XXX. Deuxième épreuve

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Durant la pause du midi, je réfléchis pendant que je mange, à ce que Cheldan m'a avoué hier soir. La deuxième épreuve se fait par équipe, et je sais comment elles sont faites, ici. Fenreld va nous désigner deux par deux pour les former, en prenant la personne la plus proche de nous. Il faut donc qu'à l'appel, je me place à côté de ceux, dont je sais que leur envie de réussir l'épreuve sera plus forte que l'envie de me faire chier. Normalement, il y a peu de monde qui m'en veut vraiment (à part Elvin et Alfie, mais de toute façon il finiront ensembles, vu qu'ils sont toujours collés l'un à l'autre), j'espère que je finirai avec une fille, c'est toujours plus simple de créer un lien, et puis le cerveau des mecs n'est clairement pas fait pour une épreuve de coopération, comme Fenreld nous l'a annoncée.

Je décide aussi après manger d'aller me changer, car mes habits sont en partie déchirés, et complètement humides. Je monte dans la chambre de Cheldan où j'ai dû, sous son insistance, amener mes vêtements et toutes mes affaires pour y vivre les quelques jours qui ont précédé la Cérémonie de Passage. 

Il n'y a personne dans la maison dû chef, et j'en profite pour prendre le temps de choisir ma tenue. J'enfile un pantalon en cuir slim, un débardeur noir en lin, et par dessus je mets l'autre veste que j'ai récupérée, un mélange de nylon et de cuir pour qu'elle soit à la fois étanche, résistance à l'usure et aux déchirures, et pour qu'elle laisse le corps respirer, tout en tenant chaud en hiver. J'enfile également un étui à pistolet à ma cuisse droite, puisque c'est ma main dirigeante, et place dedans le pistolet que Cheldan a laissé sur sa table de nuit. Au pire je le lui rendrais si le port d'armes est interdit pour cette épreuve.

Je retourne me joindre au groupe d'aspirant qui raconte aux enfants ce qu'on a fait ce matin. Tous les jeunes sont pendus à leur lèvres, et posent des questions toutes plus débiles les unes que les autres, auxquelles les aspirants, après s'être jetés entre eux un regard complice, répondent par d'encore plus grosses absurdités. C'est ainsi que j'apprends que dans les arbres, nous avons dû nous battre contre des singes qui nous lançaient des branches pour nous faire tomber, ou que nous avons dû éviter les arbres qui prenaient soudainement feu et nous barraient la route vers la fin du parcours. Les gamins sont épouvantés, et ils nous demandent si quand ils seront grands, les épreuves pour devenir guerriers seront aussi difficiles.

—Bien sûr ! Mais vous serez plus forts que nous, parce que vous aurez appris de toutes les anciennes épreuves ! Je suis sûr que vous réussirez sans soucis, et que vous deviendrez des guerriers exemplaires !

Elvin a beau être un parfait connard avec moi, je ne peux qu'avouer qu'il se montre extrêmement bienveillant avec les enfants du clan.

Je me laisse aller à cette ambiance joyeuse et décomplexée pour faire part à mes amies que je retrouve non loin de l'arène, de l'épreuve que j'ai faite ce matin. Steph et Sjiavy sont heureuses de voir que je m'en suis sortie sans mal, parce qu'apparemment, l'épreuve était censée être légèrement plus difficile.

—On a dû scier à moitié pas mal de branches, pour que ceux qui marchent dessus se fassent une grosse frayeur mais puissent tout de même se rattraper à d'autres branches à côté.

—Mais on a pas dû scier les bonnes branches, et mal estimer les potentiels parcours que les aspirants allaient prendre, parce qu'après ce que m'a dit le maître d'armes, seulement un d'entre vous est tombé à cause de nos pièges.

Ce que Steph vient de dire me fait penser à une chose.

—Mais il me semblait que deux personnes avaient été éliminées à l'issue de l'épreuve ?

—Oh, l'autre a pu tomber en glissant ou en manquant une fourche, ça peut arriver... Mais en tout cas, de la cinquantaine que nous avons sciées, une seule a été utile ! C'est dommage, parce qu'on y a passé du temps...

RefouléeWhere stories live. Discover now