Adoptons-nous

2 | Action, réaction

Dan

Un appel d'Erika est ce qui m'a le plus surpris, jamais au grand jamais nous nous contactons directement. Je m'attendais à un problème une fois sur place. Lorsque je la vois s'avancer vers moi, je la reconnais à peine. La nana pétillante et pleine de vie a disparu, je n'aime pas ce que je ressens à ce moment là, j'évite de me mettre en colère. M'énerver sur Érika n'y changera rien. Si je choppe la personne qui l'a blessée dans tous les sens du terme, elle passera un sale moment. Érika n'est pas une amie, ni une simple connaissance encore moins une petite sœur, elle est juste elle. Je ne peux pas définir notre relation à part dire qu'elle est la petite sœur de mon meilleur pote. Petite elle me faisait rire, surtout lorsqu'elle voulait protéger son grand frère. Une véritable tête de mule qui n'a peur de rien, alors la découvrir ainsi éteinte avec uniquement la peau sur les os, me fout dans une rage folle. Je serre les dents, me mords légèrement la lèvre pour éviter de m'emporter. Je laisse filtrer un minimum de mots. Tout ce que je décide c'est qu'elle s'occupera de Chloé cet été en restant à la maison. Je ne vois aucune autre solution pour la surveiller de près. Si ses parents et son frère la voient ainsi, ils seront inquiets. Je leur parlerai lorsque Erika aura repris du poil de la bête. Nul besoin d'affoler sa famille pour rien.

- Depuis quand n'as-tu pas dormi ?

Sans me prêter plus d'attention que ça ce qui m'agace, elle me répond avec une voix faible que je ne supporte pas.

- Je ne sais pas trop. T'inquiète ça va.

J'éclate d'un rire sans joie.

- Mais bien entendu, tu vas magnifiquement bien. Tu t'es vue dans un miroir récemment ?

J'essaie qu'elle réagisse mais rien ne fonctionne.

- Non ! Pas vraiment.

Sa réponse me dérange. Elle passe son temps dans les studios de danse où les miroirs recouvrent chaque mur. Elle répond « non ». Il y a réellement un truc qui cloche. Ma mission est de découvrir ce qu'elle me cache. En attendant il est hors de question que ma fille Chloé voit Erika dans cet état, elle va l'assaillir de questions, je la connais par cœur. Comme Chloé adore Erika, elle va être également inquiète. Je décide d'appeler ma mère. La sonnerie résonne dans l'habitacle de la voiture. Érika continue à regarder le paysage sans prêter attention à ce que je fais ou non.

- Allo

- Salut Maman, j'ai un service à te demander.

- Je m'en doute sinon pourquoi appellerais-tu ?

- Pour avoir des nouvelles de ma fille.

- Que tu m'as déposée il y a moins d'une heure. Mais bien sûr. Je t'écoute.

- Peux-tu garder Chloé cette nuit.

Ma mère ricane.

- Le père et la fille sont sur la même longueur d'onde. Chloé voulait que je t'appelle justement... Attends deux secondes..... ma mère s'éloigne du téléphone.

- Chloé je t'ai dit non. Tu ne touches pas mon maquillage. J'entends ma fille en bruit de fond.

« Pourquoi mamie, moi aussi je suis une femme et en plus je suis une princesse. » J'éclate de rire et Érika également.

Ma mère revient au téléphone.

- Je te jure cette petite. Donc oui. Elle m'avait demandé si elle pouvait rester à la maison. Au fait as-tu trouvé une fille au pair à partir de la date de mon départ en vacances ?

- Oui maman, rassure-toi. J'ai la perle rare.

Je me tourne vers Érika qui étire ses lèvres doucement. Mon dieu, ses petites lèvres douces me donnent à chaque fois envie de les mordre. À quel moment j'ai dérapé là ?

- Bon tant mieux. "J'espère que ce n'est pas une fille bien" lol. Avec un peu de chance elle te plaira et tu finiras par l'épouser.

- Maman ! Ne puis-je m'empêcher de rouspéter.

- Je l'ai vu dans les cartes, c'est pour bientôt.

- Bon stop. Je n'aime pas lorsqu'elle évoque ce genre de prédiction. Elle est à fond dedans depuis que je suis petit et moi ça me gonfle.

- Ça va. Ça va, je n'ai rien dit. Oh d'ailleurs avant que tu me raccroches au nez. Fais attention à ce que tu signes j'ai vu un souci important dans ta société. Quelque chose d'illégal et de sournois.

- Oui, oui. Je ne l'écoute plus et comme ma mère a certainement dû le prédire je lui raccroche au nez.

- Tout ce que ta mère m'a prédit s'est réalisé ?

- Tu ne vas pas t'y mettre non plus.

- Non ! Je n'oserai pas. Voyons. Son ton est ironique, ce qui me rassure. Je t'expose un fait, ta mère m'a annoncé des événements qui se sont produits. C'est tout. Que tu y crois ou non c'est la réalité.

- C'est ça ! Ma mère est une grande voyante tellement douée qu'elle n'a pas vu que mon père allait nous abandonner.

- Tout de suite les grands mots. Je me souviens pourtant que quelques mois avant que tu sois père elle t'avait conseillé d'être prudent envers une fille de ton entourage qui te donnerait un enfant.

Oui, bon, d'accord. Ma mère n'a pas toujours tort, voir même rarement. Je n'ai rien à redire à ce que dit Érika mais ma fierté mal placée m'empêche de lui céder la victoire.

- Comment aurai-je pu prêter attention à ce qu'elle m'a prédit ? En ce qui concerne mes sociétés, je fais quoi ?] J'engage un audit pour être certain que tout est ok et je vérifie comme un pauvre fou si tous mes contrats sont bien légaux.

- Oui, la base quoi !

J'éclate de rire. Érika sourit plus largement. Petit à petit j'arrive à lui changer les idées. Je devrai remercier ma mère et ses fichues cartes de tarots.

- Où part-elle ?

- Oh ! Elle a décidé de partir à Madrid avec une amie.

Érika m'observe.

- Tu es certain que c'est une amie et non un ami. Je râle. Je déteste imaginer ma mère dans sa vie de femme, pour moi aucun homme ne mérite ma maman. Je suis possessif et jaloux comme enfant. Ma mère a tellement souffert quand mon père nous a quittés. Elle a mis des années avant de reprendre le dessus. Alors le moindre type qui l'approche je m'interpose, gros sujet de dispute entre ma mère et moi depuis des années. Elle ne cesse de me répéter de rester à ma place, mais elle ne comprend pas que justement c'est mon rôle. Nous approchons de la maison.

- Tu as emménagé ici il y a combien de temps ? Me demande Érika.

J'avais presque oublié que nous nous étions plus vue depuis deux ans, même si nous avons une filleule en commun, la fille de son frère, mon meilleur ami. Erika n'a pu se libérer pour l'anniversaire de Lia qui était toute triste de ne pas voir sa marraine.