BloodThorn : La vengeance de Rogers [Terminée]

Chapitre 27. «Qu'ordonnez-vous ? »

[TW : 🩸​]

Léonore.

Les mouettes tournoient dans le ciel pour nous avertir de l'approche imminente d'un navire.

Lorsque mes yeux se verrouillent à nouveau à ceux de Julian, je suis consciente de la tristesse qui se lit sur mon visage. Il y a quelques semaines à peine, je pensais que ce jour serait le plus beau de tous, que je serais heureuse de rentrer chez moi à Sainte-Luce. Mais aujourd'hui, tout est différent.

J'ai été enlevée, j'ai tenté de fuir, j'ai croisé des individus tels que Rupert, Crocus, Jack, et surtout Anne et le capitaine Rogers. Je me suis battue, j'ai été mordue par un serpent, confrontée à un pirate, j'ai cotoyé la mort, j'ai été presque victime d'un viol par un prince. Mais, mieux encore, je suis tombée amoureuse. Et je pense que c'est la plus belle, mais aussi la plus terrible des choses qui me soit arrivée. Parce que lui comme moi, nous savons qu'une relation entre nous est impossible.

Sans hésitation, portée par le désir de lui exprimer mes sentiments, de lui faire mes adieux parce que je sais que j'en n'aurais pas le temps après, je m'élance vers lui en courant. Crochetant sa nuque, je m'élève sur la pointe des pieds et embrasse Julian. Le pirate répond à mon baiser en pressant ses paumes contre mon visage, sa langue dansant avec la mienne. Je m'accroche à lui, refusant de me détacher, de le perdre. La peur m'envahit et cette angoisse me fait trembler contre son corps chaud. Rogers met fin au baiser, mais je refuse, m'approche encore pour capturer une fois de plus ses lèvres.

— Nora, souffle-t-il en me repoussant avec douceur. Ça va bien se passer.

Des larmes coulent alors d'un geste du pouce, il efface les traces humides sur mes joues.

— Ne pleurez pas, cela rendra les choses encore plus difficiles.

De ses doigts, il dégage une mèche derrière mon oreille, maintenant le contact entre nos peaux et nos regards, puis il s'adresse à son équipage.

— Jack, rejoins Rupert à la prison pour emmener le Commodore de Saint-Germain avec nous. Stanley, prépare les armes avec une poignée de volontaires. Porcin, rassemble les villageois prêts à se battre à nos côtés. Ce n'est pas une obligation, mais nous aurons besoin d'aide sur la plage du port.

Des voix s'élèvent autour de nous. Les habitants de l'île réclament de voir à quoi ressemble la princesse, demande où est-ce qu'elle est – je suis.

— Elle est là ! crie une jeune femme dans l'assemblée.

Je me tourne simultanément avec le capitaine pour faire face à la rousse qui a découvert mon identité. La jalousie et la haine viennent de la pousser à révéler la vérité.

Rogers se tend à côté de moi pendant que le village me dévisage avec stupeur.

— Ce n'est... commence le capitaine.

Mais je le coupe. Je refuse qu'il porte toute cette responsabilité, qu'il déçoive sa famille de Caïbana. Alors, d'un ton assuré, je prends la parole.

— C'est vrai. Je suis la princesse Léonore Marie Séraphine de Saint-Germain.

Je scrute rapidement les visages choqués qui me fixent. Puis, c'est de la colère que je vois déborder dans leur yeux.

— Et je suis de votre côté.

— Vous mentez !

— Vous m'avez accueillie à bras ouverts, vous m'avez confié vos histoires, votre passé. Vous m'avez montré une vie faite de compromis, de choix et de partage, enchaîné-je. Vous êtes un exemple pour nous tous. Vous avez vécu l'horreur à Sainte-Luce et j'en suis profondément désolée. Je ne savais pas tout cela, j'étais naïve et aveugle.