Il ne lui avait pas laissé le choix et elle avait fini par monter à l'étage. Mohamed était à l'affût du moindre bruit qui provenait d'en haut. Il faisait froid, la maison était presque stérile, la décoration très pâle comme si cette maison avait été choisie dans la précipitation.
Il se maudissait jusque dans ses entrailles de l'avoir abandonné et c'était une terrible torture de devoir attendre pour la ramener avec lui.
Il devait mettre tout en œuvre pour se faire pardonner, mais ce n'était pas un homme patient, c'était un homme déterminé. Alors chaque minute passée dans cette maison froide le rendait complètement fou.
Après avoir passé quelques coups de fil extrêmement importants, Mohamed prit l'assiette qu'il avait préparée et monta à l'étage qu'il découvrait pour la première fois. Étrangement, cette partie de la maison était bien plus chaleureuse et la lumière froide de l'automne apportait un peu plus de clarté contrairement au rez-de-chaussée.
Il choisit une porte au hasard et découvrit une chambre immaculée. Une chambre dans laquelle se trouvait la jeune femme, allongée sur le lit, profondément endormie et tournée vers le petit berceau qui trônait près d'une alcôve.
Une terrible colère l'envahit et il fit au mieux pour la contrôler. Cette colère était contre lui et lui seul.
Tout son corps se crispa dans une terrible douleur alors qu'il fixait ce berceau qui signifiait qu'elle se tenait prête à accueillir cet enfant toute seule.
Que se serait-il passé s'il n'avait pas retrouvé ses souvenirs ?
Il l'imagina alors seule avec l'enfant dans cette chambre, assise sur le fauteuil à bascule, berçant le bébé en lui murmurant tout son amour alors que lui aurait continué de gérer son royaume sans se douter un seul instant de son existence.
Il ferma les yeux en expirant tout l'air bloqué dans son corps et qui l'aidait à maîtriser cette terrible rage.
Il posa l'assiette sur la commode et avança doucement vers le lit. Elle semblait épuisée et sa peau était si pâle qu'il décela sur sa joue un sillon qui indiquait qu'elle avait pleuré.
Le poids de la culpabilité était si fort, qu'il sentit ses deux poings trembler.
Il résistait encore et encore, comme une lutte sans fin alors que le guerrier impitoyable brûlait de la soulever du lit et de l'enlever encore une fois.
Hélas il se savait dans une position qui ne lui permettait pas de le faire.
Si jamais il faisait cela, il donnait raison à son frère qui lui avait interdit de l'approcher. La jeune femme ne méritait pas de vivre ça. Il ne pouvait pas l'arracher à son frère qui était sa seule famille.
Il n'avait pas affaire à une femme cupide, avide de pouvoir. Il ne pouvait rien lui reprocher, pas même d'avoir eu peur de lui avouer la vérité. Elle n'avait rien fait de mal. Elle avait juste accepté ses promesses avec l'espoir qu'elles soient réelles et lui, l'avait oublié.
Chaque seconde de chaque minute il se souvenait de chaque instant passé avec elle alors que son corps tout entier avait tenté de lui dire à sa façon qu'elle était à lui.
Mohamed s'approcha du lit en direction du côté vide et s'installa sur le rebord du matelas. La jeune femme eut un léger soubresaut. Elle se frotta les yeux et se mit sur le dos. Il s'attendait à ce qu'elle sursaute et qu'elle se redresse à la hâte pour s'éloigner de lui.
Rien.
Elle resta immobile et leva simplement son regard vers lui. Mohamed avait conscience qu'il la regardait avec une expression rembruni, mais ne parvenait pas à réprimer ses émotions sombres et gorgées de culpabilité.
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Un mystérieux sultan
RomanceLorsqu'elle découvre le visage de celui qui est sur le point de détruire sa vie, Sienna est loin de s'attendre à faire face à un homme balafré et qui n'est autre que le Sultan Al-Rayar souverain de Rhafar, une grande île mystérieuse et solitaire sit...