Chapitre 18

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Zoé

Dans un restaurant à quelques pas du travail, je rejoins Alessia pour le déjeuner.

— Excuse moi pour le retard, je n'ai pas vu le temps passé.

Alessia m'offre comme à son habitude un de ses sourires rayonnant dont j'aimerais avoir la recette. Hier, j'étais d'une humeur égale à la sienne mais ça n'a pas duré longtemps. Visiblement, l'humeur d'Enzo a de nouveau déteint sur moi.

— Ce n'est rien. Alors, on fait une petite parenthèse travail pour prendre des nouvelles et je propose qu'ensuite, nous l'oublions le temps d'un repas.

— Je suis tout à fait partante pour ce programme.

— Alors dis-moi tout, comment se passe le travail ?

— Monsieur Henderson ne m'a toujours pas viré donc je suppose que c'est bon signe, ris-je.

— Tu peux l'appeler Enzo avec moi, je sais que vous avez pris cette habitude en plus du tutoiement.

Je hoche la tête. Ça me fait toujours bizarre d'appeler Enzo devant d'autres personnes, comme si ce petit truc n'était qu'à nous. Surtout, j'oublie bien trop vite qu'Alessia est sa sœur.

— Comment il va ? reprend-t-elle sérieusement. J'ai appris que notre frère est venu lui rendre visite hier.

Je plante quelques pâtes avec ma fourchette, le regard absorbé par mon plat et l'esprit ailleurs. Je m'adosse contre ma chaise avant de relever le regard vers Alessia.

— Il ne m'a pas adressé la parole, pas depuis qu'il a découvert que son frère était là. Je les ai entendus se disputer toute la journée et encore ce matin. Enzo n'est pas sorti de son bureau une seule seconde.

Alessia soupire, un air totalement désespéré sur son visage.

— Ces deux-là ne parviendront jamais à s'entendre. J'ai peur qu'ils finissent par s'entretuer entre deux dossiers.

— Je te promets que si j'entends l'un d'eux agoniser, j'interviendrai.

Ma réplique fait retrouver le sourire à Alessia qui rit à nouveau de bon cœur.

— Est-ce que je peux me permettre de demander pourquoi votre frère est ici, si l'entente avec Enzo n'est pas au beau fixe ?

— Owen tient avec notre père le cabinet mère en Italie, où nous sommes originaires. Nos parents ont parfois fait trop de différence entre nous. Nous étions quatre, j'ai conscience qu'élever autant d'enfants pouvait être compliqué pour eux. Mais, Owen est toujours passé avant Enzo. Notre père lui a donné sa place au siège pendant qu'Enzo a été laissé seul en Amérique pour développer ce cabinet. Puis, ils ont répété le même schéma entre moi et ma sœur.

— Et maintenant, Enzo déteste Owen et votre père. Alors pourquoi est-il présent ?

Alessia prend une gorgée de son soda.

— Notre père a demandé à Enzo un bilan des 3 ans du cabinet. C'est un travail colossal alors il a envoyé Owen pour lui donner un coup de main.

— Votre père n'est pas au courant de leur différend ?

— Bien sûr que si mais il est plus simple de feindre l'ignorance pour éviter d'avoir à affronter un problème. Il -

Elle s'arrête au bout milieu de sa phrase, une main sur la bouche comme si elle allait s'étouffer.

— Tout va bien ?

— Oui, ne t'en fais pas. Je dois juste aller aux toilettes. Je reviens.

Maladroitement, elle se lève et se dirige à grandes enjambées au fond du restaurant. J'en profite pour consulter mon téléphone.

L'avocat de SeattleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant