Automatiquement le coeur de Sienna s'emballa à une vitesse folle. Avec une lenteur délibérée elle prit le temps de se retourner parce qu'elle refusait de croire que cet homme qui allait détruire cet endroit ait pu franchir les portes de la librairie.
Poutant, lorsqu'elle se retourna totalement, Sienna découvrit le sultan Al-Rayar près de la porte, immobile, les mains enfoncées dans les poches de son pantalon noir. Dans la salle, depuis l'estrade elle l'avait trouvé imposant, mais de près cela dépassait tout ce qu'elle avait pu s'imaginer. Sa carrure était si conséquente qu'elle avait rapidement eu l'impression que la librairie avait rapetissé.
Cette paire d'yeux qu'elle avait cru noir était en réalité parsemée d'éclats gris, mais le reste de son visage qu'elle avait détaillé dans la salle restait inchangé, mais plus impressionnant.
La bouche sèche, elle essaya de se ressaisir alors que l'homme dardait sur elle un regard inquisiteur et autoritaire.
Elle devait l'admettre, il était difficile de se concentrer devant un tel homme, mais l'idée qu'il soit l'auteur de la destruction de sa vie l'aida à contourner le comptoir.
Elle marcha ensuite jusqu'à la porte en évitant au mieux de lui montrer qu'elle boitait et retourna la pancarte.
- Maintenant elle indique que c'est fermé.
En faisant demi-tour elle huma involontairement une odeur musquée aux effluves épicés qui la troubla un instant.
- Vous m'avez interrompu de manière très impolie, déclara-t-il sur un ton étrangement calme.
Une fois et seulement une fois après être repassée derrière le comptoir, Sienna releva les yeux sur lui et dévisagea les traits altiers du sultan et son regard aiguisé par d'épais sourcils noirs. Ses cheveux d'ébènes n'étaient pas très courts et la coupe faisait qu'ils caressaient dangereusement sa nuque.
Sienna détourna les yeux en peinant à contenir la rougeur qui montait sur ses joues.
- Je n'ai rien interrompu du tout, j'ai tout simplement quitté cette réunion stupide et qui ne mènera à rien, finit-elle par dire sèchement.
- Peu m'importe comment cela c'est produit, vous m'avez coupé la parole, riposta le sultan sur un ton sombre.
- Et vous, vous êtes sur le point de détruire ma vie, répliqua-t-elle en redressant la tête tout essayant d'ignorer les battements désordonnés de son cœur.
Ses lèvres prirent un pli encore plus dur et ses mâchoires tressautèrent. Son regard était si pénétrant qu'elle avait l'impression qu'il était en train de fouiller son âme.
- À qui ai-je l'honneur de parler ?
- Une habitante de ce quartier qui n'a pas envie de partir.
À l'évidence, il n'avait pas pour habitude qu'on lui tienne tête, constata Sienna en décelant dans ses yeux une lueur orageuse.
Il s'approcha et sa grandeur menaçante la troubla, si bien qu'elle recula alors que c'était inutile puisque le comptoir les séparait.
- Soyez certaine que ce n'est pas une affaire personnelle mademoiselle ?
- Eh bien moi j'en fait une affaire personnelle car il s'agit de ma vie monsieur. Vous allez détruire ma vie et je m'y refuse.
- Vous serez dédommagé.
- Il ne s'agit pas d'argent, répliqua Sienna en peinant à respirer sous le poids de son regard qui la scrutait avec intensité. Il s'agit d'une vie, de ma vie et aucune somme d'argent ne pourra me faire oublier que c'est cette vie que vous allez faire disparaître.
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Un mystérieux sultan
RomanceLorsqu'elle découvre le visage de celui qui est sur le point de détruire sa vie, Sienna est loin de s'attendre à faire face à un homme balafré et qui n'est autre que le Sultan Al-Rayar souverain de Rhafar, une grande île mystérieuse et solitaire sit...