Adoptons-nous

4 | Secousse

Dan,

Mon téléphone sonne de bon matin. « Les affaires reprennent ».

- Allo ?
- Dan, bonjour c'est Christophe le beau père de Jonathan.
- Oui bonjour Christophe. Comment vas-tu ? Que puis-je faire pour toi ?
- Bien merci. J'ai une question à te poser
Christophe habituellement direct, ne l'est pas, ce qui attise ma curiosité.
- Je t'écoute.
- Ta société c'est bien « les bâtisseurs de demain » ?
- Oui pourquoi ?
Mon instinct me dit que je ne vais pas apprécier ce que je vais entendre.
- Tu es associé ?
- Oui. Je commence sérieusement à avoir peur.
- Écoute, ton associé cherche à vendre ses parts de votre société. Étais tu au courant
- Non ! J'écrase le poing sur mon bureau de colère.
Tout sauf ma société. Je ne peux me permettre un seul faux pas.
- C'est ce qu'il me semblait. Puis-je passer te voir pour en discuter j'ai une solution à apporter.
- D'accord. Tu es disponible quand ?
- Maintenant si ça te convient. Nous devons réfléchir et agir rapidement.
- Bien entendu. Tu connais mon adresse. Je t'attends.
- J'arrive d'ici une trentaine de minutes.
- Ça marche.

Nous raccrochons. Je prends un temps pour encaisser ce que je viens d'entendre. Je m'abstiens momentanément d'appeler mon connard d'associé, Damien. Depuis plusieurs mois nous n'arrivons plus à nous entendre. Je voulais que nous en discutions mais il a toujours prétecté des excuses pour annuler nos rendez-vous. Dans un mois nous avons rendez-vous chez l'expert comptable pour une « conciliation » à ma demande. Je bosse comme un dingue sur les chantiers pendant qu'il s'occupe de la gestion, mais il prend des décisions sans m'avertir. Il s'engage sur des chantiers que je ne peux pas assumer, étant déjà surbooké. J'ai voulu embaucher une personne supplémentaire mais il ne m'a jamais répondu je suis donc passé par l'expert comptable.

Je sors de mon bureau pour me rendre dans la cuisine.

- À peine debout et déjà de bonne humeur ! C'est chouette de vivre avec toi.

La voix d'Erika... je réalise que j'ai oublié sa présence et que Christophe ne va pas tarder.

- Un problème ? Me demande-t-elle.

- Effectivement, gros problème professionnel. Mon associé cherche à vendre les parts de la société sans me prévenir. Christophe l'a appris hier,
Érika ne répond pas, elle va dans la cuisine préparer un café qu'elle me tend.

- Tiens, me dit-elle. Ça va t'aider à réfléchir.

- Merci !

- De rien, et donc comment vas-tu intervenir ?

- Je n'en sais rien. Christophe arrive pour en parler.
Nos regards se croisent. Erika se fige un instant.

- Tu ne lui as rien dit ? Me demande t-elle.

- Rien !

- Je ne veux pas que mon frère soit au courant de ma présence ici.

- Je sais ! .
Érika paraît soudainement soulagée.

- Désolée, je comprends à quel point ta situation est critique, je n'ai pensé qu'à ma petite personne.

Je souris en retenant le vacherie que j'étais prêt à lui balancer.

- Oh ça ne va pas le faire. Si tu ne répliques pas, je vais me sentir mal. Vraiment très mal à l'aise.

J'éclate de rire.

- Au moins tu es au courant que tu ne penses qu'à ta petite personne.

- Ah ! Voilà ! c'est le vrai Dan. Ne change surtout pas pour moi. Bon je m'enferme dans la chambre pendant ton entrevue avec Christophe en espérant qu'il ne prolonge pas jusqu'au déjeuner.