Chapitre 27

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« Si tu plonges longuement ton regard dans l'abîme, l'abîme finit par ancrer son regard en toi. »

Nietzsche

Asli

Me revoilà, je retombe inébranlablement à la case départ. À cette case portant les noirceurs de mon âme. Le mal me recontamine et m'envahit. Les monstres intérieurs et extérieurs que je refoulais refond surface. Mes parts d'ombre s'accentuent et deviennent une part entière de mon identité. Je redeviens ce que j'étais autrefois, ce que j'ai renoncé par amour, un amour pour ma famille. J'accepte de redevenir cette femme.... Peut-être qu'elle sera mieux vivre que moi. Après tout, elle réussissait à faire sourire une personne. Tandis que moi, je ne cause que le malheur.

Elle a probablement raison, je suis maudite. Je n'inspire que le dégoût et la répulsion. Je ne suis qu'une petite fille portant les enfers. Je n'ai aucune part de bien. Je suis un monstre, une erreur, un pêcher. Voilà tout.

Un regard accordé dans ma direction vous fera prendre conscience à quel point mes abîmes sont si profonds. Ils le sont tellement que pour remonter à la surface, il me faudrait un miracle. L'eau est trouble et pourtant j'arrive à les voir. Je peux voir mes semblables. Ce qu'on nomme les démons. Ce qui inspire la peur, portant des cornes et jouant avec les mauvais jours. Se nourrissant de mauvaises actions, de pécher.

Je ne suis qu'une mauvaise chose. Un tissu de couleur noire. Un être de tourment. Je cause mes propres malheurs et ensuite, je m'en plein telle une innocente.

Le problème est que je ne suis pas une innocente. Je suis coupable, coupable de la mort de ma mère, coupable du rejet de ma famille, coupable du coma de mon père, coupable de la mort de cette fillette, coupable de la mort d'Yvan. Je suis une criminelle.

La rédemption ne devrait pas m'être accordée. Je ne mérite aucune clémence, aucun sourire, aucune parole de gentillesse.

Je ne mérite pas le bonheur.

Je ne le mérite pas.

Pourquoi est-ce toujours ma faute, pourquoi suis-je fautive ? Ai-je fait quelque chose de mal. Le méritais-je ? Ma présence est si néfaste que cela. Suis-je si pourrie de l'intérieur ? est-ce si difficile de m'aimer ?

J'espérai tant que cette fois-ci tout soit différent. Mais j'avais tort une fois de plus. Une fois de plus, je me suis laissé guider par mon optimisme. Un optimisme déchu

« Le positif attire le positif »

Quel terrible mensonge. Penser positif ne m'a rien apporté de bien. Bien au contraire, cela ne m'a apporté que des difficultés, des douleurs, des pertes.

Des pertes...

Une perte d'un être cher. Cette douleur, je ne la connais que trop bien. Je la vie à toute second, à tout instant. Elle me hante sans faille. Ce schéma ne cesse de se reproduire tel un cercle vicieux.

Je ne peux imaginer la douleur qu'elle ressent. Elle doit haïr le monde. Se poser mille et une questions "du pourquoi moi ?". Pourquoi moi et pas un autre ? Cette question si fâcheuse. Cette question a le don de tout remettre en question. Elle peut même changer certains points de vue.

Elle doit se sentir bien, seule, incomprise par toutes ces personnes qui l'entourent. Lui calomniant des vérités pour lui apporter du réconfort.

Tout serait plus simple si je n'existais pas. Ma famille se porterait mieux. Les morts reviendraient à la vie et les vérités poignantes seraient des douceurs pour le déni.

Le déni

Il m'a cumulé bien des avantages. Ne voyant pas le côté sombre de mes actes, j'ai pu garder la face bien haute. Mes mains bien laides étaient camouflées. Ma conscience était bien idéalisée, ne voulant qu'une chose le rendre fier. Voulant qu'il me voie, qu'il m'apporte de la tendresse et de l'affection.

Du bout des doigtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant