Chapitre 28

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Zoé

Assise autour de la grande table de réunion avec Enzo et son père, nous continuons d'éplucher les données chiffrées du bilan de Seattle.

Ces derniers jours, Christopher ne rate aucune occasion pour rabaisser son fils. C'est le même discours toute la journée depuis des jours. Il lui rappelle sans cesse qu'il pourrait faire mieux et qu'il n'est pas à la hauteur de ses espérances.

Pourtant, les chiffres sont très bons. Nous nous plaçons troisièmes des cabinets américains sur le taux de réussite des procès.

Nous avons intégré dix clients de plus sur l'année par rapport à la précédente. Il y a très peu à redire. Enzo offre à son père des chiffres remarquables qui témoigne de son engagement et de sa persévérance.

Mais ce n'est pas suffisant pour Christopher et je me demande bien pourquoi il n'est jamais satisfait par son fils.

Enzo n'a jamais arrêté de se donner les moyens de réussir. C'est un directeur à l'écoute et performant, qui n'a pas hésité à laisser sa carrière d'avocat de côté pour développer ce cabinet.

Il a renoncé à animer des procès alors qu'il s'était inscrit en droit pour cette raison. Gagner des procès. Débattre. Vaincre la partie adverse.

— J'aimerais que tu améliores tes enquêtes de satisfaction pour tes clients. Nous devons avoir une note de 5/5 pour notre image et notre crédibilité. J'attends cette implication de ta part. Je te demande ça depuis 2 ans déjà.

J'ai dû mal à me contenir lorsque je l'attend à nouveau le descendre. Mon patron ne lutte plus et se contente de subir les remarques. Je vois bien que ça le détruit de l'intérieur. Son moral est à zéro et son humeur massacrante depuis quelques jours.

Le cœur lourd, Enzo relève un regard peiné vers moi. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Je ne peux plus assister à ce spectacle sans rien dire.

Cela devient du harcèlement moral.

— Sauf erreur de ma part, intervene-je, le cabinet a déjà gagné un point sur l'évaluation générale offerte par nos clients.

— Merci Zoé mais vous n'êtes qu'assistante juridique. Alors, j'aimerais que vous évitiez les suppositions et que vous vous contentiez de prendre des notes pour me rédiger un rapport.

Il vient de rabaisser mon poste avec une telle aisance qu'on dirait qu'il ne nécessite pas un master en droit des affaires.

Les compétences et l'expérience importent peu Christopher. Ce qui le fait vibrer, c'est la supériorité hiérarchique et il joue clairement de son poste de PDG du groupe. Ce n'est pas pour autant que je vais me laisser traiter de la sorte.

Je fronce les sourcils, prête à répliquer par des propos bien sanglants quand Enzo me devance. Il se lève et plaque violemment ses mains sur la table.

— Ça suffit ! Que tu me parles de la sorte est une chose mais tu n'as aucunement le droit d'en faire de même avec mon assistante. Elle est venue ici dans l'unique but de m'aider, pas pour se faire rabaisser.

Je suis stupéfaite de voir Enzo prendre ma défense, défiant son père du regard alors qu'il n'osait pas répondre pour prendre la sienne.

Son père s'affale sur son siège et croise nonchalamment les bras. Il fixe Enzo, d'un regard intrigué.

— Je dis juste que chacun doit rester à sa place.

Sans perdre une seconde, Enzo coupe son ordinateur et le range dans sa sacoche.

— J'en ai trop entendu pour aujourd'hui. Nous rentrons à l'hôtel.

Christopher hausse un sourcil et ne bouge pas d'un centimètre, comme s'il était persuadé que son fils n'oserait jamais lui tenir tête. Pourtant, c'est ce qu'il fait.

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⏰ Dernière mise à jour : 3 days ago ⏰

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