Agacé, la main fermée en poing, Mohamed prit la direction du pont supérieur et agrippa violemment la balustrade en fixant d'un regard assassin l'horizon sombre.
Tout en se concentrant sur le bruit des vagues, le sultan poussa un juron en inspirant profondément et se concentra à nouveau sur l'horizon en se demandant combien de temps il tiendrait sans que cette chose en lui se réveille et prenne la place de celui qu'il essayait d'être.
En vain...
Faire craquer sa nuque ne l'aidait en rien à dissiper cette dangerosité qui jusqu'ici murmurait en lui, mais ne grondait pas encore.
Combien de temps tiendrait-il ?
Mohamed se posait cette question depuis qu'il l'avait monté à bord de son bateau et le comportement qu'avait eu la jeune femme plus tôt dans la soirée aiguisait un peu plus cette question.
Seulement le sultan n'eut guère le temps de prolonger sa torpeur car un bruit derrière lui attira son attention.
Ce n'était pas la jeune femme. Il le savait parce qu'il avait étudié ses pas différents et parfois hésitants à cause de sa blessure.
Ne laissant rien paraître, il se redressa en fermant sur la balustrade ses mains qui tremblaient de puissance.
Sans crier gare, il se retourna pour achever son adversaire, mais s'arrêta à une seconde avant de le toucher au visage.
Même s'il savait qui se tenait devant lui, Mohamed n'abaissa pas son poing immédiatement tandis que l'italien leva les mains en l'air en faisant mine d'être en état d'arrestation.
- Bon sang ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Comment tu m'as trouvé ?
- Bonsoir Mohamed, c'est un plaisir de te revoir, commença-t-il en prenant une voix faussement enjouée. Oh Massimo ! Ce plaisir est partagé ! Termina-t-il en faisant mine de l'imiter
Il baissa son poing sous le rire graveleux de son ami qu'il n'avait pas vu depuis plus d'un an.
- Je suis un peu tendu et je ne m'attendais pas à te voir ici.
- Moi non plus je ne m'attendais pas à me voir ici, jusqu'à ce que mes hommes m'informent de ta présence en Sicile, répondit Massimo en esquissant une moue blessée. J'aurais pensé que tu serais passé me voir et comme tu ne l'as pas fait et que tu as quitté les côtes assez rapidement je me suis dit que quelque chose se passait.
Mohamed resta de marbre devant le sourire machiavélique de l'italien.
- Comment es-tu arrivé jusqu'ici ? En scooter des mers ?
- Mieux que ça ! Mais je ne te dirais pas sinon je vais gâcher l'effet de surprise pour la prochaine fois.
Mohamed ne laissa rien paraître sur son visage, mais cet homme qui se tenait devant lui avait une part dans son histoire et sans doute la plus importante.
Après que la guerre ait été déclarée et après sa blessure au visage, Mohamed avait pris la fuite loin de son île en croyant d'abord que sa place n'était plus là-bas et qu'il ne serait pas en mesure de regagner le trône.
C'est en Sicile qu'il s'était caché pour panser ses plaies physiques et psychologiques. Et c'est au détour d'une ruelle qu'il avait fait la connaissance de cet homme au cœur froid et insensible.
Un maître régnant sur la Sicile et c'est grâce à lui que Mohamed s'était enfin trouvé.
- Je vais bien, si c'est cela que tu es venu découvrir.
VOUS LISEZ
Un mystérieux sultan
RomanceLorsqu'elle découvre le visage de celui qui est sur le point de détruire sa vie, Sienna est loin de s'attendre à faire face à un homme balafré et qui n'est autre que le Sultan Al-Rayar souverain de Rhafar, une grande île mystérieuse et solitaire sit...