regard et semble aussi surprise que moi de me retrouver ici. Sentant le regard de mes collaborateurs sur moi, je détourne les yeux pour débuter la réunion.

L'avocat de SeattleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant