BloodThorn : La vengeance de Rogers [Terminée]

Chapitre 12. « Oy Ho ! Nous sommes des brigands. »

Rogers.

Mon regard dévie sur la main de Léonore qui attrape le couteau sur la table avant de le glisser habilement dans la manche de sa chemise. Une habitude chez la princesse.

Alors, quand Clark Spen me soumet sa proposition d'échange, je me dis que Léonore est assez audacieuse pour tenter une manœuvre. Cette opportunité pourrait nous offrir une chance de libérer les deux femmes et d'éliminer le capitaine. Et si je me trompe ? Ce sera le moment d'aviser.

La princesse se lève ; la déception marque ses traits. Anne ne mérite pas d'avoir la gorge tranchée seulement parce qu'elle défend l'honneur de sa sœur que ce monstre a tué sous mes yeux.

Clark relâche Anne qui amorce un pas vers moi, pendant qu'il empoigne la princesse pour l'attirer contre son torse. Il pousse ses cheveux, libère sa nuque et embrasse sa peau.

— Je vais prendre soin de toi, poupée, chuchote-t-il à proximité de son oreille.

Léonore ferme ses paupières, réprimant – sûrement – un frisson de dégoût, prend une profonde inspiration avant de me regarder, les yeux humides.

Ah ! Maudite soit cette proximité qu'il lui impose, cette audace à presser ses lèvres sur sa nuque. Je le déteste, lui qui goûte sa peau, qui touche son corps. Je me hais d'éprouver de la jalousie en cet instant.

Mon regard se dirige vers sa manche, revient à son visage et recommence. Elle capte mon message, ses yeux suivent le même chemin que le mien, libérant ainsi le couteau qui tombe dans sa paume.

Un léger sourir étire mes lèvres pour la rassurer.

Clark pense à tort que la princesse est une petite chose fragile, comme moi, au début. Mais Léonore sait se défendre, elle a de la hargne et je me sers de ça pour la sortir de cette mauvaise situation.

La blonde projette son bras en avant avec puissance et le recule brusquement. Un hurlement jaillit de la gorge du capitaine quand la lame s'enfonce dans sa jambe déjà boiteuse. Du sang s'écoule de la plaie infligée par la princesse. La douleur le force à lâcher sa prise sur la princesse. Je n'attends pas que ses acolytes réalisent ce qui se passe ; je leur balance déjà mes ordres.

— Léonore, baissez-vous !

Pour une fois – à noter – Léonore obéit et se jette au sol. Anne fait de même et la récupère. Les deux femmes se faufilent sous la table dans l'espoir de se protéger.

— Tuez-les tous ! ordonne le capitaine du Darkside en brandissant son arme.

Je fonds sur lui, nos lames s'entrecroisent dans un éclair métallique. J'enchaîne une série d'attaques pour le submerger sans lui laisser un instant de répit : je veux le fatiguer. Bien que nous soyons tous les deux blessés, ma jeunesse et ma vivacité me donnent un léger avantage. Cependant, combattre uniquement avec mon bras gauche tout en faisant abstraction de ma douleur, reste un défi.

Pendant qu'il recule pour contrer mes frappes, j'entends Léonore demander une épée à Jackson qui refuse. Lui, ainsi que d'autres membres de mon équipage sont eux aussi engagés dans l'affrontement. Fort heureusement, Clark ne possède pas son équipage au complet ici ; seuls trois gaillards l'ont accompagné. De mon côté, je n'ai guère plus de compagnons, six tout au plus.

La taverne se transforme en un champ de bataille chaotique où chacun se bat sans véritablement savoir contre qui. Même les clients, complètement saoul se joignent à notre altercation.

Nous continuons notre danse mortelle. Le fer se croise à plusieurs reprises et nous arrivons à nous infliger quelques égratignures superficielles. Ce n'est pas le moment de périr, j'ai des desseins bien plus grands à accomplir avant de passer l'arme à gauche.