"Celui qui craint la mort perd la vie"
Proverbe roumain
1 h 40
Asli
La fine pluie s'élance sur ma peau douce. Des courants d'air emportent mes mèches rebelles. Le ciel est de couleur gris. Un gris poudre. Il gronde de colère. Il est tel que je l'espèrerai.
Mes pieds s'élancent au fond du jardin, autour de la forêt. De nombreuses gouttes hydratent ma peau. Le vent est glacial. L'air est frais.
Je vais tomber malade, j'en suis persuadé, mais je m'en moque.
D'un rire, je tourne sur moi-même telle une toupie. Mon rire se double quand des gouttes d'eau entrent dans ma bouche. Je tire la langue pour en avoir plus.
J'aime tellement les orages.
Face à toute cette fraîcheur et à toute cette eau. J'y trouve une complaisance. Les grondements des éclairs me bercent. Je trouve cette mélodie envoûtante. Elle m'apporte une certaine tranquillité.
Mes pieds nus dansent au contact de l'herbe humide. Tout en tirant la langue, mes bras s'éparpillent dans mes longs cheveux noirs pour défaire ma tresse. Ma chevelure corbeau couvre mon dos. Mon chemisier est inondé. Mon visage est tout ruisselant. Une flotte se pavane sur mes bras nus.
Un second rire s'échappe de mes poumons quand un second éclair gronde.
Je les ai toujours aimés. Je les trouve fantastiques. Je n'ai jamais vraiment su pourquoi ?
Peut-être parce que sous cette épaisse couche d'eau, ma tristesse n'est pas visible ou alors tout simplement, car les grondements des éclairs me sont destinés. Étant plus petit, je pensais que chaque éclair venait de Dieu. Je pensais qu'il était furieux contre moi et que c'était pour cela qu'il les envoyait.
Bizarrement, au lieu de me sentir coupable de sa colère envers moi, je me sentais plus légère. Plus sereine de savoir qu'il m'en voulait. Par ce que cela signifiait qu'il se préoccupait de moi.
Qu'il me voyait !
Je dansais pendant des heures. Sans m'arrêter. Je dansais sous ce torrent de pluie. Sous ce zéphyr. Sous ce grondement. Pour qu'il puisse ne voir que moi.
Tous mes membres sont apaisés. Mes mains quittent ma tignasse pour jouer avec l'eau. Mes pieds, eux, jouent encore avec l'herbe verte. Mon bassin danse au rythme du zéphyr. Mes gestes sont lents et sensuels.
De loin, on pourrait me prendre pour une folle qui essayerait de draguer un esprit.
Une lumière mi-blanche, mi-bleue jaillit du ciel. Mon corps se stoppe. Essoufflée d'avoir autant dansé. Mes jambes s'écroulent au sol. Mon dos câline la verdure. Ma tête repose sur le sol mou. Un grand sourire apparaît sur mon visage.
J'aime tellement l'orage.
— Lili, tu ne m'as pas attendu, me reproche Milan.
J'ai senti son odeur quand je me suis écroulé au sol.
— Pardonne-moi, c'était beaucoup trop tentant, justifié-je en inclinant la tête pour pouvoir l'observer.
Milan est un grand fan des orages. À chaque mauvaise météo, nous sortons ensemble pour aller danser sous la pluie. Tels des danseurs hors pair.
— Je te pardonne si tu joues avec moi à chat, indique-t-il avec amusement.
Des atomes d'eau ruissèlent sur ces joues. Ces cheveux sont trempés. Ces vêtements qui étaient de couleur gris clair sont maintenant foncés et humides.
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Du bout des doigts
RomanceOn dit souvent que le bonheur est un sentiment de renouveau. Asli est une fille qui a toujours voulu connaître le bonheur. Qui aurait cru que cela causerait sa perte. Un jour, elle perdit la seule chose qu'elle aimait plus que tout, elle perdit son...