Chapitre 24

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Zoé

— Tu vas devenir une véritable star avec cet article.

Je continue de me préparer en ignorant les idioties que me raconte mon amie à propos de l'article du début de semaine. Elle est en boucle sur ça, comme une folle, croyant que je vais devenir une star Hollywoodienne du jour au lendemain parce que ma tête est placardé sur un pauvre papier.

— L'avocat le plus convoité de Seattle. Il a l'air sacrément beau gosse ton patron.

Je place devant moi une robe noire puis une robe verte sapin. J'alterne entre les deux plusieurs fois sans parvenir à me décider.

— La noire.

Je me tourne vers Marie en la gratifiant d'un sourire.

— C'est la première chose sensée que tu dis depuis que tu as mis un pied dans mon appartement.

— Ce qui n'est pas sensé, c'est que tu essaies de te convaincre que ce baiser ne représente rien pour toi.

Je l'ignore et me dirige vers ma salle de bain. Elle me suit et pointe son doigt vers la photo d'Enzo et moi en train de nous embrasser. J'observe quelques secondes le cliché avant de détourner le regard à l'instant où je sens mon cœur s'emballer.

— Tu as carrément l'air de prendre ton pied, Zoé. Cette photo ne ment pas.

J'applique une fine couche de maquillage sur mes yeux et sur mes lèvres puis décide de laisser mes cheveux lâchés. Je regagne ma cuisine, Marie sur mes talons.

— Tu vas arrêter de fuir ?

— Je ne fuis pas. Je protège ma carrière.

— Mais on s'en tape de ce que les avocats de cette ville peuvent penser. Cette loi est bidon, il te l'a dit. Ce n'est qu'un pacte qu'ils ont inventé entre eux il y a des années. Personne n'est tenu de la respecter.

Je sors un verre de mon placard et y verse ce qu'il reste de mon vin blanc. Je reste un instant à regarder le fond de mon verre, songeant aux paroles de Marie.

— C'est ma réputation, mon image qui sont mises en cause. Cette loi des avocats n'a peut être aucune estime juridique mais le résultat est le même. Aux yeux des autres, je suis celle qui l'a rompu.

— Qui te dit que d'autres ne l'ont pas rompu ?

— Rien mais je ne veux pas que cette étiquette me colle à la peau. Je ne veux pas qu'à l'avenir on m'embauche en pensant que je suis prête à n'importe quoi pour réussir.

Je porte mon verre à mes lèvres et boit cul-sec les quelques centilitres que je faisais tourner tel le tsunami de mes pensées.

— Tu peux me dire ce que tu fais ? me questionne-t-elle en m'observant avec mon verre.

— Je me donne du courage pour ce soir.

Mon amie éclate de rire, pensant sûrement que je dramatise la situation.

— Je suis sûr que personne ne ferra attention à cette histoire.

Elle a peut-être raison. Si ça se trouve, tout le monde a déjà oublié cette histoire et je suis la seule qui en fait toute une montagne. Pourtant, je ne peux m'empêcher de penser au pire. J'imagine déjà les journalistes me sauter dessus lorsque je vais arriver en compagnie de mon patron, posant toute une horde de questions pour obtenir le moindre article, la moindre confirmation.

Je hausse les épaules, incertaine face à cette soirée qui m'attend. Marie s'approche de moi et me prend dans ses bras.

— Cette soirée va bien se passer. Et si des journalistes te mettent la pression, je suis certaine que Enzo restera à tes côtés, même si vous êtes en froid depuis quelques jours.

L'avocat de SeattleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant