BloodThorn : La vengeance de Rogers [Terminée]

Chapitre 35. « Jamais une beauté comme elle... »

Rogers.

Le grincement familier du navire accompagne le clapotis régulier des vagues qui cognent contre la coque du navire de pêche qui m'emmène jusqu'à l'île de Sola.

Le visage buriné des marins raconte bien des histoires de leur vie vécues en haute mer, mais aucun d'eux ne soupçonne qu'à bord se trouve un pirate aguerri qui rêve seulement de retrouver ses compagnons.

Les pêcheurs lancent leurs filets sur la surface de l'eau, qui s'étendent telles des toiles d'araignées avant de se noyer, prêts à capturer les animaux marins.

L'odeur du poisson mêlée à celle du bois usé, me rappelle mes aventures en mer à bord du BloodThorn.

Je scrute l'horizon, admire les éclats du soleil levant qui danse sur l'eau, et trace un chemin doré sur la surface.

— Hey, c'est un sacré voyage que tu fais là, me dit le capitaine en se posant à côté de moi, ses coudes sur le rebord du navire.

— Je rentre chez moi, capitaine.

— Et que faisais-tu à Sainte-Luce ?

Mes yeux restent rivés sur les couleurs chaudes qui habillent le ciel, pendant que je lui réponds.

— L'amour.

— L'amour, hein ? C'est un fardeau qui pèse parfois plus lourd qu'un sac de sable. Pourquoi n'est-elle pas avec toi ?

Je détourne le regard vers la mer agitée, cherchant mes mots.

— Les circonstances ont fait que nos chemins se sont séparés.

— L'amour c'est comme la mer, gamin. Parfois calme, parfois déchaînée. Mais il ne faut jamais avoir peur de naviguer dessus.

Le capitaine pose sa main d'une manière réconfortante sur mon épaule, puis il se dirige vers les pêcheurs pour les aider à hisser le filet débordant de poissons. Je me mêle à leurs activités, conscient que m'occuper l'esprit sera une distraction bienvenue.

Après quelques jours de traversée, nous avons finalement atteint Sola. J'ai exprimé ma gratitude envers l'équipage pour leur hospitalité et me suis dirigé vers la taverne locale. Là-bas, j'ai rapidement fait la connaissance des villageois qui m'ont informé que le navire marchand de l'île de Caïbana est prévu pour dans six jours.

Les récits se propagent comme des vagues déchaînées. Le capitaine intrépide du BloodThorn aurait été capturé par le roi de Sainte-Luce. Ils racontent également que le redoutable Rogers, impitoyable comme la mer en furie, aurait tenté d'embrocher le cœur de la princesse, craignant que nul homme ne puisse résister à son charme envoûtant.

On susurre dans les tavernes que la fille du roi, une belle créature aux longs cheveux blonds et aux yeux aussi bleus que la mer par une journée radieuse, aurait réussi à ranimer le cœur du capitaine. On dit même que, consumé par l'amour, Rogers aurait ouvert sa propre poitrine sur le pont du navire du papillon bleu, déposant son cœur entre les mains de la belle.

— Ce ne sont que des balivernes, Maximilien, renchérit un homme derrière moi, sceptique. Pourquoi tout rapporter aux femmes ?

— Parce que j'ai vu la princesse de mes propres yeux, camarade, reprend le pirate en tapant sa pinte sur la table. Et laisse-moi te dire que son teint de porcelaine est aussi lisse que celui d'une poupée, que ses cheveux sont aussi dorés que les rayons du soleil se reflétant sur la surface de l'eau et ses yeux sont aussi bleus que le ciel en été. C'est une vision qui ferait chavirer le cœur du plus stoïque des marins.