L'avocat de Seattle

Chapitre 11

Enzo

Tous les moyens ont été bons cette semaine pour m'accaparer mon assistante et je dois bien l'avouer, rien de tout ça n'est très professionnel. J'en suis le premier étonné mais j'ai encore du mal à me l'avouer.

Cette femme est une bouffe d'oxygène. Un vent de fraîcheur soufflant la bonne humeur dans les couloirs de mon lieu de travail. Chaque jour, elle me salue avec son air pétillant si bien qu'elle me donne l'énergie qu'il me manque pour tenir jusqu'au soir.

Seulement, je regrette déjà mes bonnes actions car en voulant la préserver, je viens aussi de l'éloigner de moi. Je lui ai donné son vendredi et bizarrement, cette journée me paraît horriblement longue sans sa présence.

Je sors mon téléphone, une idée bien définie en tête. Je devrais faire tout mon possible pour éviter de faire ce que je m'apprête à faire. Seulement, mon cœur n'a aucunement envie de lutter contre ma raison.

Le problème : je n'ai aucune idée de comment engager la conversation de manière subtile sans paraître déplacé.

Elle va forcément finir par se demander pourquoi son patron lui envoie des messages tous les week-ends mais je n'ai moi même pas la réponse à cette question.

Je veux seulement ressentir encore ce picotement dans la poitrine qui me donne un peu de joie chaque jour. Et ce sentiment, je l'ai uniquement quand je suis aux côtés de Zoé.

Oh Enzo, tu fais une grosse connerie en ayant flashé sur ton assistante.

N'oublie pas que tu es avec Megan.

Je fais taire ma conscience et envoi un premier message plutôt banal et discret.

Enfin, je l'espère.

*

J'ai attendu toute la journée comme un adolescent que Zoé se décide à me répondre. L'attente de son message était une torture bien plus violente que celle de Megan.

Ce soir, j'ai quitté le bureau plus tôt que d'habitude pour avoir le temps de repasser chez moi avant de me rendre chez ma sœur. Alessia m'a invité pour fêter son emménagement avec Léonardo, son premier amour, dans un appartement au centre-ville de Seattle, depuis lequel elle possède une vue sur la célèbre Space Needle.

— Je savais que la vue te plairait, me dit-elle en souriant, heureuse de me voir comme si on ne travaillait pas au même endroit.

— Les levers et couchers de soleil doivent être à couper le souffle.

— Ce soir, tu ne verras que les étoiles que tu aimes tant mais promis, je t'inviterai à observer une des ascensions du soleil depuis ma fenêtre.

Je lui offre un sourire absent, le regard perdu sur Seattle. Zoé ne m'a toujours pas répondu et je commence à me demander si je ne suis pas en train de me planter. Je suis sûrement trop insistant avec elle. J'ai envie de me prendre la tête entre les mains et de comprendre pourquoi je suis devenu aussi idiot au point d'envoyer des messages à mon assistante en dehors du travail.

— Tout va bien, Lorenzo ? Tu as l'air ailleurs.

Je tourne la tête vers ma sœur mais je n'ose pas la regarder très longtemps. Elle est la seule dont je suis assez proche pour qu'elle puisse lire en moi facilement. Personne d'autre n'a ce pouvoir et ça me terrifie à chaque fois qu'elle le fait.

— Le repas est prêt, nous coupe Léo à mon plus grand soulagement.

J'ignore le regard insistant de ma sœur qui ne semble pas prête à rester sans réponse. Elle prend place face à moi, bien décidé à me torturer.