Chapitre 13

80 6 0
                                    

Enzo

— Je peux te poser une question ? me demande Zoé, curieuse en tapant dans une des boules sur la table de billard.

— Je t'écoute.

— La lettre L sur la plaque de ton bureau, correspond à quoi ?

À nouveau, elle rate le trou et je commence sérieusement à me demander si elle va parvenir à en faire rentrer une avant la fin de la soirée. Pendant ce temps, je tire et fait un sans faute. Les manches de ma chemise relevées jusqu'aux coudes, je prends appuie contre la queue et la nargue du regard.

— C'est la première lettre de mon prénom.

— Tu ne t'appelles pas Enzo ?

Je fais durer le suspens. Elle me regarde, impatiente. Je me sens totalement différent de lundi. Je suis plus calme, plus détendu. Même si je ressens toujours la fatigue et la déception, je trouve que cette soirée est un bon début.

— Lorenzo. C'est le prénom que mes parents m'ont donné. C'est très populaire en Italie mais je préfère Enzo.

— Henderson, ça ne sonne pas très italien.

Je me penche et rentre la dernière boule qui me fait gagner la partie. Zoé peste me laissant entrevoir son côté compétitif. Elle a revêtu une jolie robe noire qui fait ressortir ses cheveux et ses yeux. Elle est incroyable dans cette tenue, si bien que mes yeux peinent à se décrocher de sa silhouette.

— Mon père est américain et ma mère italienne. Son nom de jeune fille est Sapolini. Il l'a rencontré très jeune lorsqu'il a fondé le siège de nos cabinets là-bas.

— Ils vivent ici ?

— Non, ils ont fondé leur vie en Italie et mon grand frère en a fait de même.

Je bois une gorgée de ma bière en voyant que Zoé a encore des questions à me poser. Pourtant, ça me plaît bien qu'elle essaie d'apprendre à me connaître parce que j'ai moi aussi envie de tout savoir d'elle.

Cette femme me hante depuis le premier jour.

— Est-ce qu'il te reste encore de la famille ici, auprès de toi ?

— Ma petite sœur, Alessia, que tu as dû rencontrer à ton arrivée. J'ai une autre petite sœur, Luna, mais elle vit aux 4 coins du monde tout au long de l'année.

J'ai bien remarqué son étonnement lorsque j'ai annoncé qu'Alessia est ma sœur. Elle ne se présente jamais par son nom de famille, c'est un moyen pour elle de rester à distance de ces choses-là.

Nous avons beau travailler dans la même entreprise, nous ne sommes pas au même étage alors mis à part pour les recrutements et départs, nous collaborons très peu.

Zoé range les boules dans le triangle prête à commencer une nouvelle partie.

— Tu es sûr de vouloir encore perdre ? C'est déjà la deuxième fois ce soir.

— On y passera la nuit s'il le faut.

— Tant mieux, ça me laissera le temps d'apprendre à te connaître à mon tour.

— Il n'y a pas grand chose d'intéressant à savoir sur moi, avoue-t-elle timidement.

— Je suis persuadé de l'inverse. Tu viens de France, Zoé. Tu as dû vivre une enfance totalement différente de la mienne. Tes parents ne devaient pas voir les choses comme les miens. D'ailleurs, ce n'est pas trop dur d'être aussi loin d'eux ?

Zoé met quelques secondes à me répondre, ce qui me laisse le temps de me préparer à exploser le tas de boule.

— Mes parents sont décédés il y a 5 ans dans un accident de voiture. J'avais 22 ans et j'étais dans ma dernière année de master.

L'avocat de SeattleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant