Le soleil se couche sur le village quand je sors de la seizième maison que j'ai visitée dans la soirée.
Aucune femme dans les précédentes n'a accepté de prendre le bébé à charge le temps qu'il puisse se passer de l'allaitement.
Mais je ne désespère pas de trouver une solution. Il le faut de toute façon, je ne peux décemment pas laisser le bébé mourir...
Alors je marche quelques minutes de plus, en m'enfonçant toujours plus loin dans le quartier cinq. Il y a encore plusieurs femmes qui ont accouché dans les trois derniers mois qui se trouvent dans la rue principale du quartier.
L'infirmière de l'hôpital m'a donné la liste, et avec, la description des maisons de chacune. Elles ne sont pas forcément toutes conformes à la réalité, et à un moment j'ai même tapé à la porte des voisins de l'une d'elle parce que la fenêtre cassée avait été réparée, mais celle des voisins venait d'être brisée.
En même temps qu'elle idée de donner des descriptions sur des choses qui peuvent si facilement changer...
Je toque donc à une nouvelle porte où devrait habiter une certaine Hesmé. Elle a mis au monde son premier enfant il y a un peu moins de deux mois, et cela a été une bénédiction pour elle et son mari.
La porte s'ouvre après quelques secondes sur une jeune femme de ma taille, à la peau noire comme l'ébène, et d'une beauté époustouflante.
—Bonsoir, je peux t'aider ?
Je réitère alors mon discours que j'ai servi tout l'après-midi à chaque personne que j'ai visité, et je lui montre du menton le bébé que j'ai dans les bras.
—Durant le rassemblement de tout à l'heure une femme enceinte a été attaquée, et elle a mis au monde ce bébé juste après que l'arène ait été évacuée. Mais elle est morte en accouchant, ses blessures étaient trop importantes.
Aussitôt son visage se décompose.
—Oh bon sang... Entre, entre, je ne peux pas vous laisser tous les deux comme ça.
Je pénètre dans la bâtisse, plutôt bien entretenue, sans faire aucun commentaire sur le relatif bazar qui règne sur la table de vue. Elle est couverte d'épluchures de légumes et de cartouches d'armes.
—J'étais en train de cuisiner en attendant que mon merci n'arrive, désolée pour le désordre...
—Ce n'est rien, ne t'inquiètes pas.
Elle m'indique de m'installer sur une des trois chaises qui encerclent la table tandis que je lui raconte plus en détails ce qui s'est passé il y a quelques heures.
—Et il a un nom ce petit ange ?
C'est vrai qu'elle n'a pas de nom la petite. Mais qui est maintenant assez légitime pour lui en donner un ?
—Non, je... je ne sais pas qui doit le lui donner...
Hesmé se penche en avant pour poser sa main sur mon bras.
—Je ne vois que toi, si ce que tu me racontes est vrai, pour lui donner un nom. Tu es la seule à avoir choisi de t'en occuper, alors cet honneur devrait te revenir.
J'hésite. Non pas à quel prénom lui donner car je l'ai déjà trouvé, mais parce que je ne me sens pas légitime à nommer cette petite fille qui ne connaîtra jamais sa réelle mère.
—Tu penses vraiment que c'est à moi de le faire ?
Elle hoche vigoureusement la tête et me fait un gentil sourire pour m'encourager.
—Si tu n'as pas d'idée dis-le moi, je serai ravie de t'aider.
—Non... ça va aller. Je sais déjà comment l'appeler. Nadesja. Ça vient d'une ancienne langue et ça signifie espoir. Je pense que c'est exactement ce qu'elle représente pour nous tous aujourd'hui.
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Refoulée
FantascienzaChaque année la société rejette des jeunes qu'elle estime trop faibles pour mériter de rester en son sein. Ils sont condamnés à mourir ou a rejoindre un clan extérieur à la société. J'aurai 20 ans dans quelques semaines, et je fais partie de ces Ref...