Un mystérieux sultan

Chapitre 24

Si jusqu'ici Sienna s'était efforcée de garder son calme, cette fois-ci la colère menaçait de poindre.

Décidée à ne pas bouger de la chambre malgré les avertissements répétés de Rania, elle s'installa au bord du lit en attendant que les minutes passent.

Avec un peu de chance le prétexte qu'elle avait trouvé suffirait à convaincre cet homme de la laisser tranquille.

Si elle se sentait un peu responsable, la plus grande part de cette situation revenait au sultan.

Il ne l'avait pas laissé parler, il avait tiré ses propres conclusions et désormais ils pensaient tous qu'elle était ici pour piéger le sultan. Sienna étouffa un rire amer et se leva pour faire les cent pas.

La porte s'ouvrit brutalement et rebondit contre le mur. Sienna se retourna dans un sursaut et fut aspirée dans une noirceur aiguisée. Elle mit un temps infini à réaliser que c'était lui qui lui faisait face de toute sa hauteur. Il était vêtu comme un guerrier impitoyable, s'est bottes de cavalier frappant le sol. Seul son regard était visible...le reste étouffé par un keffieh aussi sombre que son regard gris acier. Ses épais sourcils noirs aiguisaient la force de ces lueurs froides qui la transcendaient de part en part.

- Vous avez trente secondes pour sortir de cette chambre par vos propres moyens.

Cette menace l'avait frappé si vite qu'elle n'eut pas le temps de sentir le frisson glacé qui venait de la traverser.

- Ou alors ? Lança-t-elle en le défiant malgré la peur. J'ignore ce qu'il vous prend mais il n'est pas question que je sorte de cette chambre.

Il poussa un juron dans sa langue, le regard de plus en plus menaçant.

- Vous allez sortir d'ici mademoiselle Kendrick et me suivre pour cette excursion.

- Une excursion ? Répéta-t-elle en croisant les bras. Ça m'a plutôt l'air d'un piège.

Elle s'avança vers lui et leva le menton pour le confronter malgré l'assaut de son cœur.

- À cause de vous, à cause de vos suppositions, je suis regardée comme si j'étais une chasseuse d'or.

- C'est uniquement dans votre tête que vous êtes regardé de cette façon, gronda-t-il en se penchant légèrement vers elle.

- Vous êtes en train de dire que je suis folle ? Tout est de votre faute et j'aimerais que vous arrêtiez de me suivre partout ! Je suis là pour travailler et vous rendez ce travail compliqué !

Excédée, elle se retourna violemment pour fuir son regard orageux, mais une main ferme l'obligea à lui faire face.

- Je vous ordonne de vous calmer avant que votre comportement vous apporte de graves ennuis, la prévint-il de sa voix graveleuse.

- Peu m'importe ! Répliqua-t-elle à bout de souffle. Vous m'avez posé une question, j'ai tenté d'y répondre avant que nous soyons coupé par votre...votre...cette femme et vous en avez tiré des conclusions qui me mettent désormais dans l'embarras. Je ne veux pas aller avec vous, je veux rester ici ou même rentrer chez-moi.

- Pourquoi ? Vous fuyez quelque chose ? Quelqu'un ?

- Oui ! Cet endroit ! Vous ! Arrêtez de me regarder comme si vous alliez me tuer !

Sienna posa une main à sa bouche en reculant et stoppa sa rébellion parce qu'elle venait de se rappeler qu'elle n'était plus seule dans ce corps tout tremblant.