BloodThorn : La vengeance de Rogers [Terminée]

Chapitre 2 - « Cap sur Lone Wave Island ! »

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Léonore

J'ouvre mes yeux sur un plafond que je ne reconnais pas. Ma tête est lourde, douloureuse. J'ai mal au cœur, aux jambes.

Les images de la veille me reviennent : l'attaque du Papillon des mers, les morts, mon enlèvement, l'arrivée sur le BloodThorn. Mon évanouissement.

Je me redresse légèrement sur les avant-bras. Je suis sur un lit, dans une cabine. Je souffle, rassurée de ne pas être dans la pénombre et la salinité d'une prison.

Avec appréhension, je laisse naviguer mon regard dans l'espace à la forte odeur de cèdre. Je dois observer les lieux. Déterminer comment m'échapper ou avec quoi me défendre si besoin est.

Au premier coup d'œil, je remarque que l'atmosphère de la cabine est aussi sombre que l'âme de son capitaine. Je m'assieds, caresse du bout des doigts les draps qui m'enveloppent, d'un noir profond tandis que je scrute les quatre coins de la pièce, paniquée et tremblante.

Plusieurs bouquets de roses séchées, figées dans leur beauté fanée, ornent étrangement la chambre. Nichés en divers endroits, l'un surplombe fièrement une colonne en laiton gravée quand l'autre repose solennellement sur le rebord du hublot – malheureusement scellé – lui-même encadré d'une rose des vents qui laisse filtrer la faible lumière extérieure.

Mon regard dévie sur les points de lumière vacillants, sur ma gauche. Des bougies blanches brillent sur une commode décorée d'objets plus personnels, tels qu'un livre ouvert, une clé et un télescope portant l'inscription de deux lettres : JR.

Alors que j'allais me lever pour saisir la clé, un grincement me surprend. Mon cœur loupe un battement quand j'aperçois le pirate venir à ma rencontre avec un plateau qu'il fait glisser sur la couverture. Dessus, du pain, du fromage, quelques fruits secs, ainsi qu'un verre rempli d'un liquide pourpre.

— Bien dormi, trésor ?

Un frisson m'envahit lorsque le surnom dont il m'affuble passe la barrière de ses lèvres. Je suis une princesse. Comment ose-t-il se permettre de me parler ainsi ?

— Ne m'appelez pas comme ça et LAISSEZ-MOI TRANQUILLE ! hurlé-je.

Pour éviter de lui montrer toute la faiblesse qui m'habite, je relève la couverture et me cache en dessous.

Je n'ai guère le courage de l'affronter. Cet homme m'a enlevée puis emmenée sur son maudit navire. Je n'ai peut être aucun moyen de fuir, mais je ne suis pas obligée de tenir une conversation avec cette brute.

Je veux être seule.

— Oh mais, vous êtes réellement un trésor. Mon trésor.

La silhouette que je distingue à travers le drap demeure immobile. Assis avec calme alors que dans ma poitrine, les battements de mon cœur s'affolent au point de les entendre taper contre mes tempes.

— Je vous ai apporté de quoi vous rassasier. Vous devez avoir faim après toutes ces aventures, énonce-t-il en tirant le drap pour me faire sortir de ma cachette. Trésor ?

Un sourire ourle ses lèvres alors qu'il pousse un peu plus le plateau qui vient heurter ma jambe drapée.

— Je m'appelle Léonore Marie Séraphine de Saint-Germain et je n'accepterai jamais rien venant de vous ! Vous avez assassiné tout l'équipage de la frégate du roi, répliqué-je fermement.