Adoptons-nous

30 | Le vent tourne

Dan,

Ma curiosité vient de me jouer un mauvais tour. J'ai compris de quoi parlait Érika. Son départ est acté, pas besoin de la questionner sur ses projets, de la supplier de rester, elle a décidé pour nous sans nous laisser une chance.

Pour la première fois mon cœur chavire, cette impression d'avoir été pris pour un con. Ses mots résonnent encore en moi. « Ce que tu ressens, je le ressens également », mensonge. Tout ceci n'était qu'une illusion, Érika ne changera jamais par amour, je passerai toujours au second plan. Hors de question que Chloé en pâtisse également, son équilibre est prioritaire, Érika était une douce illusion, notre histoire aurait pu être à l'image de l'été que nous passons mais elle la rejette. Qui suis-je pour l'obliger à changer de vie pour Chloé et moi ? Personne. Une tempête foudroie sous mon crâne. Aucun mot ne sort de ma bouche durant toute la fin de journée.

Enfermé dans mon bureau, je rumine, ma comptabilité n'avance pas et mon dernier chantier s'est annulé. Ma jambe tressaute sans arrêt, signe que ma nervosité grimpe en flèche.

Je sursaute à la sonnerie de mon smarphone, le mot « maman s'affiche ». Exaspéré par sa clairvoyance habituelle, je décroche, agacé.

- Maman ! Bonjour !

Je ne devrai pas lui parler de cette manière, j'en ai conscience mais il m'est impossible de me contenir.

- Bonjour mon fils, c'est toujours un plaisir de ressentir ta bonne humeur.

En une phrase ma mère arrive à me redonner le sourire, une véritable magicienne.

- Désolé, je ne suis pas d'humeur.
- Sans blague.

Ma mère et son ironie !

- Je t'appelle pour t'avertir que je rentre plus tôt.
- Pourquoi ?

Elle est incapable de rester trop longtemps loin de nous. C'étaient les premières vacances que ma mère s'offrait depuis deux ans. Vanessa, sa meilleure amie, a réussi l'exploit de l'emmener avec elle. Quand je dis emmener le mot est faible, Vanessa ne lui a pas laissé le choix, comme elle vient de divorcer elle souhaitait la présence de ma mère pour lui remonter le moral.

- Vanessa m'épuise.

Comme si c'était possible.

- Man, je vous connais toutes les deux, dis moi ce qui se passe ?

La voix de Vanessa s'élève derrière celle de ma mère.

- Ta mère est jalouse parce que je m'envoie en l'air avec un petit jeune, alors elle boude. Ta mère est incapable de se lâcher.
- Mais... tais-toi !

Maman n'aime pas que l'on aborde ce genre de sujet lorsque je suis dans les parages.

- Non mais détends-toi Nat, il est majeur ton gamin, il s'envoie en l'air aussi.
- Vanessa, arrête de te servir du vin, tu as suffisamment bu.

Je ne peux m'empêcher de rire en les écoutant toutes les deux.

- Tu comprends pourquoi je veux rentrer plus tôt !  Non mais Vanessa... Arrête.
- Maman ? Je suis toujours en ligne avec toi.
- Oui oui, désolée. Je vais dans ma chambre ne quitte pas.
- Maman tu peux converser pendant que tu marches.

Mon humeur remonte en flèche grâce à ces deux femmes.

- Je rentre plus tôt voilà. Vu le ton de ta voix lorsque tu as décroché, tu as besoin de moi à tes côtés.
- Maman !

Ne puis-je m'empêcher de râler.

- Érika est sur le départ, je dois te seconder pour la garde de Chloé.