Chapitre 12

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Zoé

Cette journée a été remplie de questionnement. Enzo ne m'a pas donné de nouvelle du week-end et m'a laissé sans réponse depuis vendredi soir. Je suis un peu perdue sachant que c'est lui qui a engagé la conversation.

Aujourd'hui, mon patron est d'une humeur massacrante. Il mène la vie dure à tout le monde depuis ce matin et ne m'a pas adressé un mot. Je sais qu'il y a quelque chose qui cloche, seulement, je n'ai aucune idée de ce qui a changé depuis jeudi.

Je me suis concentrée dans mon travail jusqu'à ce que la journée passe. La soirée est tombée sans que je ne le remarque et à nouveau, je suis dans l'avant dernière de l'étage à remballer mes affaires.

Je ne peux pas rentrer chez moi sans passer par le bureau de mon patron. Il a beau m'avoir ignoré, il doit être tenu au courant des événements de la journée.

C'est avec la main légèrement tremblante et l'angoisse de me faire rembarrer que je toque à la porte de mon boss. Les secondes passent sans que j'obtienne de réponse. Je relis pour la vingtième fois la plaque sur la porte.

« L. HENDERSON »

Je me demande d'où vient cette première lettre. Je m'apprête à toquer une nouvelle fois mais ma main reste en suspens, face à mon patron qui m'ouvre la porte.

Son regard semble surpris de me trouver ici. Le mien est totalement bouleversé en voyant son état.

Ses yeux sont rougis et cernés. Il donne l'impression de ne pas avoir dormi du week-end. Ses traits sont tirés et fatigués. Son regard est vide. Il ne sourit pas. Ses épaules sont affaissées et ses vêtements froissés. Sa cravate est dénouée et de travers. Ses cheveux en bataille paraissent être le reflet de son esprit.

Je reste sur place, ne sachant pas quoi faire. Je me racle la gorge en voyant qu'il ne dit rien.

— Est-ce que tout va -

— Entrez, me coupe-t-il la parole sans prêter attention à moi.

Il referme la porte derrière lui et retourne s'asseoir derrière son bureau. A nouveau, je suis stupéfaite. Son bureau est dans un état pitoyable. Des dossiers traînent un peu partout, des feuilles sont éparpillés aux quatre coins du meuble et par terre. C'est un bazar sans nom. Je ne sais pas comment il parvient à s'y retrouver. On dirait qu'une tempête est venue chamboulée des années de travail.

Devant son silence, je décide de m'approcher face à lui, qui se tient de l'autre côté de son bureau.

— Je suis simplement venue vous informer que je vous ai envoyé mon compte rendu de la journée par mail.

Le regard absent, je ne suis même pas sûr que mon patron ait entendu mes paroles. Il fixe un point aléatoire sur son bureau et ne réagit pas. Le voir ainsi me fait de la peine. Il me paraît si perdu et désarçonné mais je n'ose pas insister. Je tourne les talons et lorsque j'arrive près de la sortie, sa voix rauque résonne faiblement.

— Zoé...

Je me retourne. Nos regards l'un dans l'autre, j'attends qu'il me parle mais rien ne vient. Il demeure silencieux et pourtant il m'a appelé. C'est à cet instant que je comprends que ses yeux me disent trois fois plus de choses que sa bouche.

Sa détresse.

Sa peine.

Son épuisement.

Je me rapproche de lui. Ses yeux ne me quittent pas une seconde. Ils me crient de l'aider.

Et ce soir, c'est comme si je le voyais pour la première fois, que je le remarquais. Réellement. Lui, l'homme et non le patron.

Il me laisse lire en lui ce soir. Il me laisse prendre conscience qu'il se surmène, qu'il a trop de pression, de travail et de responsabilité sur les épaules.

L'avocat de SeattleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant