Dan,
Ce matin, je suis parti tôt de la maison, ce besoin de me retrouver sur le chantier pour me défouler et penser à autre chose qu'à cette fichue question qu'Erika m'a posée. « Pourquoi ne me suis-je pas marié ? ». Je suis en colère, Érika connaît mon histoire alors à quoi joue t'elle ? La demande n'a rien d'une pique, elle est sincère, c'est ce qui m'a le plus dérouté. Pourquoi ? Merde ! Je deviens dingue. Recevoir Érika à la maison n'est pas la meilleure idée du siècle pour que je conserve mon self contrôle.
J'ai des soucis bien plus importants qu'Erika, ma société, je tente de me vider l'esprit en bossant. Je suis sur un projet de rénovation de maisons, mon rôle : leur rendre leurs lettres de noblesse après qu'elles soient laissées à l'abandon plusieurs années, ce métier me donne l'impression de remettre de la vie et de bonnes vibrations dans les habitations de chacun. C'est tellement important de se sentir bien et en sécurité chez soi dans un lieu reposant où nous pouvons évacuer tout ce qui nous tracasse. C'est en tout cas la mission que je me donne. D'après ma mère j'aurai le don de nettoyer les logements. Comme je n'ai pas envie de croire à ses délires de sorcières je ne la contredis jamais sous peine qu'elle me punisse. Oui malgré mes trente ans ma mère a toujours ce pouvoir sur moi, celui de me taire lorsqu'elle s'énerve.
La journée ne se déroule pas vite, j'accumule les soucis sur le chantier. J'ai besoin de m'accorder une pause pour me rafraîchir et manger. Je n'ai pas pris de repos à midi. Je cherche mon portable pour regarder l'heure. Lorsque je le récupère, de nombreuses notifications s'affichent et je grogne. Je vérifie qu'il n'y a aucun message urgent de ma fille, de ma mère et de Érika. Rassuré je pourrai consulter mes messages plus tard. Là je n'ai franchement pas la tête à lire tout et n'importe quoi.
Je m'apprête à reprendre le travail, lorsque je suis interrompu.
- Vu que tu ne décroches pas, j'ai recherché le chantier sur lequel tu travaillais en ce moment.
Damien, aux yeux de rapace d'un noir sombre, à la démarche sur joué démontrant qu'il est mal à l'aise, les mains dans les poches de son pantalon de costume Hugo boss, chemise blanche étincelante alors que moi je suis en tenue crade de gars de bas étages. À quel moment ai-je cru que c'était une bonne idée de m'associer à ce type ? Je me rends seulement compte aujourd'hui que nous sommes aux antipodes l'un de l'autre. Mal à l'aise il approche en tentant de ne pas se salir, regarde le chantier avec dégoût. Je suis ses yeux, me disant que j'aime découvrir les maisons dans cet état, c'est un moment de
mise à nu nécessaire.- Que fabriques-tu ici ? Demandai-je à mon futur ex associé. Les chantiers ne sont pas ton truc. Je t'ai déjà dit de ne pas venir habiter ici, tu vas te salir. Je passe la main sur mon visage pour rester calme.
Damien rit faussement. Je découvre son véritable visage, celui d'un hypocrite arrogant qui se prend pour ce qu'il n'est pas. Je suis conscient que la boîte tourne grâce à mon travail, il y a plusieurs mois que je l'ai constaté et que je lui en ai fait part, il a haussé les épaules en me rappelant que sans lui, sans son argent surtout je ne serai pas où j'en suis, sauf que moi aussi j'ai mis de l'argent dans cette boîte et heureusement. J'ai même soixante cinq pour cent des parts de l'entreprise, d'où l'interrogation sur l'expert comptable concernant la vente d'actions. Légalement j'ai mon mot à dire, heureusement que Christophe m'a tenu informé de ce qui se trafiquait.
Découvrir Damien ainsi, me fait prendre conscience que ce type me prend pour un con.
- Je t'invite dîner, c'est moi qui régale. Tu peux être accompagné d'ailleurs, bon évite ta fille. Le lieu ne se prête pas aux enfants.
Le dédain dans sa voix lorsqu'il parle de ma fille, me donne l'idée de l'enterrer sous une plaque de béton. Je me retiens, comme je peux. J'aimerai lui mettre mon poing dans la figure ou mieux dans l'estomac, il a toujours des problèmes de digestion, c'est peut-être la solution, un bon coup bien placé pourrait le débloquer. Je ne peux m'empêcher d'étirer les lèvres à cette perspective.
- Oh je vois, tu viendras accompagné demain ?
Je me reprends aussitôt mais de quoi parle cet abruti ! Je ne réponds pas.
- Effectivement, pourquoi ?
- Non, pour rien. Je te présenterai ma fiancée. J'ai hâte.
Sa fiancée j'ai envie de rire ou pleurer à force je ne sais plus comment je dois réagir avec lui.
- Mmm ! C'est tout ce que je réponds.
Damien me regarde de haut en bas.
- Mets un costume, tu seras plus présentable.
- Pourquoi devrai-je être présentable ?
Il détourne le regard. Le nombre de fois où il a agi de cette façon avec moi. Maintenant je comprends que s'il se comportait de la sorte c'était pour me mentir. J'espère sincèrement que ses magouilles se sont limitées à ce que j'ai appris. Si ce type a détourné de l'argent je ne répondrai plus de rien.
- C'est une soirée spéciale. Dit-il gêné. Tous ces petits détails me sauten taux yeux aujourd'hui.
Je ne suis qu'un con de ne rien avoir remarqué plus tôt. Trop gentil, trop naïf, j'ai bu les paroles de ce manipulateur. Alors je vais le répéter, ma mère a raison. Fait chier.
- Bien, je serai là, envoie moi par sms le lieu et l'heure. Ne traîne pas trop ici tu risques d'abîmer ton costume de PDG.
La réplique l'amuse beaucoup, moi non. S'il savait que je suis au courant. Je croise les doigts de ne pas découvrir d'autres cachotteries. La confiance n'y est plus, c'est évident. J'ai hâte de rompre l'association avec ce type.
- Ça marche ! Comme tu le sais je n'aime ni la poussière, ni les projections de peinture. Enfin tu vois.
Ce que je constate surtout est l'écœurement qui s'affiche sur son visage. Il quitte les lieux et soupire.
Je reprends mon portable en main pour vérifier si j'ai des nouvelles de Christophe. Je constate que c'est le cas.
« Je n'ai pas eu le temps de te prévenir mais nous avons signé ce matin la cession des parts de ta société. J'espérais que tu y participerais mais ton associé et ton expert comptable ont prétexté que tu étais trop occupé. J'ai l'impression que tu n'étais pas au courant. »
Je ferme les yeux quelques secondes pour canaliser ma rage. La main sur le visage j'ai envie d'hurler. Je me sens trahi par des types que je pensais sérieux. Je m'en veux à un point qui m'étouffe. J'ai du mal à respirer. Je vais dans ma voiture, récupérer mon vieux paquet de cigarette que je planque sous mon siège. Je m'allume rapidement une clope, je tire dessus pour me calmer. Je réponds à Christophe.
« Je n'étais pas au courant. De plus cette saloperie vient me narguer sur le chantier. Il était encore présent y a quelques secondes ».
Je ne sais plus quoi penser. Ce qui est certain est que je ne suis pas en état de continuer mon boulot pour aujourd'hui. Heureusement j'avais pris de l'avance je peux me permettre une interruption. Quelques achats dans un magasin de bricolage me calmeront.
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Adoptons-nous
RomanceErika fuit Paris pour retourner dans sa ville natale, le seul soucis est qu'elle ne veut ni prévenir ses parents, ni son frère de son retour. Une seule personne pourrait l'aider, seulement Erika hésite à l'appeler... Osera t'elle ? Comment va-t-il...