32 | Le chaos

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Dan

Les mots de Jonathan tournent en boucle.

« Avec Érika vous ne faites que de la merde, sauf que cette fois, Chloé était présente. Alors pose-toi la question Dan, est-ce que ça valait la peine de provoquer ma sœur et d'oublier Chloé ? «

La réponse est simple, ça ne valait pas le coup. Je suis toujours devant la maison en boxer. Jonathan est parti depuis au moins cinq minutes.

J'ai dessoûlé d'un coup en entendant le voix de ma fille, le mot valise a résonné tellement fort, que mon cœur aurait pu s'arrêter.

Érika est partie avec sa valise, la connaissant elle ne reviendra pas. Je passe les mains sur mon visage. J'ai merdé, les paroles de Jonathan continuent à me marteler.

Je revois ma fin de soirée, sortant de la boîte avec l'idée de génie d'amener une femme, n'importe laquelle chez moi, pour donner une leçon à Érika, qu'elle comprenne que je ne l'attendrai pas éternellement. Christophe a voulu m'arrêter m'expliquant que j'allais  foutre en l'air notre probable relation. Bien entendu je ne l'ai pas écouté, l'alcool a contribué à oser l'inconcevable. J'ai oublié la présence de Chloé, jamais je ne l'avais mise de côté à ce point. L'alcool m'a toujours joué des tours, on dirait que je ne retiens jamais la leçon. Ma rage devait s'exprimer par le biais de la vengeance, constater la souffrance dans les yeux d'Erika. Je n'ai pas pu observer son regard, mais la surprendre quitter la maison avec sa valise et ma fille a provoqué un électrochoc. « Game over Dan ». Je ne suis qu'un con, j'ai tout bousillé. Il me serait possible de passer mes nerfs sur la femme qui m'a suivi chez moi, je ne serai pas aussi lâche. Il est vrai que cette grande blonde s'est accrochée à moi toute la soirée. J'ai cédé à la facilité en la ramenant dans mon antre, là où personne n'entre jamais. C'est "merde", il n'y a pas d'autres mots.

- Tu vas rester ici encore longtemps ?

L'agacement dans la voix de mon coup d'un soir ne m'échappe pas et j'en ai strictement rien à battre de son avis.

- Non !

Mon ton est glacial. Sans lui prêter plus d'attention que ça, je pénètre chez moi, elle me suit. Je cherche son prénom mais il ne me revient pas. De mieux en mieux. « Bravo Dan »

- Vu ton humeur, j'imagine que je peux me rhabiller.
- Excellente idée.

Ne puis-je m'empêcher de lui répondre froidement. Je n'ai qu'une envie qu'elle dégage de la maison au plus vite. Je l'observe deux secondes : une fausse blonde, aux seins, tout, sauf naturels, le maquillage a dégouliné sur son visage. L'image est loin d'être sexy. Je ne peux m'empêcher de réfléchir à ce que j'ai fichu cette nuit.

- Super ! Tu me payes le taxi, hors de question que je rentre à pied.

Aboie-t'elle, c'est de bonne guerre. Je l'ai prise pour une conne, elle aussi.

- Ouais.

Ma voix n'est pas pour autant aimable. La colère qui monte en moi est sur le point de rejaillir sur quelqu'un. Manque de bol, c'est elle qui est dans le viseur. Alors je prie pour qu'elle dégage au plus vite. Je me prépare un café sans en proposer à mon invitée. Sur un ton aussi sec que le mien elle me demande.

- Ta salle de bain ?

Sans dire un mot, je désigne du doigt où elle se situe. En furie, elle part s'enfermer à l'intérieur. Tout ce que j'arrive à penser est que vu son état elle a raison de prendre une douche avant de déguerpir et je peux le lui accorder.

Mes réflexions s'égarent à nouveau en imaginant Érika et Chloé derrière la porte de ma chambre écoutant une folle qui ne cesse de glousser. Sur le coup ça me plaisait, voir même m'excitait, mais tout s'est vite arrêté lorsque la voix de ma fille est arrivé jusqu'à mes oreilles. J'ai réalisé le merdier dans lequel je me trouvais.

Je regarde vers la piscine où je découvre une serviette, celle d'Erika. Je réalise que mon plan a trop bien fonctionné. « Ne me dis pas qu'elle était dans la piscine lorsque je suis rentré ? »

- Tu disais ?

M'interpelle Barbie aux faux seins. Obligé de revenir à moi pour affronter le regard de celle qui a failli être mon coup d'un soir. Même douchée elle ne me plaît pas davantage. « Je ne suis qu'un connard »

- Je pensais tout haut désolé.
- Tu es marié et ta femme était à la maison c'est ça ?

Il ne manquait plus qu'elle tente d'analyser la situation. Franchement je ne souhaite pas en supporter davantage. Je pose du cash sur la table de cuisine.

- Appelle toi-même un taxi, ce fric devrait te suffire.

Je suis dégueulasse, j'en ai conscience. Inutile de rester dans la cuisine, je souhaite une douche froide et je fuis dans la seconde salle de bain, hors de question que je passe après Barbie.

- Claque la porte en sortant.

Barbie se rebelle bien entendu je ne l'écoute pas. J'ai cru entendre les mots « pute et enfoiré » mais je n'en suis pas certain.

L'eau froide me rafraîchit, ce n'est pas pour autant que mon cerveau cesse de cogiter, bien au contraire. « Aurai-je dû retenir Érika ? Non ! Pas devant Chloé ». « Pourquoi ai-je été aussi con ? ». La réponse est simple. Jonathan a raison, je désire Érika mais dès que c'est sur le point de se produire elle comme moi foutons tout en l'air. Je m'appuie aux parois de la douche, la fatigue et mes réflexions m'assomment, il me faut dormir. J'arrête l'eau, sors de la pièce espérant qu'il n'y ait plus personne chez moi, J'attrape la serviette et me sèche rapidement. J'enfile mon boxer et fais un tour rapide de la maison, Barbie est repartie, la chambre d'Erika est vide, si j'avais encore un doute, je ne l'ai plus. Je regagne ma chambre, ouvre la baie vitrée pour aérer la pièce, je vire les draps de mon lit afin d'effacer les traces de mes conneries. Je récupère sur ma table de nuit mon smarphone et sans trop réfléchir je rédige un message pour Érika.

« J'ai déconné, je le sais. Nous devons parler. » Pas d'excuse, aucune explication supplémentaire, ça ne sert à rien. Les faits sont les faits. J'assume.

Je récupère dans ma penderie des draps propres et des taies d'oreiller et refais mon lit. Mon téléphone vibre, C'est Érika... les battements de mon cœur accélèrent.

« Je n'ai pas envie de parler. »

Son message provoque une déflagration en moi. L'envie d'hurler m'anime. La seule réponse que je peux lui donner est  :

« Hors de question de fuir à nouveau. Nous devons parler une bonne fois pour toute. Arrêtons de jouer ».

Sa réponse est quasiment immédiate.

« Je n'ai jamais joué »

Je ris agacé. Si elle était face à moi je la secouerai.

« Non tu as fui ».

Je souffle en faisant les cent pas.

« J'ai raison vu ce qui se passe. »

Je hurle dans ma chambre, besoin d'évacuer la frustration et la colère qui me rendent dingue.

« Je sais où tu es, que tu le veuilles ou non, j'ai des choses à dire et tu les entendras, c'est non négociable ».

Je tremble de nervosité, mon cœur ne cesse d'accélérer j'ai des difficultés à respirer, mes idées s'embrouillent. Je m'en veux ainsi qu'à Érika.

« Lâche l'affaire »

« Certainement pas, tu crois que je n'ai pas compris que tu allais à nouveau partir pour danser. Je ne suis pas dupe Érika, ton silence, la distance de ces derniers jours résumait ce que je voulais savoir ».

« Alors tout est clair, pas besoin d'explication »

Je balance mon portable à travers la pièce. je souhaite dormir mais ça m'est impossible. Je récupère mon smarphone qui n'est pas cassé, au moins une bonne nouvelle, je finis de m'habiller, récupère mes clés. Dans le garage j'enfile mes baskets, besoin d'évacuer... courir est la seule solution pour me remettre les idées en place.

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