XXVII. Le père

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Après une dure journée d'entraînement physique intense, je n'aspire qu'à une chose : me reposer. Dol s'est décidé ce matin à me donner quelques conseils pour la cérémonie de passage, car contrairement aux autres aspirants, je n'ai aucun échos des précédentes.

Ça m'a fait du bien de me retrouver avec quelqu'un que je connais et avec qui je m'entends bien, parce que j'ai pu rigoler et oublier un peu dans quel pétrin je suis, même si c'en était le principal sujet de conversation.

J'ai par exemple découvert qu'après chaque épreuve (et il y en a entre quatre et six selon les années), les aspirants doivent obtenir tous les votes des juges pour pouvoir passer à la suivante. Les juges sont toujours les mêmes, il s'agit, bien évidemment de Cheldan, des douze responsables des quartiers, de Fenreld, de l'ancien des espions, d'Hadrien, et de Killian, qui en plus d'être le meilleur guerrier du clan, supervise ces derniers en faisant l'intermédiaire au nom du chef.

Il y a donc dix-sept voix à récolter après chaque épreuve, ce qui, je l'espère, ne va pas trop être difficile, car j'ai bien peur que certains me refusent leur vote juste parce qu'ils ne m'aiment pas...

En plein milieu du dîner, cependant, alors que je pensais enfin avoir vécu une journée simple et sans altercation, Ewyval vient me chercher pour venir immédiatement sur la place centrale.

Pas une journée tranquille, ici !

Mais je le suis sans rien dire, j'ai bien compris qu'ici il fallait suivre le courant et l'utiliser à son avantage plutôt qu'essayer de le stopper.

Sur le chemin, il me dit juste que le père de Nadesha est tout juste rentré de sa mission diplomatique, et ça me suffit pour savoir que finalement ma soirée ne va pas bien se dérouler. On s'approche de la maison de Cheldan en même temps que Debba et Hesmé, qui tient dans ses bras le petit bout de choux qui va être la personne la plus concernée mais aussi celle qui ne comprendra rien à la discussion qui va avoir lieu.

On entre tous les cinq dans la maison et on se dirige vers le bureau depuis lequel des cris de colère nous parviennent.

—Mais comment ça, vous ne m'avez pas attendu pour l'enterrer ?!

—On ne peut pas laisser un cadavre à l'air libre, Dedric, mais on t'a attendu pour la cérémonie !

On entre après que personne ne nous ait entendu toquer à la porte, Dedric étant trop occupé à traiter Cheldan de tous les noms d'oiseaux possibles et imaginables. Lorsqu'il nous voit dans le dos de Dedric, Cheldan paraît soulagé de ne plus être seul face à l'homme.

—Dedric, voilà ta fille.

Tous les regards sont désormais tournés vers le bébé, inconscient de ce qui est en train de se passer.

—Ce n'est pas ma fille.

—Pardon ?!

Il a parlé avec tellement de certitude dans la voix, que j'en suis ébranlée.

—Comment ça, ce n'est pas ta fille ? C'est bien celle de Fernande, ta compagne, non ? Alors pourquoi ?

Debba, tout comme le reste d'entre nous, paraît choquée par ses paroles. Quant à Dedric, évoquer le nom de celle qu'il a aimé semble lui faire plus d'effet que la présence de l'enfant devant lui.

—Je ne me suis mis avec Fernande que parce qu'elle voulait quelqu'un d'officiel, mais elle ne m'a jamais caché qu'elle voyait plein d'autres hommes.

—Cela n'empêche pas que Nadesha puisse être ta fille.

—Ah parce qu'en plus vous lui avez donné un nom ?! Mais non, je maintiens qu'elle n'est pas de moi. Lorsque Fernande m'a annoncé être enceinte, je n'avais pas couché avec elle depuis plusieurs mois, ça ne pouvait donc pas être moi, en aucun cas.

RefouléeWhere stories live. Discover now