XXIV. Entraînement

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Le lendemain, après l'entraînement qui m'a rendue toute fourbue et pleine de courbatures, je rejoins Hesmé et Nadesja qui m'attendent devant la maison centrale du village. On entre après s'être saluées, et je nous mène sans attendre jusqu'au bureau de Debba. La vieille femme est toute contente de nous voir arriver, et elle n'a dieu que pour la petite.

Pendant qu'elle questionne Hesmé sur sa première nuit, je repense à ce qu'il s'est passé hier dans le bureau de Cheldan, à quelques mètres à peine de là où je me trouve.

Alors que je pensais que la discussion était close et que j'allais pouvoir aller dormir, Cheldan a demandé à Kay de le laisser seul avec moi. Au début il m'a remerciée à demi-mot d'avoir préservé son honneur en gagnant le combat, puis il a vite changé le sujet de conversation. Il s'inquiétait pour ma sécurité, car ma victoire en avait énervé plus d'un.

—Je veux que tu emménages ici jusqu'à la Cérémonie de passage. Ça ne fait que quatre nuits, donc ça ne va pas poser trop de problèmes.

Ensuite bien-sûr je me suis révoltée contre lui car j'estimais que je pouvais très bien être protégée par les amies dans ma maison.

Le ton est monté, et comme à chaque fois qu'on se dispute tous les deux, seuls dans son bureau, la situation a dérapé. Je me suis retrouvée allongée sur le dos sur son bureau, sa tête entre les jambes.

C'était mon premier orgasme, et j'en ai redemandé après, telle la faible femme que je suis.

Et comme je suis faible, j'ai effectivement accepté après ça de dormir dans sa chambre pour le reste du mois, même si je suis sûre que Cheldan a profité de mon état post-orgasmique pour le convaincre.

Soudain, un cri étouffé de Debba me ramène à la réalité. Elle a les yeux fixés sur un nouveau fichier qu'elle a retiré d'une étagère derrière elle, et elle devient légèrement blême.

—Qu'est-ce qu'il y a ?

—Il ne sait pas.

J'échange un regard interloqué avec Hesmé.

—Qui ne sait pas quoi, Debba ?

Elle se redresse pour nous faire face, et laisse son attention dérivée sur Nadesja posée endormie dans mes bras.

—Son père n'est pas au courant. Il est espion et il est parti en mission il y a trois jours. Il ne devrait revenir que demain.

—En mission ? Mais Kay est encore au village. Je croyais que c'était lui qui menait les missions ?

—La plupart du temps, oui, mais pour une fois c'est Dol qui a pris le commandement de la mission, car elle ne présentait pas de risque d'affrontements.

Bon. On en apprend tous les jours, dis-donc.

—Donc il ne sait pas qu'il a une fille et que sa femme est morte.

La voix d'Hesmé tremble légèrement. Je suppose qu'elle sait mieux que moi ce que peut représenter la mort d'un proche. N'ayant eu que ma mère qui savait très bien que je partirai, et qui ne s'est donc pas trop attachée à moi, je n'ai eu personne dans la vie dont la disparition aurait pu me rendre triste. En revanche, depuis que je suis ici, je me suis attachée à plein de personnes, et cet amour qui m'entoure me permet souvent de trouver la force de me battre.

Debba hoche la tête négativement.

—Et puis pour la garde de la petite ça ne va pas aider, car il sera rarement longtemps au village. Il faudra que vous parliez tous les trois quand il sera revenu pour décider de la marche à suivre.

J'acquiesce, et après une dizaine d'autres minutes consacrées aux aides dont Hesmé pourrait avoir besoin pour allaiter et s'occuper d'un bébé en plus dans sa famille, nous ressortons de la maison. Je les raccompagne un peu avant de retourner vers le QG.

RefouléeWhere stories live. Discover now