Chapitre 29. « Je ferai ce que l'on attend de moi. »

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Léonore.

Ne plus contempler son visage est un supplice quotidien. La chaleur réconfortante de ses bras me manque, le timbre de sa voix s'efface lentement de mes souvenirs et ses caresses délicates sur ma peau ne subsistent que dans mes rêves. Alors, je me réfugie dans le sommeil, souvent et longuement, car c'est ce qui m'évite de sombrer dans le chagrin. Pourtant, mes yeux portent des cernes prononcés, ma peau prend une teinte blanchâtre et une fièvre intérieure me consume.

Aurore, ma femme de chambre, manifeste une vive inquiétude à propos de mon état. Elle soutient que j'ai contracté une maladie venant des pirates, de leur navire ou de leur île.

Peut-on considérer le mal d'amour comme un virus ?

Le roi me parle depuis déjà plusieurs minutes, mais mon esprit n'enregistre que partiellement ce qu'il dit jusqu'à ce qu'il aborde le cœur du sujet, à savoir le destin d'une femme.

— ...mariage avec le roi de Carvalac.

— Le père du prince Louis Jacob Toussaint ?

— Qui d'autre ? souffle-t-il avec impatience.

Bien entendu, on ne me laisse guère le temps de me remettre de mon enlèvement. À peine informé du décès de Louis, le roi me propose déjà une autre alternative : le remariage avec le père de mon ancien fiancé.

— C'est préférable. La reine est décédée il y a trois ans et tu prendrais sa place. Ma fille accédera au trône plus tôt que prévu, se ravit-il.

— Le roi n'a-t-il pas d'autres fils ?

— Son deuxième fils est déjà marié. Prépare-toi convenablement pour son arrivée.

Il quitte la chambre en donnant l'ordre à Aurore de m'apprêter. 

Tous les regards sont braqués sur moi

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Tous les regards sont braqués sur moi. Le roi de Carvalac, mon père, mon frère Édouard – à ma demande –, mais également deux femmes de Carvalac et deux de Sainte-Luce.

Je suis étendue sur le lit royale, vêtue d'une robe couleur émeraude, les jambes écartées, mon intimité à peine voilée par un drap blanc. Face à moi, une première femme se prépare à vérifier si ma vertu est toujours intacte.

Les yeux fixés sur le plafond, je m'efforce de repousser ce qui se déroule dans cette pièce.

Ceux qui n'hésitent pas à dénigrer les pirates, ne se rendent pas compte qu'ils sont pires car, au moins, le capitaine a sollicité mon consentement avant de me toucher, contrairement à la femme aux cheveux blancs qui enfonce ses doigts avec violence dans mon intimité pour confirmer ce que j'ai déjà répété à maintes reprises : je suis toujours vierge.

— Date de vos derniers saignements, princesse ?

— Le jour de sa libération des mains des pirates. Le linge de bord s'en souvient bien, ajoute le roi en riant.

BloodThorn : La vengeance de Rogers [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant