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Chloé

- Mamie, quand partons-nous voir Clovis ?
Ma grand-mère lève les yeux au ciel tout en me préparant mon petit déjeuner.

- Quelle impatience ce n'est pas possible. Mange et nous prenons la route.
Bien entendu je veux déjà y être mais connaissant ma grand-mère si je ne mange pas, elle me fera les gros yeux comme elle aime si souvent le faire. C'est en râlant que je m'installe à table pour boire mon jus d'orange pressé et manger mes tartines de pain à la confiture de fraises faite maison.

- Arrête de râler. Tu vas le découvrir ton petit frère. Tu crois que je ne suis pas pressée, moi !
- Bien sûr. Bien sûr.
Lasse je réponds à ma grand mère qui a toujours le dernier mot et toujours raison. Mon petit frère est né ce matin à six heures. Hier papa m'a déposée en panique chez mamie, Érika avait des contractions ce qui annonçait l'arrivée de Clovis. J'avais trop hâte, j'ai eu un mal fou à m'endormir, heureusement j'ai bénéficié d'une séance de relaxation de qui m'a bien détendue.

- Chloé ?
La voix de mamie me ramène à la réalité. J'étais dans mes pensées.

- Oui, désolée je songeais à la naissance du bébé.
Un sourire affectueux s'installe sur le visage encore endormi de ma grand-mère.

- Je comprends. Tu es grande sœur à partir d'aujourd'hui.
- Oui.
Effectivement, je suis une grande sœur et je veux jouer mon rôle convenablement. Depuis le temps que je rêvais d'avoir un petit frère ou une petite sœur. Lorsque papa et Ka m'ont annoncé que je n'allais plus être fille unique j'étais trop heureuse, non pas que je m'ennuyais toute seule mais toutes mes copines ont des frères et sœurs sauf moi et j'en ai marre d'être la fille sans maman qui n'est pas comme tout le monde.

- Et toi grand-mère pour la seconde fois.
- Effectivement.
Mamie est tout aussi heureuse que moi, surtout de retrouver le sourire d'Erika et de l'entendre à nouveau plaisanter et rire. J'ai eu très peur de sa perte de poids des premiers mois. Elle dissimulait sa tristesse de son mieux mais je pouvais la lire dans son regard et ça me peinait. Papa m'a longuement expliqué qu'il était difficile pour eux de concevoir un bébé. Il m'a demandé d'être patiente et d'arrêter de réclamer à tout va un petit frère ou une petite sœur. Je l'ai écouté et j'ai confié à mamie mes envies d'être grande sœur, c'était une obsession, elle m'a révélée que ce n'était pas une obsession mais un ressenti que je n'arrivais pas à gérer. D'après elle je lui ressemble. Je suis capable de ressentir l'avenir.

J'ai un peu de mal à y croire même si depuis toute petite des événements me paraissent évidents. Comme pour Ka, j'ai toujours su au fond de moi qu'elle serait ma belle mère. Lorsque je rencontrais Jonathan et sa femme j'avais toujours envie de les appeler tonton et tata. Papa pensait que c'était parce que Jonathan était son meilleur ami mais la vérité est que j'ai toujours su que la famille d'Erika serait la mienne. J'ai également toujours considéré Magalie et Étienne comme mes véritables grand-parents.

- Tu n'as pas faim ce matin ?
Me demande mamie sans me lâcher du regard. Sur le ton de l'ironie je lui réponds :

- Être grande sœur est déjà très prenant et fatiguant.
Ma grand mère éclate de rire et je l'accompagne.

Sans attendre j'engloutis mon petit déjeuner pour que nous soyons libres de nous mettre en route.

Je marche dans les pas de ma grand-mère, au plus j'avance au plus je me rapproche de mon petit frère, je suis dans un tel état de nervosité... Observer le ventre de ka s'arrondir m'a bien préparée à l'arrivée de mon petit frère et j'imaginais que ce serait une simple formalité mais en réalité je suis en stress, pressée et heureuse, j'ai envie de courir dans les couloirs mais mamie m'a déjà repris tout à l'heure lorsque je me suis précipitée dans l'ascenseur, elle m'a signifié que nous n'étions pas seule. Dommage.

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