11 | plongeon émotionel

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Érika,

Dans la boutique « tout pour la danse » accompagnée de Chloé, je ne peux que craquer. Je sélectionne un paire de demi pointe Sansha, mes préférés, trois justaucorps, dont deux "vivard" fines bretelles. Chloé a choisi les couleurs un turquoise et un parme, je complète par une paire de collant deux tailles au dessus pour cet hiver, un cache cœur, un petit short noir pour le stage, je n'oublie évidemment pas le sac repetto. Elle a toute la panoplie.

- Je suis trop contente Ka, merci beaucoup.

- Ça me fait plaisir.

- Érika ? C'est toi ?

Merde, je savais qu'en trainant dans ce lieu, j'allais rencontrer des visages connus. Pourtant je me serai bien passée de cette peste de Coralie. Je me tourne vers elle affichant mon sourire ultra hypocrite me faisant ressembler à une godiche mais je m'en moque.

- Coralie ! Quoi de neuf ?

Je déteste cette fille, elle ne cesse de m'écraser, d'agir soi disant mieux que moi, depuis mon départ sur Paris elle n'est plus ma concurrente, je m'étais lestée d'un poids, mais là je n'y coupe pas.

Elle fixe également Chloé, ça dure un petit moment. Coralie réfléchit quelques secondes.. enfin si elle rassemble ses neurones. Elle m'exaspère, cette grande tige d'un mètre quatre vingt, blonde décolorée, maquillée comme une voiture volée, des seins refaits, les fesses aussi d'ailleurs, son timbre de voix des plus vulgaires... bref

Hésitante elle me demande :

- C'est ta fille ?

Je souris intérieurement. J'allais lui répondre lorsque Chloé me coupe l'herbe sous le pied.

- Oui ! C'est ma belle maman.

À ces mots mon coeur se serre, je ne saurai expliquer mais entendre que je suis sa belle maman, me procure un sentiment profond de bonheur que je ne me suis jamais autorisée à imaginer.

- Je vois. Répond l'autre pimbêche. Moi je me marie bientôt, elle en profite pour me montrer la bague au doigt, un gros solitaire qui ne me fait ni chaud, ni froid. Que deviens-tu ? Tu n'étais pas sur Paris ? Tu as abandonné la danse ?

Elle serait si heureuse d'apprendre que j'ai tourné le dos à ma passion. Hors de question de lui donner satisfaction.

- Pourquoi aurai-je arrêté ? J'ai mon diplôme de prof de danse, je projette de m'installer en ouvrant mon école.

Je ne saisis pas ce qui me prend de mentir de la sorte mais j'ai l'intention de lui en mettre plein la vue. Pour une fois je m'autorise à inventer ma vie. J'ai malgré tout le cœur lourd. J'étais si fière d'avoir ma place dans cette compagnie, aujourd'hui j'ai la sensation de m'être perdue davantage aie... Je déteste ce sentiment qui me ronge.

Ne voulant pas discuter plus longtemps avec cette peste de Coralie. Je m'excuse auprès d'elle prétextant un rendez-vous important. Je passe à la caisse. En entendant le montant Chloé est ahurie, son regard se voile, je n'aime pas la découvrir ainsi. Une fois sorties de la boutique, Je l'interroge pour m'assurer qu'elle va bien.

- Qu'y a t'il ma puce, tu n'aimes pas ton cadeau.

Chloé ne me répond pas.

Je me tourne vers elle, m'arrêtant de marcher afin de la stopper également.

Je m'accroupis face à elle pour être à son niveau.

- Que se passe-t-il ? Tu peux tout me raconter.

Elle hésite un instant et ose enfin.

- Tu n'es pas fâchée contre moi quand je te désigne comme ma belle maman ?

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