Chapitre 16

40 4 0
                                    

Zoé

Je suis bloquée dans un ascenseur avec mon patron un vendredi soir, de quoi bien terminer la semaine. Enzo s'acharne sur le bouton d'urgence depuis de longues minutes sans obtenir de réponse du centre d'appel. Et comme si la situation n'était déjà pas assez catastrophique, il fallait que mon patron soit claustrophobe.

Je regarde Enzo faire les cents pas dans le petit espace, le front en sueur et les mains tremblantes. Je saisis l'une d'elles pour qu'il cesse de tourner en rond.

— Enzo, calme toi.

Immédiatement, il s'arrête et baisse le regard sur nos mains liées puis ses yeux remontent vers les miens. Ils resserrent ses doigts aux miens.

— Je suis claustrophobe. Je ne peux pas me calmer, il faut que je sorte d'ici au plus vite.

Je remarque à quel point son torse se soulève de façon irrégulière. Il frôle la crise de panique. Je dois faire quelque chose avec qu'il ne tombe dans les pommes dans mes bras.

— Il faut que tu respires.

— Je n'y arrive pas. J'ai l'impression qu'on m'écrase la cage thoracique.

La situation empire. Enzo se tient la poitrine, le souffle sifflant, si court qu'il semble presque inexistant.

— J'étouffe ici, se plaint-il en desserrant le nœud de sa cravate.

J'ai l'impression qu'à tout moment, mon patron va tourner de l'œil alors je décide de prendre la situation en main.

— Il faut que tu commences par enlever ce manteau.

Les yeux d'Enzo traînent partout et nulle part à la fois sur les lieux. Il est déboussolé et inattentif à mes paroles. Son seul objectif pour l'instant est de savoir comment il va pouvoir sortir de ce petit espace.

— Enzo, élevée-je la voix, concentre toi sur le son de ma voix.

Cette fois, je parviens à capter son attention. Ses yeux s'ancrent au mien.

— Tu dois retirer ton manteau et ta cravate, ça te permettra d'être plus à l'aise pour respirer.

Tel un automate, mon patron hôte son manteau ainsi que sa cravate qui tombe au sol. Il déglutit difficilement lorsque je fais un pas vers lui. Figé sur place, il se tient droit et ne me lâche pas du regard. Lentement, je lève les mains vers le col de sa chemise pour y détacher le premier bouton et soulager la pression autour de sa gorge.

J'inspire et expire lentement, lui laissant le temps de se synchroniser sur ma respiration. Je pose ma main sous sa mâchoire pour maintenir son regard sur moi. La crise de panique semble s'éloigner de son esprit. Petit à petit, il reprend sa respiration et je sens son rythme cardiaque se réguler sous la paume de ma main.

— Merci, me sourit-il en tirant à nouveau sur sa chemise.

La pression redescend et même pour moi, l'air de ce petit habitacle devient tout de suite plus respiration lorsque Enzo ne tourne pas en rond.

Soudain, un grésillement résonne et une voix s'élève dans l'ascenseur.

— Centre d'appel d'urgence. Nous venons de recenser votre appel, tous nos techniciens sont actuellement en intervention. Nous vous assurons la venue d'un de nos agents d'ici une heure. Veuillez nous excuser du désagrément.

Enzo ouvre la bouche, prêt à rétorquer mais le grésillement s'arrête aussitôt.

— C'est pas vrai, râle-t-il.

D'un seul coup, je sursaute en entendant la paume de la main d'Enzo s'abattre contre la paroi de l'ascenseur, son front contre le dos de celle-ci. Je m'approche de lui, posant ma main dans son dos. La seconde qui suit, il prend une longue inspiration.

L'avocat de SeattleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant