Chapitre 34

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"La paix nourrit, le trouble consume."

Proverbe islandais

VILLA DES TRAFICS

Asli

Je n'ai jamais avoué avoir peur, mais j'ai peur, extrêmement peur. Peur de l'inconnu, peur du nouveau, peur de l'Homme. Cette peur que je cache depuis toujours submerge peu à peu de l'eau. Les jours passent et cette peur me névrose. Elle me consume.

Mais aujourd'hui, tout est différent, je n'ai plus peur d'elle. Je n'ai plus rien à craindre d'elle puisque mon fidèle compagnon me protège, le bonheur.

Je ne baisserai plus la tête par crainte qu'elle puisse un jour m'atteindre. Le bonheur m'a fait prendre conscience que l'inconnue finira toujours par être dévoilée. La nouveauté finira par être ancienne et l'Homme finira par mourir.

D'un pas décidé, je suis du mouvement Canavar, qui ne cesse de marcher vite. Ces pas sont vifs et pointilleux. Il ne veut qu'une chose, parler avec cet homme. Ce que je veux également faire.

Il dévale les escaliers souterrains et traverse la salle de sport. Mon regard but sur une corde suspendue au plafond. Mes pas se faiblissent et mon attention est dédiée entièrement à ce bout de corde. Une corde qui me relie et me reliera toujours à lui.

Il est mon père, après tout. Je ne pourrai jamais l'oublier. Il fait partie de mon identité. Je devrai lui rendre visite.

Je puise dans mes poumons et rejette un goulet d'air. Mes mouvements se suivent et j'entre dans la salle des tortures. Une salle que je ne connais que trop bien. J'ai passé les trois quarts de mon adolescence dans cette pièce.

Les murs n'ont pas changé, toujours aussi salles et mal isolés. L'humidité des murs me fait frissonner. Mes dents claquent, mais je l'ai stoppe en mordant ma langue. Des taches de sang me percute la vue, elles se sont imprimées sur les murs terne de cette salle mal isolée.

Cette salle des tortures porte bien son nom. C'est dans cet endroit qu'on lui les passages à tabac, les violences les plus inimaginables. Ce lieu porte les âmes les plus châtiait. Il porte les non-dits. Il est un vrai cimetière d'innocents, mais aussi de coupables.

Personne n'en n'est jamais ressorti vivant, personne, mis à part moi...

— Tu restes dehors. Je ne veux pas qu'il te voie, m'ordonne Canavar sans m'accorder un regard.

Tout son être est dédié à une seule personne, l'homme enchaîné au sol. Des chaines en métal lui mobilisent ces quatre membres. Son état de santé laisse à désirer. Ces yeux sont clos, mais son corps lui ne l'est pas. Son visage est croûté de sang séché. Sa lèvre est sectionnée. Ces vêtements sont poussiéreux. Sa peau lumineuse n'est plus que maussade.

— Je reste. Je veux moi aussi savoir ce qu'il a à nous dire, rétorqué-je d'une voie catégorique.

Je souhaite savoir ce qu'ils me veulent. Ils souhaitent ma mort, c'est de moi qu'il est question. Ils ont tué Yvan et blessé ma famille. La vengeance coule dans mes veines. Je réclame des explications. Des aveux. Tout ce qui est bon pour ma conscience et celle des morts.

Ils méritaient de mourir en paix, et j'aurais beau faire, je ne leur apporterais jamais cette paix, puisqu'ils sont morts sans une indulgence. Sans une once d'explication. Ils sont morts tels des dommages collatéraux.

— Dehors, sorcière !

Son ordre ne m'atteint aucunement. Je ne lui obéirais, je suis là pour purger ma peine. Pour purger la vérité. Et personne ne m'empêchera de savoir la vérité.

Du bout des doigtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant