L'avocat de Seattle

Chapitre 2

Zoé

J'enchaîne les entretiens d'embauche depuis mon arrivée. Cela fait deux semaines que j'essuie des refus à cause de mon manque d'expérience sur le territoire américain. Je ne suis pas inquiète et ne compte pas me démotiver pour autant. Si ces cabinets d'avocats ne sont pas prêts à me donner ma chance et à me laisser un temps d'adaptation, alors c'est que nous ne partageons pas les mêmes valeurs.

Les refus ne sont pas des échecs. Ils mettent simplement en lumière la différence entre nos valeurs.

Un seul cabinet a retenu mon attention. J'y ai passé un entretien il y a 4 jours mais je ne m'affole pas de ne pas encore avoir eu de retour. La DRH m'a expliqué leur situation. En ce moment le directeur est surchargé de travail mais elle m'a assuré qu'on m'offrirait une réponse, qu'elle soit positive ou non et qu'on m'expliquerait les raisons. Cette démarche et cette transparence, je ne l'ai retrouvée avec aucune autre entreprise. L'ambiance familiale qui règne dans les locaux est ce que je recherche dans un cadre de travail et entendre la DRH se présenter par son prénom de manière informelle est rafraîchissant.

C'est pour cela que je déverrouille mon téléphone tous les quarts d'heures et que je vérifie mes appels et mes mails avec autant d'impatience depuis le début de semaine.

Je tourne en rond dans mon appartement qui commence petit à petit à prendre vie. J'ai pris le temps de le décorer à ma manière, d'en faire un véritable foyer pour me sentir ici comme chez moi.

C'est un pari réussi.

Je décide de me changer les idées au lieu d'attendre désespérément un retour de mes entretiens. Je dois aller de l'avant. Je laisse mon portable dans la cuisine pour ne pas être déconcentrée. Dès l'instant où je me dirige vers mon canapé pour récupérer mon PC, quelqu'un toque à la porte. Étrange. Je ne connais personne dans cette ville.

Je tourne la clé dans la serrure et tombe sur une jeune femme.

— Salut, je suis Marie-Lyne, ta voisine d'en face. Mais tu peux m'appeler Marie.

La brune m'offre un radieux sourire et me tend le plat qu'elle a dans ses mains sans que je n'ai le temps de réagir.

— Je t'ai préparé un cheesecake pour te souhaiter la bienvenue dans l'immeuble. J'ai appris en revenant de vacances que tu étais nouvelle.

— Enchantée Marie, je m'appelle Zoé. Mais tout le monde m'appelle Zaya.

— Enchantée Zaya. Qu'est ce qui t'amène ici ?

— Le rêve américain, ris-je.

— Tu n'es pas américaine ?

— Française. Je suis arrivée de Paris, il y a 2 semaines.

Je remercie Marie et pars déposer le gâteau sur l'îlot. Je suis pour l'inviter à entrer lorsque mon téléphone sonne. Je sursaute presque. Je le récupère en passant et comprend rapidement que c'est l'une des entreprises où j'ai postulé. Personne d'autres ne pourrait me contacter.

— Je suis désolée, je dois décrocher. C'est important.

— Aucun souci. Si tu as besoin de quoi que ce soit n'hésite pas à toquer.

Elle me salue chaleureusement et referme elle-même la porte derrière elle. Je fixe un instant mon téléphone avant de me reconnecter et de sortir de mes pensées.

— Allô ?

— Bonjour Zoé, c'est Alessia, cabinet Henderson. Vous allez bien ?

— Parfaitement et vous ?

— Nous sommes toujours très pris par le temps mais je voulais prendre quelques minutes afin de vous appeler et revenir sur notre entretien de lundi.

— Oui, bien sûr. Je vous écoute.

— J'ai pu soumettre votre candidature auprès de notre dirigeant. Pour être tout à fait honnête avec vous, c'est un homme qui délègue très peu mais votre candidature serait un véritable atout pour notre cabinet. Je suis persuadée que vous apporterez un vent de fraîcheur et que vous serez force de proposition pour faire grandir notre entreprise. J'ai obtenu un accord favorable concernant votre intégration.

Incroyable. Je ne suis vraiment pas déçue de ce cabinet d'avocat. Tout d'abord, la DRH du groupe appuie elle-même ma candidature auprès de son patron et ensuite, elle me prévoit un parcours d'intégration.

Ce cabinet coche toutes les cases de l'entreprise de mes rêves.

— Soyez-en certaine, je ne compte pas vous décevoir.

— J'espère bien, j'ai misé gros sur votre candidature, rit-elle.

— Je ne sais pas comment vous remercier, Alessia.

— Vous aurez l'occasion de réfléchir à vos remerciements ce week-end car je vous attends lundi matin à 8 heures dans mon bureau.

— J'y serais, sans faute.

— Parfait. Je vous envoie de suite un mail avec tous les éléments dont je vais avoir besoin pour réaliser votre contrat.

Alessia raccroche et une fois que je réalise que lundi je commence un nouveau travail, je sautille partout dans mon salon.

Je commence lundi dans le réputé cabinet d'avocat Henderson !