14 | C'est pas le tout il faut affronter maintenant

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Dan,

Ce matin, j'affronte Érika, pas le choix. Elle dort encore sur le canapé, je ne sais pas à quoi j'ai joué hier soir mais j'ai fait le con c'est certain. Sans bruit je m'aventure dans la cuisine pour me servir un café. Du coin de l'œil, je remarque Érika qui s'étire, mon ventre se noue, je ne me rappelle pas du tout, quelles phrases je lui ai sorties. « Quel con ».

Érika approche, je simule une grande concentration sur ma cafetière.

- Pas besoin d'être gêné. Dit-elle la voix à moitié endormie.

- Si tu le dis.

- C'est bon. Prépare moi un café. J'ai super mal dormi avec tes conneries.

Pas besoin de lui balancer une pique elle a raison. Je lui sers son café.

- Érika, tu vas trouver que j'abuse, mais peux-tu me rendre un service ?

Étonnée, Érika pose la tasse de café sur le plan de travail de la cuisine.

- Ce soir, j'ai un repas avec mon futur ex associé et Christophe. Peux-tu m'accompagner ?

Érika me fixe, sans répondre. Je ne sais pas à quoi elle pense, mais elle buggue.

- Érika ? C'est d'accord pour toi ou pas ?

- Euh.... Oui... mais... d'accord. Pour Chloé ? On agit comment ?

Je souris. Remarquer qu'elle s'inquiète pour ma fille m'attendrit toujours.

- Ne te préoccupe pas je vais appeler ma cousine. Elle se fera une joie de s'en occuper.

- Ta cousine ? M'interpelle t'elle.

- Oui, la grande rousse que tu prenais pour ma nana, est en réalité ma cousine.

- Non ? T'es sérieux ?

- Bah oui !

- Je n'y crois pas. Enfoiré. J'avoue m'être amusé il y a quelques années à rendre jalouse Érika avec la complicité d'Alexandra.

Je hausse les épaules l'air innocent..

- Ce n'est pas de ma faute si tu as mal compris.

- C'est ça ! Dit-elle agacée.

- Quoi ? Tu étais jalouse ? Je la taquine.

- Autant que toi lorsque je repars avec des mecs en fin de soirée.

Bon là, elle gagne, ce petit jeu ne m'amuse plus trop. Érika éclate de rire.

- Désolé pour hier soir. Je lâche ma petite bombe, je n'ai pas envie de parler de mes conneries. Je m'en veux de m'être comporté ainsi, surtout que je m'étais juré depuis la naissance de Chloé de ne plus boire.

- Pas la peine. N'en parlons plus, on efface. La soirée d'hier n'a jamais existé.

- Si seulement... Je laisse échapper ma frustration.

- Dan ! C'est bon il ne s'est rien passé. Alors arrête. Je sais que tu t'étais juré de ne plus te mettre la tête à l'envers lors d'une soirée. Je comprends. Ton passé avec la mère de Chloé t'a marqué, mais ça ne se reproduira pas. Alors détends toi. Ce n'était que moi hier, pas une dingue de passage qui veut se faire mettre en cloque par le premier mec canon qu'elle rencontre.

- On va dire cela.

- Tout à fait, conclut Érika. Pour ce soir, décontracté ou soirée guindée ?

- Guindée, on sort le costume et la robe de soirée,

- Bien, j'ai une robe qui fera l'affaire.

- Tant mieux. Je rentrerai plus tôt et sobre. Promis.

- N'oublie pas d'appeler Alexandra.

- Oui, madame, ne puis-je m'empêcher de lui répondre. Je me prépare et je retourne sur mon chantier.

- Tu en as encore pour longtemps ?

J'aime qu'Erika s'intéresse à mon travail ? Oui, un peu. Comment vais-je survivre lorsqu'elle repartira vers sa vie personnelle dont je suis exclu ?

- Un bon mois, si tout va bien. Il y a toujours quelques aléas. Pour le moment je suis dans les temps.

- Super ! Dan ! Ne te prend pas la tête de nouveau, tu gères très bien tes affaires. Ce qui t'arrive en ce moment ne peut être que bénéfique. Ai confiance en Christophe, il a du flaire pour les bonnes affaires. Je suis certaine qu'il t'aidera dans le développement de ta société.

- Merci. Ne puis-je m'empêcher de répondre. Je rêve de la serrer dans mes bras mais je me retiens une fois de plus et me dirige vers la salle de bain pour me changer les idées.

La journée se passe, je galère un peu. Je ne cesse de penser à la soirée d'hier et bien entendu à m'en vouloir. Le passé m'est revenu en mémoire. Cette fameuse soirée où j'ai picolé par frustration, jusqu'au trou de mémoire. Me réveiller auprès d'une nana que je ne reconnaissais même pas, un simple coup d'un soir. Je la retrouve trois mois plus tard, m'annonçant que j'allais être père. Elle pleurait en m'expliquant qu'elle ne pouvait plus arrêter la grossesse. J'ai grandi sans père et il était hors de question que mon enfant connaisse le même sor que moi. Alors j'ai assumé, sans me mettre en couple, je l'ai accompagnée pendant toute la grossesse tout en travaillant comme un dingue. Une fois Chloé née, sa maman m'annonçait qu'elle n'aurait jamais la force d'élever notre fille seule, j'ai proposé de l'aider mais quelques jours plus tard, elle quittait l'hôpital en abandonnant notre fille. Depuis ce jour je me suis occupé seul de Chloé. Je n'ai jamais eu de nouvelle de cette nana d'une nuit, mais j'étais père et toute ma vie a changé. Finalement ma fille grandit sans maman, comme j'ai grandi sans père. Ma mère a tout fait pour m'épauler, sans elle, je n'aurai pas réussi à tout mener de front. Ma plus grande peur aujourd'hui est que cette femme revienne me réclamer Chloé. Je vis avec cette épée de Damoclès au dessus de notre tête, j'en fais des cauchemars.

Je n'ai jamais compris ce que la mère de Chloé attendait de moi exactement : une vie commune, un mariage ? Il en était hors de question. Assumer mes responsabilités était une évidence surtout pour ce bébé qui n'avait rien demandé. Mais hors de question de me lier davantage à la maman, nous aurions pu être amis et partager la garde de Chloé. Finalement rien ne s'est passé comme je l'aurai voulu ou imaginé.

Aujourd'hui ma fille souffre de ne pas avoir de maman même si elle me soutient le contraire. Cette petite est bien trop mature pour son âge c'est pour cette raison qu'elle consulte une pédopsychiatre depuis des années. Il m'arrive également de consulter pour vider mon sac et me plaindre lorsque je ne me sens absolument pas à la hauteur dans mon rôle de papa solo.

Depuis la naissance de Chloé je bosse comme un acharné pour lui offrir le meilleur. Alors boire comme hier soir à cause de mon futur ex associé n'était pas la meilleure idée du siècle. Sans oublier que j' ai déballé à Érika ce que j'avais sur le cœur. Bien entendu elle n'a rien relevé, comme d'habitude le déni est une habitude chez elle, comme la fuite d'ailleurs...

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