Chapitre 10

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Zoé

Ce matin en venant au travail, j'ai l'impression de ne jamais l'avoir quitté vendredi soir. Entre mon compte rendu et les messages échangés avec Enzo, c'est comme si il avait été avec moi durant mon samedi. Même si je dois avouer que ça m'a fait bizarre au début.

Et pour continuer mon week-end de distraction, j'ai croisé Marie dans le couloir, nous avons décidé d'aller boire un verre ensemble. L'occasion rêvée pour créer de nouveaux liens ici tel que celui de l'amitié.

Il est à peine 8h lorsque j'arrive à mon étage et que je décèle une ombre sous la porte du bureau de mon patron. Je dépose rapidement mes affaires dans le mien et repart immédiatement dans la direction de celui d'Enzo, dossier en main.

Je toque à la porte qui se retrouve bien vite ouverte. Enzo m'accueille avec le sourire et les traits bien moins tirés que d'ordinaire. Il me fait signe d'entrer tout en continuant sa conversation téléphonique avec un client. Avant, il s'enfermait pour être au calme lorsqu'il était au téléphone et voilà que maintenant, il accepte ma présence.

Je crois que Monsieur le directeur, maniaque du contrôle, parvient enfin à lâcher du lest.

Je prends place sur le siège face à son bureau et attends patiemment que sa conversation se termine. Son bureau est sans vie et j'en suis très étonnée au vu du temps qu'il y passe. Les murs sont d'un blanc froid qui sont heureusement réchauffée par les grandes baies vitrées derrière lui, à l'instar de mon bureau.

— Zoé. Bonjour.

Perdue dans ma contemplation de Seattle, je sursaute lorsqu'il apparaît face à moi. Enzo reste debout, assis à l'angle de son bureau. Je crois bien qu'il ne m'a jamais paru aussi grand qu'à cet instant.

— La vue est imprenable, pas vrai ? me demande-t-il sans me lâcher du regard.

— Je crois que je ne m'en laisserai jamais.

— Attendez de voir le spectacle que nous offre la lune et les étoiles.

— Vous n'êtes pas censé le connaître si bien vous savez.

— Parce que je ne devrais pas travailler la nuit ?

— En partie, oui.

Enzo croise les bras avant de finalement faire le retour de son bureau pour s'installer sur son siège. Il étend ses longues jambes et l'une d'elles bute contre mon pied. Aussitôt, nous nous redressons en parfaite symbiose comme si ce contact nous avait tous les deux électrisés. Il se racle la gorge pendant que je tente de me maîtriser pour ne pas rougir.

Bordel Zoé, tu n'as plus 16 ans.

— Vous serez donc satisfaite d'apprendre que j'ai décroché de mon travail ce week-end.

Il semble vouloir jouer la carte de l'innocent, comme si la parenthèse de ce week-end n'avait jamais existé, ou tout du moins, n'existait pas ici.

Je suis prête à relever ce défi.

— Vous devriez le faire plus souvent.

J'ignore si je parle du dossier ou des messages et au sourire de mon patron, je ne suis pas sûr qu'il fasse lui aussi la différence.

Je ne crois pas que ce jeu soit sans danger et malgré ça, j'ai terriblement envie d'y jouer avec Enzo. Pourtant, je n'ai jamais été très téméraire.

— J'y songerai, soyez-en sûr.

Je ne détourne pas le regard. Je souffle un bon coup et pousse le dossier devant lui. À son tour, il se redresse pour récupérer le dossier. Nos doigts se frôlent de peu et immédiatement, un savoureux mélange fusionne en moi.

L'avocat de SeattleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant