Adoptons-nous

34 | Et si...

Dan

La discussion que j'ai eu plus tôt dans la journée avec Jonathan m'a beaucoup apaisé. Il a trouvé les mots justes et  j'ai compris que je devais mettre une limite, je n'ai jamais osé, par peur de perdre définitivement Érika.

Me venger pour qu'Erika soit jalouse est malsain et puéril, ce n'est pas la première fois que nous jouons à ce petit jeu. Quand ce n'est pas moi qui agis ainsi c'est elle. Nous nous détruisons.Jonathan m'a rappelé qu'il était temps de mûrir et de choisir une autre approche celle de communiquer au lieu de fuir comme des adolescents.

J'entends encore mon meilleur ami me demander ce que je veux vraiment. Ma réponse est simple « elle ». Alors il est temps d'obtenir ce que je veux, tout se joue maintenant.

- Comme tu es sûre de toi, je te propose que l'on se mette ensemble maintenant. Si tu rates ton audition tu rentres à la maison, si tu réussis, tu partageras ton temps entre ta nouvelle compagnie et la maison.

Érika me fixe, les mots lui manquent et moi j'aime l'effet produit. Si elle imagine que je vais réellement la laisser s'échapper maintenant c'est mal me connaître. J'ai été conciliant jusqu'à présent maintenant c'est terminé. Je profite de son silence pour mieux la piéger.

- Il me faut une année pour mettre en place ton nouveau projet de toute façon.

J'attends sa réaction qui ne tarde pas. Les yeux écarquillés, Érika semble perturbée, je ne peux m'empêcher d'afficher un sourire de vainqueur.

- De quoi parles-tu ?

J'aime la surprendre, elle est totalement déroutée. J'ai l'impression de détenir l'avantage dans notre nouvelle relation.

- Tu veux réellement  savoir ?

Ne puis-je m'empêcher de la titiller. Je la serre davantage contre moi, ses yeux ne quittent pas les miens.

- À ton avis ?

Rale t'elle. Comme j'aime jouer avec ses nerfs je ne peux m'empêcher de prendre tout mon temps pour lui répondre.

- Tu vas encore ajouter que je contrôle tout.

Érika fronce les sourcils cherchant à comprendre ce que j'affirme et je décide de mettre fin au suspense.

- J'ai acheté un local, bien placé grâce à Christophe pour installer ta future école de danse et compagnie.

Je libère légèrement Érika pour lui laisser suffisamment d'espace, trois, deux, un...

- Attends mais je rêve !

Et voilà c'est parti, elle va me passer un savon.

- Tu as quoi ?

Je lève les yeux au ciel sachant qu'elle a très bien compris. Je répète juste pour la forme.

- J'ai acquis ton futur local de travail.
- Sans me demander mon avis ? Sans que je visite ou choisis ? Et qui te dit que j'ai envie de ça d'ailleurs ?

Je laisse Érika s'énerver. Elle n'a pas tort j'ai pris les devants sans sa participation, certainement pour la piéger et la garder près de moi. C'est égoïste j'en suis conscient mais c'est également un geste désespéré et surtout  un très bon investissement de miser sur son talent.

- Et si je refuse ? Me balance t'elle hargneuse.
- Alors je louerai le local à quelqu'un d'autre, mais ce serait dommage vu l'emplacement tu passerais à côté d'une excellente opportunité professionnelle.

Érika semble de plus en plus confuse. La voir ainsi me plaît, ce qui me réchauffe le cœur est qu'elle n'a pas rejeté ma proposition en bloc. Elle est juste surprise et déstabilisée et c'est ce qui me conforte dans ma décision.

- Je ne suis pas prête à gérer une telle affaire. Tu le sais.

Je suis satisfait de pouvoir la contrer une fois de plus.

- Tu ne géreras pas tout, j'investis en toi, j'ai bien compris qu'un tel projet te fait peur alors je décide pour toi.

Érika ne peut s'empêcher de nouveau de se rebeller et je souris.

- Tu  me piège en réalité.

- Effectivement.

Autant être franc avec elle.

- Je me projette avec toi et Chloé également, hors de question que tu arrêtes ton job, alors j'ai missionné Christophe pour rechercher ce qui pourrait te correspondre, Nina nous a aidés et nous avons trouvé. Alors j'ai investi sans t'en parler.

Érika s'éloigne de moi, elle s'agite de plus en plus. Je lui laisse le temps d'accuser le coup.

- Tu es complètement dingue. Comment as-tu ...

Érika ne finit pas sa phrase, la voir dans un tel état m'émeut. Elle arrête subitement de bouger dans tous les sens, me fixe, des larmes coulent le long de ses joues.

- Ton geste change la "donne".

Les battements de mon cœur accélèrent, la confiance que j'avais en moi jusqu'à présent, s'estompe.

- Tu fous le bordel dans mes projets.

Elle semble prête à exploser de colère. Je vois le moment où elle va refuser et je n'ai pas envie de l'entendre, mon cœur est sur le point de se briser.

- Je suis perdue. J'étais prête pour cette audition mais... vu ce que tu me proposes... je ne sais plus...

Je souhaiterais qu'Erika soit plus claire dans ses propos parce que la panique me gagne.

- Tu ne sais plus quoi ?

Je passe plusieurs fois la main sur mon visage pour me calmer.

- Je réalise que ce que tu me proposes m'intéresse bien plus que cette audition.
- Pardon ?

Ne puis-je ajouter. J'ai peur d'avoir mal compris.

- J'ai hâte de visiterr ce local. C'est possible ?
- Oui, je contacte Christophe.
- Alors appelle-le maintenant.

L'emballement d'Erika me réchauffe le cœur, je rêve de la serrer dans mes bras pour intégrer que tout ceci est bien réel.

- Avant tu réponds à ma question : sommes-nous ensemble ou non ?

Le regard pétillant d'Erika et son sourire en coin me donnent toutes les réponses.

- Oui et ton nouveau projet ne guide pas ma décision. Je suis incapable de vous quitter, Chloé et toi faîtes partie de ma vie, je vous aime. Vous êtes mon oxygène. Je ne veux plus choisir.