Chapitre 30

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"Plus une découverte est originale, plus elle semble évidente par la suite."

ARTHUR KOESTLER

VILLA BELZI

Asli

Je m'ennuie. Je n'ai rien à faire. Aujourd'hui, l'hôpital m'a donné un jour de repos, ce que je ne voulais pas. Je ne supporte pas de rester seul à la villa avec la vieille qui m'ignore. Avant, elle m'agaçait avec ces réflexions, avec ces regards de répulsion, mais maintenant, cela me peine à le dire, mais je ressentais une petite joie dans cette répulsion. Elle m'accordait de l'importance, même si cela n'était pas dans la gentillesse. J'y trouvais un réconfort minime qui me faisait espérer.

D'une petite étincelle, j'espérais que naisse un grand brasier, un brasier ardent avec le temps.

Je quitte mon canapé pour entrer dans ma salle de bain. J'actionne le robinet et passe l'eau sur mon visage. J'attrape une brosse à dent et applique la patte dentaire dessus. Une série de sifflements me traverse les oreilles. Les sifflements chantonnent le rythme d'une mélodie que j'ai déjà entendue. Je place la brosse à dent dans ma bouche et me les brosse. Mes mouvements sont circulaires et les sifflements se multiplient. Le rythme devint plus vif. Le fredonnement est aigu. Les notes me paraissent de plus en plus connues. Je rince ma bouche avec le courant d'eau. Je cherche du coin de l'œil une serviette. Trouvant enfin une serviette qui pendouille sur la vitre de la douche italienne, je m'avance pour me sécher le visage et les mains sur celle-ci. Mes mains tirent sur la serviette et un corps massif en sort. Surpris par la présence d'une personne, je pousse un cri de stupeur. Mes mains cherchent avec rapidité mon arme.

Merde, je l'ai oublié sur le canapé.

Je relève le regard et tombe sur une paire de pupilles émeraude. Mon rythme cardiaque se berce à cette vue. Mon corps se relâche et mes bras se replacent le long de mon flanc. Un sourire rassurant étire mes joues rougis par cette chaleur. Le temps est vraiment étrange en ce moment. Un jour sur deux, les températures s'opposent. Mon regard ne peut se détourner de ces cheveux humides. De fines gouttelettes tombent sur son visage, se poursuivant sur son torse. Un torse musclé et massif. Sa peau de couleur caramel me fait frissonner. Je tente de quitter cette vue, mais rien, mes yeux ne me répondent plus, beaucoup trop occupés à retracer chaque passerelle de son torse. canavar me vole la serviette des mains et l'enroule avec rapidité autour de son bassin.

Merde la honte, je n'ai même pas vu qu'il était nu. Il doit penser que je suis une perverse. Je m'empresse de me retourner, dos à lui, la gêne me fait rougir deux fois plus, je dois ressembler à une tomate bien mûre.

Un rire fuse dans la salle de bain, son rire. La honte m'empêche de dire quoi que ce soit. J'ai beaucoup trop honte.

Je sens un souffle chaud me caresser l'oreille. Un frisson me transperce le flux sanguin. Un deuxième m'achève quand il me tourne le visage à l'aide de ces doigts humides. Son contact me donne une chaleur qui me bloque la respiration.

— Pardon, je... je ne... savais pas... que... euh, dis-je en bégayant.

J'ai chaud, très chaud. Il me faut de l'air et vite, sinon je risque de faire une insolation. Je tente de me retirer de son emprise. Ces bras se resserrent et son regard me questionne.

— Où vas-tu, sorcière ?

Des centaines de réponses ce ballade dans ma tête, mais aucune ne désire y sortir. Je retente une deuxième fois de sortir de cette salle de bain, mais au vu de sa force et de son tempérament, je risque d'en baver.

— Tu ne travailles pas, lui demandé-je curieuse.

On est vendredi, il devrait travailler. Canavar ne s'autorise qu'une demi-journée de repos, le dimanche matin. Je n'ai jamais su pourquoi cette matinée et pas une autre. Tout ce que je sais, c'est qu'il se lève tôt et qu'il part rendre visite à quelqu'un.

Du bout des doigtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant