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Érika

Je ne pensais pas revenir à la maison ce soir. Ma mère est aux anges, tandis que mon père reste distant ce qui n'est pas son style, son regard me perce à jour, mais il ne peut rien deviner même s'il est policier. Maman installe Chloé devant un dvd de Barbie en version sirène. Je ne me souviens plus trop de l'histoire même si c'était l'un de mes ancien dvd. Bien entendu Chloé est aux anges. Ma mère me fait signe de la suivre dans la cuisine où se trouve déjà mon père. Quand c'est le moment, il faut y aller. Je m'arme de courage et j'affronte.

- Sais-tu que tu es connue sur Toulon ? Bien entendu on m'a rapporté ta présence en ville. Tu croyais passer inaperçue ?

Pas de doute mon père attaque.

- Ce n'est pas comme si je me cachais non plus !. Osais-je répondre.
- Effectivement, réplique-t-il.

Ma mère garde le silence nous laissant tous les deux nous prendre la tête. L'air de rien elle a l'habitude de nos chamailleries. Elle attend son tour, contre le plan de travail, les bras croisés contre sa poitrine.

- Bon ! continue mon père, tu nous expliques la raison de ton retour dans notre région et chez Dan de surcroît.

Maman affiche un petit sourire de satisfaction, je  peste intérieurement.

- Oh non ! Il ne se passe rien avec Dan.
- Dommage. Réplique ma mère.
- Mwouais on s'en serait douté, rouspète mon père.

Je me braque.

- Comment tu t'en doutes ? Ne puis-je ajouter.
- Dan t'approchera, le jour où tu ne placeras plus la danse avant lui, si d'ici là il ne se trouve personne. Bref, cela ne répond toujours pas à ma question.

Depuis quand mon père est-ilm devenu aussi clairvoyant sur ma relation avec Dan ? Le fait qu'il énonce qu'il pourrait se mettre en couple me dérange bien plus que prévu. La danse a toujours été ma priorité comme celle de Dan est le bonheur de Chloé.

C'est le moment de me confesser aux parents.

- J'ai quitté Paris sans me retourner, car le chorégraphe de la compagnie pour laquelle je travaille me harcèle.
- Quoi ? Hurle mon père.

Le visage de ma mère horrifiée, me serre le cœur. Je ne voulais pas en ajouter une couche. Je m'en veux terriblement.

- Pourquoi ne nous as tu rien dit ? Continue t'il.
- Je.... Mes mots meurent dans ma bouche. Je ne sais pas quoi ajouter.
- Quoi ? Me questionne à nouveau mon père toujours en colère. Tu penses que nous ne sommes pas capables de te venir en aide ainsi que ton frère, tu crains que je m'en mêle.

Papa est si agité, que ma mère le calme.

- Ça va aller mon chéri. Laisse lui le temps de s'expliquer. Tu vois bien qu'elle a des difficultés à parler.

Mon père fixe ma mère, laissant un instant de flottement entre eux. Papa se calme... maman a ce pouvoir magique sur lui.

- Ok ! Ok ! Finit-il par abdiquer. Tu restes ce soir ?
- Papa ! J'ai Chloé avec moi. Je suis ici pour la garder cet été.

Mon père ouvre grand les yeux d'étonnement, puis il  soupire d'un coup.

- Appelle Dan pour qu'il récupère Chloé, au pire des cas, elle dort à la maison nous avons de la place.
- Dan est en déplacement sur Lyon.
- Ok, donc tout le monde reste. Mag, prépare les chambres tu veux bien ? Érika avertit Dan.

Ma mère ne répond pas, elle est déjà en chemin pour préparer les chambres, je la connais par cœur.

- Chloé ?
- Oui !
- On reste dormir ici cette nuit. C'est d'accord pour toi ?
- Ouiiiiiiiiiiiiii. Elle se lève du canapé pour sauter de joie dans tous les sens.

Je sors mon portable de la poche arrière de jean,  laisse un sms à Dan le prévenant de notre absence  de la maison pour ce soir. Je n'attends pas de réponse mais quand même, surprise de remarquer que mon message n'est même pas « vu ». Je fronce les sourcils inquiète. Ce n'est pas son genre, Dan est toujours le premier à lire les nouvelles de sa fille. Bizarre, nous verrons à son retour.  Chloé s'est calmée, mais me fait les yeux de merlans fris qui veut dire qu'elle souhaite quelque chose.

- Ka ! J'ai faim.

Zut. La pauvre nous avons pris un gros goûter tardif mais depuis le cours,  rien. Mon père se marre.

- Ne t'inquiète pas Chloé, il y a tout ce qu'il faut dans le frigo. Si tu comptes sur Érika pour te nourrir, bon courage.

Chloé rit en mettant la main devant la bouche. Je fais mine de me vexer. Chloé me fait un câlin avec un sourire enjôleur.

- Il n'y en a pas une pour relever l'autre, proclame mon père. Pauvre Dan, j'espère qu'il s'en sort avec vous deux.

Chloé et moi rions de connivence.

- Ne t'inquiète pas trop pour lui. Il gère parfaitement.
- On y croit. Réplique mon père.

Il sort du frigo : taboulet, restes de poulet froid,  melon, j'en profite pour fouiller le placard de cochonneries c'est ainsi que j'appelle la planque de ma mère, elle range tous les aliments « beurk » pour elle, spécialement pour les invités. Ce soir Chloé est l'invité. Je récupère un paquet de chips à la bolognaise, du bon et pure chimique. Je vois d'ici là grimace de Dan face à ce paquet, et ne peux m'empêcher de sourire. Chloé m'aide comme toujours à mettre la table c'est devenu notre petit rituel. Maman nous observe moi et la petite, un tendre sourire s'affiche sur ses lèvres.

Mon téléphone vibre, persuadée que c'est Dan, je décroche sans regarder l'identité de la personne.

- Érika ? C'est Nathalie.
- Bonjour Nathalie. Comment vas-tu ?

Le ton de sa voix est agité ce qui n'est pas dans ses habitudes.

- Ça va. J'appelle pour un coucou à Chloé. Elle n'a pas son téléphone avec elle ?

Effectivement, nous ne sommes pas rentrées à la maison après le cours.

- Désolée. J'ai rencontré mes parents à l'école de danse, nous sommes venus ici directement et nous rentrons demain.
- Super ! Je suis rassurée.

Ne comprenant pas bien pourquoi Nathalie semble soudainement soulagée, je ne pose aucune question. J'ai appris avec le temps que parfois la mère de Dan a de drôles de réactions certainement en lien avec tout ce qu'elle ressent.

- Tant mieux. Je te passe Chloé.
- Merci bien.

Au moment où j'éloigne le téléphone. Nathalie me glisse.

- Félicitations pour ta reprise dans le monde de la danse.

Je souris, cette femme est incroyable. Elle m'épatera toujours par l'exactitude de ses ressentis.

- Merci.

Je n'ai pas le temps d'en dire plus que Chloé me chipe le portable et part dans le salon pour raconter la journée à sa grand mère.

Maman approche doucement de moi pour me serrer dans ses bras.

- Je suis heureuse que tu sois de retour. Murmure t'elle.
- Merci maman.
- J'aimerais que tu te confies davantage. Nous sommes là pour toi Érika, cesse de nous ménager.

Nous savons toutes les deux que je ne veux pas peser davantage dans la vie de mes parents. Depuis toute jeune j'essaie de les soulager au maximum. Ce fut difficile avec mon grand frère, je ne supporte pas d'être moi aussi une source d'inquiétude supplémentaire. J'adore mon frère comme mes parents, mais j'ai appris depuis petite à garder mes petits soucis pour moi.

Adoptons-nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant